mardi 20 juillet 2010

Ilona Massey, le charme slave








Blonde et sophistiquée, la belle chanteuse hongroise Ilona Massey n’est finalement pas parvenue à inscrire de manière durable son nom dans l’histoire de l’opérette filmée. Malgré le soutien appuyé du patron de la plus prestigieuse firme hollywoodienne qui veillait tout particulièrement sur elle, la belle n’est pas parvenue à convaincre le public qui ne lui pardonnait pas de vouloir prendre la place de la populaire Jeanette Macdonald aux cotés de Nelson Eddy. Très vite, la vamp slave fut réduite aux westerns et films d’horreurs de série B.


Née en 1910 à Budapest, dans une famille très pauvre, Ilona Massey a connu une enfance misérable et avoue n’avoir goûté à la viande qu’à l’âge de 7 ans. Apprentie couturière, la jeune femme ne songe qu’à échapper à sa sordide condition : elle économise ses maigres revenus pour prendre des cours de chant et n’hésite pas à pousser la porte de l’opéra de Budapest pour obtenir n’importe quel poste : davantage intéressé par sa beauté que par sa voix, le directeur lui propose un emploi de choriste.
La publication de sa photo sur un magazine va lui apporter la gloire. Afin de progresser dans l’échelle sociale, la blonde divette épouse un noble jeune homme, contre l’avis de ses parents : une brève union qui s’achèvera par un divorce puis le suicide de l’incosolable époux. Mais la carrière d’Ilona est lancée : la nouvelle protégée du directeur de l’opéra de Vienne Ilona chante la Tosca et Aida et joue dans deux films autrichiens. Le premier d’entre eux avec le fin comédien Heinz Rühman est d’ailleurs une charmante comédie optimiste. En villégiature en Hongrie, le patron de la MGM, Louis B Mayer, venu goûter aux vertus des eaux de Karlsbad , aurait alors rencontré et remarqué la belle Ilona : les versions foisonnent sur les conditions exactes de cette entrevue : d’aucuns affirment que l’agent de l’actrice aurait envoyé sa photo au producteur, qui cherchait de nouvelles recrues pour son usine à rêve, d’autres qu’il l’aurait entendu chanter à l’opéra, rencontré à Salzbourg au château de Max Reinhardt ou enfin qu’il aurait dansé avec elle lors d’une soirée, que la bretelle de sa robe aurait glissé, dévoilant largement sa généreuse poitrine…
En tout état de cause, louis b Mayer ramena bien dans sa bagages la belle hongroise ainsi que l’actrice Hedy Kiesler, qui venait de faire scandale en se baignant nue dans le film Extase (1933) et qu’il transformera en Hedy Lamarr
, et enfin Rose Stradner(future Mme Mankiewicz). Les trois jeunes femmes furent ensuite logées dans le même appartement afin de parfaire ensemble leur anglais. Les mauvaises langues prétendent qu’elles étaient devenues la propriété privée du brave papy Louis B Mayer, très sensible aux jolies dames.
Ilona Massey remplace au pied levé Della Lind dans Rosalie une comédie musicale sont les vedettes sont le ténor Nelson Eddy et la danseuse à claquettes Eleanor Powell.
Production à très gros budget (2 millions de dollars), cette comédie romantique et féerique (qui raconte la passion d’un cadet de la West point pour une princesse voyageant incognito) éblouit encore par le nombre de ses figurants et les numéros de la danseuse. Même si elle récite phonétiquement son texte et ses chansons, la nouvelle venue bénéficie d’un accueil très favorable par la presse. Lancée comme la nouvelle Marlène Dietrich, Ilona retrouve Nelson Eddy dans balalaïka, somptueuse opérette filmée. Alors que Jeanette mac Donald que Nelson Eddy ,couple vedette de tant d’opérettes à succès, désiraient poursuivre leur carrière respective avec d’autres partenaires, le public avait du mal à les apprécier séparément (il pensait d‘ailleurs qu‘ils étaient mariés ensemble!). En dépit de sa lumineuse beauté, Ilona dans son rôle de révolutionnaire russe avait du mal à convaincre les fans de Jeanette et de Nelson : trop maniérée, trop sophistiquée (c’est un euphémisme!) et vocalement un peu limitée peut être (mais franchement, Jeanette MacDonald n‘était pas vraiment meilleure sur ce plan !), elle était incontestablement moins douée pour la comédie que son illustre rivale.
Néanmoins, il semble que le déclin rapide de la vedette hongroise soit davantage lié à sa vie sentimentale. Compagne de Sam Katz , producteur à la MGM, son infidélité et sa liaison avec l’acteur Alan Curtis qui lui coûtera son contrat avec la firme du lion.
Désormais récupérée par des studios aussi peu prestigieux que la Républic, le belle tournera pourtant dans quelques films d’honnête facture comme une bio complètement fictive mais distrayante de la vie de Schubert où elle partage l’affiche avec Alan Curtis devenu son mari, ou International lady, un film d’espionnage dans lequel elle délivre des messages secrets au travers de ses chansons (un peu comme sa concurrente Macdonald dans Cairo qui sème des signaux en morse dans ses vocalises!). Si Frankenstein rencontre le loup garou (1943) est assez sympa, on comprend bien que ce n’est pas dans ce genre de film, à la limite du ridicule, que la belle blonde va redore son statut de star.
En 1943, Ilona Massey tente sa chance à Broadway dans les Ziegfeld follies, où elle remporte un certain succès malgré quelques réserves sur ses capacités vocales. (elle y interprète notamment Zing went the strings of my heart empruntée à Judy Garland). Généreuse, elle reverse une grosse partie de ses gains à la croix rouge. Devenue citoyenne américaine, la belle fait un retour inattendu à la MGM pour remplacer son éternelle rivale Miss McDonald , dans une grande fantaisie musicale « Féerie à Mexico » dont la nubile Jane Powell est la vedette. Dans cette comédie amusante narrant les d’une toute jeune fille pour tenter de séduire un homme qui aurait largement pu être son père, voire son grand père (le pianiste José Iturbi), Ilona Massey parvient à se faire remarquer surtout par sa beauté : le technicolor lui sied à ravir et dans la séquence où elle chante Someone to love avec l’orchestre typique de Xavier Cugat elle subjugue vraiment par sa splendide allure. Mais pour quelle étrange raison l’a ton doublée pour le chant?

En 1947, Ilona retrouve Nelson Eddy dans un western musical et romantique plutôt bien fait (poste avancé). Je n’ai en revanche pas vraiment accroché à son film avec les Marx brothers (la chasse au trésor).
Dans les années 50, on verra sporadiquement la chanteuse à la télévision. Farouchement anti-communiste, l’actrice exprimera haut et fort ses convictions et sa colère, notamment après l’invasion de Budapest par l’armée rouge. Lors de la visite de krutchev aux USA, elle n’hésitera pas à demander son expulsion aux nations unies.
En1955, Ilona Massey épouse un ancien général de l’armée de l’air et sombre vite dans l’oubli.
Elle est décédée en 1974 après une longue lutte contre le cancer.