samedi 4 mars 2023
Giselle Pascal, la princesse sans couronne : Sortie de sa biographie
La biographie de Giselle Pascal, la charmante vedette des comédies musicales des années 40 évoquée dans ce blog, vient de sortir. Mon troisième livre!
Une évocation du cinéma des années 4O et de la vie d'une délicieuse comédienne dont la petite histoire a failli entrer dans la Grande.
samedi 22 septembre 2018
dimanche 24 avril 2016
Danik Patisson, l'ingénue sexy aux yeux saphir
Avec sa silhouette parfaite et ses yeux infiniment bleus, Danik Patisson figurait à la fin des années 50 parmi les plus prometteuses nouvelles étoiles du cinéma. A la fois tendre et sentimentale comme une douce ingénue, ou provocante et sexy comme Brigitte Bardot, tous les espoirs étaient alors permis à la débutante. Née en 1939 à Senlis, la petite Danielle fut élevée seule par sa mère, dans des conditions fort modestes, et loin des bancs de l’école qu’elle ne fréquenta qu’à titre très occasionnel. Pour lui donner le goût de la discipline son parrain, colonel, l’inscrit à des cours de danse classique au Châtelet qu’elle suit pendant plusieurs années. Après avoir posé très jeune pour des photos de mannequin, illustré de nombreux magazines y compris consacré à la santé, et obtenu le titre de Miss paris à un concours de beauté, la jeune fille de 14 ans, poussée par sa mère, décroche divers petits rôles à l’écran. Malgré l’opposition de son entourage et de la production, le cinéaste d’origine russe Léonide Moguy, connu autant pour des films traitant de sujets de société, que son talent pour découvrir les talents lui propose le premier rôle de son film Le long des trottoirs qui traite de la prostitution, alors que d’autres jeunes comédiennes en herbe assez connues ont été auditionnées. De ce rôle difficile de jeune orpheline, abusée par un infâme
maquereau qui le met sur le trottoir ? Danik se sort avec les honneurs. Un contrat d’exclusivité signé trop hâtivement avec des producteurs peu scrupuleux, va pourtant freiner sa carrière à peine entamée.
Enfin libérée de ce carcan, l’actrice joue
dans un bon polar de Pierre Chenal (Rafles sur la ville) avec Michel Piccoli et parvient à décrocher de petits rôles dans des productions internationales laissant présager un bel avenir. Elle joue aux côtés de Tyrone Power dans Le soleil se lève aussi, de Romy Schneider dans Jeunes filles en uniforme et d’Antonio Vilar dans une production franco-portugaise (le cousin Basile) qui pourtant ne sera pas distribuée chez nous. En 1959, elle figure aux côtés de la pulpeuse Jayne Mansfield dans La blonde et les nuits de Soho, un polar truffé de numéros musicaux et de scènes de strip-tease, dont l’un effectué par Danik. Irrésistiblement belle, elle éclipse largement dans ce passage la trop plantureuse Jayne qui essaiera de couper le plus possible la séquence de sa rivale.
Hormis L’accident un très bon thriller à l’atmosphère étouffante de Gréville, l’actrice se cantonne à des polars de série B sans grande envergure dans lesquels ses apparitions sont de plus en plus brèves et certains de ses projets tombent
à l’eau (une adaptation suédoise de l’Attaque du moulin de Zola où elle est remplacée par Harriet Andresson).
Elle tourne aussi un film avec le chanteur Sacha Distel, avec lequel elle aura une aventure. Le déclin de sa carrière à l’écran l’oriente en 1963 vers le music-hall. Sans jamais enregistrer de 45 tours, elle participe à des tournées à l’étranger aux côtés des Chaussettes noires, où elle reprend la Mamma, Nous les amoureux et d’autres succès du moment, avec sensibilité et talent. Dommage que le cinéma n’est songé à utiliser qu’à de rares occasions son expérience de danseuse ou ses atouts vocaux réels.
En 1964, elle chante dans un polar espagnol dans lequel certaines scènes déshabillées avec une doublure seront rajoutées à son insu sur certains tirages. Mariée, elle donne naissance en 1968 à une petite fille : la future Miss France et animatrice Valérie Pascale. Depuis, Danik est encore apparue occasionnellement à la télévision et surtout au théâtre dont
elle apprécie davantage la proximité avec le public et le don de soi immédiat, sans tricherie ou coupures. Gouailleuse et 100 % nature, la blonde artiste aux yeux toujours magnifiques, était restée une femme chaleureuse, fort drôle et très attachante. Victime d'un cancer contre lequel elle a lutté avec le courage d'une lionne pendant plusieurs années, elle a finalement été terrassée par la maladie en octobre 2016. Ceux qui ont la chance de l'avoir côtoyée ne pourront jamais l'oublier.
samedi 8 septembre 2012
Marie-José, la reine du tango
Avec ses refrains exotiques et sa voix perlée et mélodieuse,
Marie-José a probablement été l’une des
chanteuses françaises les plus populaires dans les années 40 et 50. Celle qui s’était
fait une spécialité du tango chanté, a souvent enregistré des chansons de
films, voire doublé vocalement certains artistes de cinéma. On a tendance à
oublier qu’elle a commencé sa carrière avant-guerre en tant que comédienne
avant de bifurquer vers la chanson.
Née en Algérie, en 1914, d’une maman espagnole et d’un papa
instituteur, Marie José a toujours adoré chanter, même si son père voyait d’un
très mauvais œil la possibilité d’une
carrière artistique. Parallèlement à des études d’infirmière, elle suit 2 ans les cours
du conservatoire à Oran. Consciente de ses limites dans le domaine lyrique,
elle reconnaîtra pourtant que ses cours lui ont amplement servi par la suite
pour placer sa voix. En 1937, la jeune femme se rend à Paris pour passer son
diplôme d’infirmière…et en profite pour essayer de concrétiser ses projets
artistiques.
Elle fait un peu de figuration dans le film Naples aux
baisers de feu dont la vedette est Tino Rossi. Grâce au soutien de Michel Simon,
acteur de génie, la jolie brunette aux yeux de braise obtient quelques rôles un
peu plus substantiels mais très secondaires dans Rappel immédiat de Léon Mathot,
un bon drame sentimental avec Mireille Balin ou Ils étaient neufs célibataires,
comédie désinvolte de Sacha Guitry. Les
deux films connaîtront un beau succès commercial.
En 1939, Marie José joue au théâtre aux côtés d’Alice Cocéa
dans la comédie Pacifique. Elle retrouve aussi son ami Michel Simon dans le
film Circonstances atténuantes, une irrésistible comédie, moult fois
rediffusées à la télé dans les années 60 et 70. Le clou du film est
probablement la java gouailleuse de Van Parys « comme de bien entendu »
que tous les protagonistes égrainent dans un café : un vrai petit bijou de
cinéma populaire d’avant-guerre ! Marie José la chante aussi partiellement
même si elle avouera plus tard détester ce morceau (il est vrai très éloigné de
son futur répertoire de chanteuse !). Marie José commence à graver des
premiers disques dès 1938, dans un style qui fait penser à la chilienne Rosita Serrano
ou à l’espagnole Imperio Argentina (dont elle reprend le célèbre Piconero).
Marie José déclarera que sa principale influence fut pourtant Joséphine Baker
et c’est vrai qu’après réflexion, on peut retrouver dans ses roucoulades
quelques petites similitudes.
En 1942, Marie José remporte un très gros succès avec le bar
de l’escadrille, une émouvante chanson qui délivrait un beau message de paix et
d’espoir en pleine occupation. Son enregistrement des « fleurs sont des
mots d’amour » du film la fausse maîtresse se vendra plus que la VO de
Danielle Darrieux. En 1943, Marie José est donc devenu une chanteuse quand elle
fait une brève apparition (dans son propre rôle) dans le chef d’œuvre de Claude
Autant Lara « Douce » (elle y chante « un peu d’amour »
devant une Odette Joyeux complètement désabusée) ou les caves du Majestic.
Après-guerre, Marie José va poursuivre avec un fort succès
sa carrière de chanteuse (on se souvient notamment de ses tangos Impossible ou
Lis moi dans la main tzigane, qui ont fait rêver toute une génération). Des airs
romantiques aux paroles parfois un peu cucul comme elle le concédait elle-même,
mais auxquelles sa voix vibrante et chaleureuse donnait toute la flamme
nécessaire.
Marie José n’a pas pour autant entièrement tourné le dos au
cinéma puisqu’elle doublera vocalement plusieurs actrices et notamment
Françoise Arnoul dans son premier l’Epave (qui fera scandale en raison d’une
scène déshabillée pour laquelle l’actrice sera également…doublée !!).Elle
chante aussi le fameux Pigalle de Georges Ulmer dans le film 56 rue Pigalle.
Afin de consacrer le plus de temps possible à sa famille et
ses trois enfants, Marie José s’éloignera des cabarets et des music halls dans
les années 50, tout en continuant à graver d’innombrables disques pour les
firmes Odéon puis Festival. Au passage, elle enregistra des succès des films Quai
des orfèvres, l’étoile de Rio, Paradis perdu, la colline des adieux, Orfeu
negro, l’étranger au paradis, les girls, la valse de l’ombre…
En dépit du grand succès du tango Si tu m’écrivais en 1961, l’arrivée
des yéyés et d’un nouveau style musical vont reléguer la chanteuse au second
plan. A la suite d’un accident vocal, elle décide de tout arrêter pour se
consacrer au doublage en français de film espagnols ! Décidemment, le
cinéma a toujours tenu une place de choix dans la vie de la chanteuse.
Grâce à Pascal Sevran, la chanteuse a fait quelques prestations télévisées dans
les années 80-90 (en play-back sur ses vieux vinyles). Décédée en 2002, elle a
laissé dans le souvenir des gens qui l’ont côtoyée l’image d’une femme pétillante, drôle et très
attachante.
jeudi 28 juin 2012
Melina Mercouri, la dernière déesse grecque
Rares furent les personnalités aussi fortes, explosives, incandescentes et impétueuses que celle de la grande artiste grecque Melina Mercouri. Elle a imposé à l’écran de la vie l’image de la femme volontaire et indépendante avec du chien et un panache rarement égalé. Femme de conviction et de liberté, elle n’a cessé de mener le combat pour la démocratie, surtout lors de la dictature des colonels. Elle s’est également imposée en tant que chanteuse, grâce à quelques mélodies composées par la fameux Manos Hadjidakis qui ont fait le tour du monde.
Mélina Mercoúri est née dans une famille de la grande bourgeoisie athénienne : son grand-père, fut un des maires les plus aimés d'Athènes, pendant plus de 30 ans et son père le plus jeune député de Grèce. Elle bénéficie des meilleurs professeurs et apprend toute jeune les langues étrangères.
Adolescente, elle s’amourache d’un comédien, à la fureur et à la grande honte de sa famille, inquiète pour la réputation de la jeune fille. En conséquence, c’est en cachette qu’elle suivra ses premiers cours de comédie.
Pour fuir le milieu familial, elle épouse à 19 ans un richissime propriétaire terrien
avec lequel elle mène une vie insouciante et tapageuse alors que la seconde guerre mondiale éclate. Pendant l’occupation, elle mène la dolce vita, avec beaucoup d’inconséquence et d’égoïsme, ce qu’elle regrettera amèrement par la suite. Elle entame une carrière de comédienne : ses talents de tragédienne sont vite distingués et reconnus. Forte de son succès, elle fonde même sa propre compagnie théâtrale, mais cette entreprise ne sera pas une réussite. En 1952, elle se rend à Paris où elle rencontre fortuitement l’auteur dramatique Marcel Achard à la terrasse d’un café : De 20 ans son ainé, il devient son amant et son mentor et la présente au microcosme intellectuel du tout- Paris. Il lui écrit sur mesure des rôles de femme dominatrice et flamboyante pour ses pièces de boulevard comme les compagnons de la Marjolaine avec Arletty ou encore le Moulin de la Galette avec Pierre Fresnay et Yvonne Printemps. Le cinéaste grec Michael Cacoyannis, futur réalisateur de Zorba le grec, lui offre son premier rôle au cinéma en 1955 dans Stella, film qui lui apporte d'emblée la notoriété. Elle y incarne une chanteuse de bouzouki femme émancipée, opposée à l’idée du mariage
Pour l’occasion, le compositeur Manos Hadjidakis, la coqueluche du Tout-Athènes, lui compose quelques mémorables chansons qu’elle interprète avec l’autorité et la séduction qu’on lui connait. On raconte que le musicien était fou amoureux de la vedette grecque : à tel point qu’il se serait tourné par la suite vers les hommes, aucune femme ne pouvant soutenir la comparaison avec Mélina ! Au festival de Cannes, Mélina est copieusement applaudie pour sa performance : elle rencontre aussi le réalisateur américain en exil Jules Dassin qui va bouleverser sa
vie ; il deviendra son mari en 1966, et le réalisateur de 8 de ses films. Dassin la met d’abord en scène dans Celui qui doit mourir, réalisé en France d’après le roman de Kazantzaki le christ recrucifié, puis la loi un mélodrame à la distribution très prestigieuse (Montand, Lollobrigida, Mastroianni), malmené par la critique mais gros succès commercial. En 1958, elle incarne une pétulante bohémienne pour Joseph Losey, un autre chassé du maccarthysme, dans un film flamboyant trouvant son inspiration dans les mélos échevelés des années 40 qui avaient fait la gloire de Margaret Lockwood. Mais de nombreuses coupures et remaniement imposés par le producteur vont beaucoup altérer le film. C’est en 1960 que Melina explose véritablement dans le chef d’œuvre de Jules Dassin Jamais le dimanche (1960), un hymne à la vie, drôle et qui lui apporte une gloire mondiale. Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes, elle est géniale dans ce personnage de prostituée du Pirée, d’un optimisme
inaltérable, qui rit chante et danse avec effusion. L’air principal du film « les enfants du Pirée », que Melina fredonne dans le film, est encore signé Hadjidakis, connaîtra un succès foudroyant et durable et sera repris dans toutes les langues (en France par Dalida notamment). Il semblerait sue le musicien voulait à l’origine que la débutante Nana Mouskouri double la vedette pour la chanson et que Melina, vexée, l’aurait très mal pris. La nouvelle star internationale va dès lors tourner des films aussi bien en Espagne, en Italie qu’à Hollywood. Elle est très applaudie dans Phèdre(1962), transposition de la fameuse tragédie grecque à l’époque actuelle. Les journalistes sous le charme ventent « sa beauté un peu marquée, son frémissement intérieur, son allure royale et sa dignité passionnée ». Mais c’est sans doute la comédie policière Topkapi (1964) de Dassin (sur le vol d’une
épée de diamant dans le musée de Topkapi) qui marqua le plus les esprits. Inventif et léger, extrêmement distrayant, le film est un régal et Melina superbe. Elle interprète des airs d’Hadjidakis, là aussi très réussis. Si la comédie policière D pour danger (1966) comporte une chanson encore plus connue (strangers in the night par Frank Sinatra), elle n’est hélas pas du même calibre. En 1967, Dassin accepte de transposer jamais le dimanche en comédie musicale à Broadway « Ilja darling », où Melina se taille encore un beau succès personnel (320 performances). C’est alors qu’éclate un coup d’état en Grèce qui installera pour 7 ans la dictature des colonels. Melina, révoltée condamne haut et fort la prise de pouvoir par les militaires. En échange, elle sera destituée de sa nationalité et obligée de s'exiler en France. Elle décide alors d’utiliser sa notoriété au service de son opposition au nouveau régime en place. Dans des tournées internationales, elle se fait dès lors le chantre de la résistance grecque à la dictature. Elle sera même faussement accusée en 1970 d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature.
En 1971, avec le soutien de son beau-fils Joe Dassin, Melina enregistre un disque de chansons en français. Dès la chute de la dictature, en 1974, Melina rentre en Grèce où elle entame une carrière politique qui l'amène à progressivement arrêter le cinéma. Elle sera successivement députée du Mouvement socialiste panhellénique pour Le Pirée en 1978 et Ministre de la Culture de 1981 à 1989 puis de 1993 jusqu'à sa mort. Melina Mercouri, a aussi été un soutien actif de François Mitterrand lors de la campagne de 1981. Elle s’allie à Jack Lang pour planifier un programme sur le patrimoine méditerranéen. On lui doit notamment l’idée de nommer chaque année une ville comme capitale culturelle européenne. Elle s'est battue notamment, mais sans succès, pour le retour des frises du Parthénon, exposées au British Museum, en lançant un appel passionné en 1983. Elle a également signé à Paris un accord avec des ministres de la culture de plusieurs pays Européens comme François Léotard pour aider le cinéma du vieux continent face à l'hégémonie du cinéma Américain (en Grèce, on visionne 70% de films américains !). Fumeuse invétérée,
Melina est décédée d’un cancer des poumons en 1994.
Véritable symbole de la Grèce et de la liberté, elle demeure une personnalité hors du commun, fière, instinctive et virulente, qui excède de loin le strict paysage cinématographique. Peut être parfois excessive, mais toujours sincère : une grande artiste à redécouvrir.
avec lequel elle mène une vie insouciante et tapageuse alors que la seconde guerre mondiale éclate. Pendant l’occupation, elle mène la dolce vita, avec beaucoup d’inconséquence et d’égoïsme, ce qu’elle regrettera amèrement par la suite. Elle entame une carrière de comédienne : ses talents de tragédienne sont vite distingués et reconnus. Forte de son succès, elle fonde même sa propre compagnie théâtrale, mais cette entreprise ne sera pas une réussite. En 1952, elle se rend à Paris où elle rencontre fortuitement l’auteur dramatique Marcel Achard à la terrasse d’un café : De 20 ans son ainé, il devient son amant et son mentor et la présente au microcosme intellectuel du tout- Paris. Il lui écrit sur mesure des rôles de femme dominatrice et flamboyante pour ses pièces de boulevard comme les compagnons de la Marjolaine avec Arletty ou encore le Moulin de la Galette avec Pierre Fresnay et Yvonne Printemps. Le cinéaste grec Michael Cacoyannis, futur réalisateur de Zorba le grec, lui offre son premier rôle au cinéma en 1955 dans Stella, film qui lui apporte d'emblée la notoriété. Elle y incarne une chanteuse de bouzouki femme émancipée, opposée à l’idée du mariage
Pour l’occasion, le compositeur Manos Hadjidakis, la coqueluche du Tout-Athènes, lui compose quelques mémorables chansons qu’elle interprète avec l’autorité et la séduction qu’on lui connait. On raconte que le musicien était fou amoureux de la vedette grecque : à tel point qu’il se serait tourné par la suite vers les hommes, aucune femme ne pouvant soutenir la comparaison avec Mélina ! Au festival de Cannes, Mélina est copieusement applaudie pour sa performance : elle rencontre aussi le réalisateur américain en exil Jules Dassin qui va bouleverser sa
vie ; il deviendra son mari en 1966, et le réalisateur de 8 de ses films. Dassin la met d’abord en scène dans Celui qui doit mourir, réalisé en France d’après le roman de Kazantzaki le christ recrucifié, puis la loi un mélodrame à la distribution très prestigieuse (Montand, Lollobrigida, Mastroianni), malmené par la critique mais gros succès commercial. En 1958, elle incarne une pétulante bohémienne pour Joseph Losey, un autre chassé du maccarthysme, dans un film flamboyant trouvant son inspiration dans les mélos échevelés des années 40 qui avaient fait la gloire de Margaret Lockwood. Mais de nombreuses coupures et remaniement imposés par le producteur vont beaucoup altérer le film. C’est en 1960 que Melina explose véritablement dans le chef d’œuvre de Jules Dassin Jamais le dimanche (1960), un hymne à la vie, drôle et qui lui apporte une gloire mondiale. Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes, elle est géniale dans ce personnage de prostituée du Pirée, d’un optimisme
inaltérable, qui rit chante et danse avec effusion. L’air principal du film « les enfants du Pirée », que Melina fredonne dans le film, est encore signé Hadjidakis, connaîtra un succès foudroyant et durable et sera repris dans toutes les langues (en France par Dalida notamment). Il semblerait sue le musicien voulait à l’origine que la débutante Nana Mouskouri double la vedette pour la chanson et que Melina, vexée, l’aurait très mal pris. La nouvelle star internationale va dès lors tourner des films aussi bien en Espagne, en Italie qu’à Hollywood. Elle est très applaudie dans Phèdre(1962), transposition de la fameuse tragédie grecque à l’époque actuelle. Les journalistes sous le charme ventent « sa beauté un peu marquée, son frémissement intérieur, son allure royale et sa dignité passionnée ». Mais c’est sans doute la comédie policière Topkapi (1964) de Dassin (sur le vol d’une
épée de diamant dans le musée de Topkapi) qui marqua le plus les esprits. Inventif et léger, extrêmement distrayant, le film est un régal et Melina superbe. Elle interprète des airs d’Hadjidakis, là aussi très réussis. Si la comédie policière D pour danger (1966) comporte une chanson encore plus connue (strangers in the night par Frank Sinatra), elle n’est hélas pas du même calibre. En 1967, Dassin accepte de transposer jamais le dimanche en comédie musicale à Broadway « Ilja darling », où Melina se taille encore un beau succès personnel (320 performances). C’est alors qu’éclate un coup d’état en Grèce qui installera pour 7 ans la dictature des colonels. Melina, révoltée condamne haut et fort la prise de pouvoir par les militaires. En échange, elle sera destituée de sa nationalité et obligée de s'exiler en France. Elle décide alors d’utiliser sa notoriété au service de son opposition au nouveau régime en place. Dans des tournées internationales, elle se fait dès lors le chantre de la résistance grecque à la dictature. Elle sera même faussement accusée en 1970 d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature.
En 1971, avec le soutien de son beau-fils Joe Dassin, Melina enregistre un disque de chansons en français. Dès la chute de la dictature, en 1974, Melina rentre en Grèce où elle entame une carrière politique qui l'amène à progressivement arrêter le cinéma. Elle sera successivement députée du Mouvement socialiste panhellénique pour Le Pirée en 1978 et Ministre de la Culture de 1981 à 1989 puis de 1993 jusqu'à sa mort. Melina Mercouri, a aussi été un soutien actif de François Mitterrand lors de la campagne de 1981. Elle s’allie à Jack Lang pour planifier un programme sur le patrimoine méditerranéen. On lui doit notamment l’idée de nommer chaque année une ville comme capitale culturelle européenne. Elle s'est battue notamment, mais sans succès, pour le retour des frises du Parthénon, exposées au British Museum, en lançant un appel passionné en 1983. Elle a également signé à Paris un accord avec des ministres de la culture de plusieurs pays Européens comme François Léotard pour aider le cinéma du vieux continent face à l'hégémonie du cinéma Américain (en Grèce, on visionne 70% de films américains !). Fumeuse invétérée,
Melina est décédée d’un cancer des poumons en 1994.
Véritable symbole de la Grèce et de la liberté, elle demeure une personnalité hors du commun, fière, instinctive et virulente, qui excède de loin le strict paysage cinématographique. Peut être parfois excessive, mais toujours sincère : une grande artiste à redécouvrir.
mardi 26 juin 2012
Jeanne Aubert, irrésistible étoile de la revue internationale
Personnalité extravagante, fantaisiste irrésistible à l’incroyable abattage, Jeanne Aubert avait plus d’une corde à son arc et ne reculait devant aucun défi. Cette jolie parisienne toute blonde à la bouche en cœur est parvenue à enflammer non seulement le public parisien mais aussi les scènes de Broadway et de Londres en se produisant dans des musicals qui ont marqué leur époque. Populaire vedette de la chanson, sa voix très haut perchée a porté au succès aussi bien de jolies sérénades que des refrains gouailleurs et coquins. Par manque de chance et de bons metteurs en scène, Jeanne Aubert a sans doute moins marqué le 7ème art, mais ce ne fut pas faute d’essayer.
Née à Paris en 1900 d’une maman "vendeuse de fleurs" et de père inconnu (plus tard, elle prétendra que son papa était un aristocrate), Jeanne Aubert aurait commencé à faire du théâtre dès l’âge de 5 ans, si l’on en croit ses dires. Après avoir suivi des cours de chant, elle se produit dans la revue Miousic en 1920. De simple girl, elle devient rapidement meneuse de revue. La même année, elle fait ses premières armes au cinéma muet dans un film considéré comme perdu. Elle se produit ensuite dans une revue de Mistinguett, au Casino de Paris.
Dès 1924, elle se produit aux midnight follies de l’hôtel métropole, le cabaret le plus en vue de Londres.
En 1925, au Concert Mayol, dans la revue Très excitante de Varna, elle entonne "Si par hasard tu vois ma tante", un air gouailleur et entrainant qui fait d’elle une grande vedette du music-hall.
Ambitieuse et déterminée, Jeanne Aubert accepte de se rendre en Amérique pour jouer dans une revue opportunément appelée Gay Paris, où la petite française doit jouer et chanter en anglais. Mais c’est surtout dans Good news de Sigmund Romberg, que Jeanne Aubert va vraiment connaître le succès (500 représentations entre 1927 et 1929 !). Certains airs de ce fameux musical sont encore connus de nos jours (on se rappelle notamment d’une très bonne version filmée « Vive l’amour » en 1947 avec June Alysson). L’artiste tente alors de ramener la formule dans ses bagages, mais la version française de ce musical, trop américain dans l’esprit peut-être, ne remportera pas le succès escompté en France.
Sur tous les fronts, Jeanne Aubert tente à nouveau sa chance au cinéma : A Paris, en 1929, elle tourne dans La possession, une réalisation de Léonce Perret (d'après la pièce d'Henri Bataille) dont la vedette est la diva italienne Francesca Bertini qui faisait son grand retour après quelques années de silence. La jolie blonde est très remarquée et le journal Cinémagazine lui promet une brillante carrière et les meilleurs espoirs.
C’est alors qu’elle rencontre Nelson Morris,le fils héritier du roi du corned beef américain, qui compte envahir le marché français : il aurait eu le coup de foudre en visionnant La possession ! Jeanne l’épouse mais ne peut se résoudre à abandonner la scène comme son mari lui demande.
Sans son consentement, elle reprend le chemin du music hall et les échotiers craignent un drame (le riche époux voulait acheter toutes les places du théâtre pour empêcher Madame de faire son show !) Cela finira par un divorce très médiatique dont on a même parlé dans les manuels de droit international (la star réclamait une pension alimentaire de 1000 dollars par semaine).
Jeanne enchaîne les revues musicales aux USA dans des spectacles signés par des noms aussi prestigieux que Rodgers & Hart, Harry Warren ou Sigmund Romberg. Dans la distribution d’un des shows figure Bob Hope, future star du cinéma américain. En Angleterre, elle récolte des critiques encore meilleures en jouant face à Dennis King dans Command performance (1933) : si le spectacle est jugé « ni très excitant, ni très amusant », on applaudit « sa voix magnifique ».
Parallèlement, elle tourne, à New York deux courts métrages musicaux de Roy Mack : le rêve de l’océan et the Mysterious Kiss.
En 1935, c’est le retour en France d’une vedette auréolée par un vrai succès américain, comme peu de ses consoeurs en ont connu. Elle n’a aucun mal à reconquérir son public français, grâce à la chanson.
C'est une petite étoile est sur toutes les lèvres de même que le tango si tu reviens également chanté par Réda Caire. La même année, Jeanne Aubert joue dans la version londonienne du musical de Cole Porter, Anything Gœs .Elle n’y fera pas sensation comme Ethel Merman aux USA . Si elle chante avec énergie « blow gabriel blow » ou « you’re the top », certains lui reprochent pourtant de mal articuler ses chansons et de ne pas du tout convenir au rôle.
Jeanne Aubert fait surtout son retour au cinéma, ou en trois ans, elle enchaîne les comédies légères et théâtrales…de médiocre qualité. Qu’il s’agisse des Epoux scandaleux de Georges Lacombe (1935),
d’une femme qui se partage de Maurice Cammage (1936), de La souris bleue (1936), avec Henry Garat, on nage dans le vaudeville.
Dans Passé à vendre de René Pujol (1935), elle incarne une ancienne femme légère qui veut publier ses mémoires, ce qui inquiète ses nombreux amants.
Si Le grand refrain (1936) est signé Robert Siodmak, cette biographie sirupeuse dont la vedette est Fernand Gravey n’a rien de remarquable hormis un passage inspiré des chorégraphies de Berkeley.
Mirages(1937), dans lequel elle joue une meneuse de revue des « Folies-Bergère » lui donne l’occasion de jouer avec des pointures aussi grandes que Michel Simon, Jean-Louis Barrault et Arletty. Le film , dans lequel Jeanne interprète 2 chansons, ne sera pas un succès pour autant et disparaîtra si vite des écrans qu’on tentera de le ressortir sous un autre titre quelques lois plus tard comme si de rien n’était ! (le film sortira en VHS dans les années 80).
En somme, Jeanne a beaucoup plus de succès en tant que chanteuse de music- hall : une divette qui déroute quand elle passe d’une romance du style « je t’aime c’est tout » au plus coquin « mon cul sur la commode ». En tous les cas, les deux chansons auront autant de succès !
En 1942, Jeanne remporte le plus gros triomphe de sa carrière au théâtre Mogador dans La Veuve joyeuse de Franz Lehar, dans une mise en scène d'Henri Varna, aux côtés de
Jacques Jansen : 63o représentations et pour beaucoup de critique la meilleure interprétation de la veuve : les éloges pleuvent : « incomparable, belle, racée, voix exquise ! ». On est alors en pleine occupation, et certains seront choqués par le faste du spectacle et les tenues éblouissantes de la vedette (n’avait-elle pas remporté un premier prix du chic à New York, en 1935 et à Londres en 1936 et 1937 ?)
Après-guerre, si l’artiste se produit encore dans les music-halls et quelques vaudevilles, son répertoire semble déjà très démodé. De toute façon, elle n’a aucun souci d’argent, car elle partage la vie du richissime Olympe II Hériot, passionné de chasse à courre. On les voit souvent ensemble au Vésinet où Jeanne Aubert possède sa résidence secondaire le Château des Tourelles (un cadeau de son amant qui sera démoli en 1991).
En 1953, Hériot décède au domicile parisien de sa maîtresse en lui lèguant 100 hectares du domaine de La Boissière, près de Rambouillet. Jeanne Aubert renoncera pourtant purement et simplement à ce legs .
En 1957, Jeanne fait un étonnant comeback au cinéma dans Sénéchal le magnifique de Jean Boyer , un Fernandel de bonne facture, souvent rediffusé à la télé, où elle donne une prestation particulièrement drôle et mémorable en femme de militaire nymphomane . Par la suite, elle paraîtra encore dans quelques films et au théâtre
Dans Après la chute d'Arthur Miller sous la direction de Luchino Visconti ! Elle trouvera son dernier rôle dans un feuilleton télévisé, Madame êtes-vous libre ? avec la speakerine Denise Fabre : là aussi, sa pétulance et son entrain font qu’on la remarque !
Richissime et extravagante, Jeanne Aubert vivait entourée d’innombrables souvenirs et d’oiseaux empaillés. Infiniment drôle et décalée,
Politiquement, la chanteuse a toujours eu une nette préférence pour la droite,. Il semble qu’avec les années, ses idées se soient radicalisées : aussi à la fin de sa vie, elle faisait partie des rares artistes du comité de soutien de Jean-Marie le Pen, le président du FN.
Jeanne Aubert est décédée en 1988, dans une maison de retraite de la région parisienne. Pour tenter de redécouvrir cette artiste très oubliée et donc une chanteuse intellectuelle comme Cora Vaucaire admirait l’éclectisme et la personnalité, il reste un double CD publié chez Marianne mélodie qui comporte notamment la version française de Solitude de Duke Ellington.
samedi 12 mai 2012
Carmen Sevilla, le plus beau sourire d'Espagne
Superbe brune à la silhouette élancée et au visage magnifique, Carmen Sevilla demeure l’une des plus grandes vedettes qu’ait connu le cinéma espagnol. De renommée internationale, elle a formé à l’écran avec le chanteur d’opérette Luis Mariano un couple légendaire qui a fait rêver toute une génération. Même si sa longue filmographie compte peu de films marquants, la belle andalouse aux grands yeux noirs a su faire preuve de beaucoup d’éclectisme et d’opportunisme en faisant évoluer son personnage de la timide vendeuse de violettes de la période franquiste à la star sensuelle et sexy des années 70.
Née en 1930 à Séville, la jolie Carmen est la fille de José Garcia Padillo, auteur de chansons et éditeur d’une revue satirique. Grâce aux encouragements de sa grand-mère et d’une amie, fille du directeur d’une académie de danse, elle suit très jeune des cours de chant et de danse au conservatoire. Elle est remarquée par Estrellita Castro, star de cinéma et chanteuse très populaire pour lequel le père de Carmen a déjà écrit quelques airs connus. La célèbre artiste l’engage comme danseuse de flamenco dans sa compagnie théâtrale.
Après avoir figuré brièvement dans un documentaire de 1944, Carmen débute à l’écran en 1947 dans Sérénade espagnole, en adoptant le pseudonyme de Sevilla, le nom de sa ville natale. Il s’agit d’un biopic sur le compositeur Albeniz. Dans son second film, Carmen partage l’affiche du célèbre chanteur Jorge Negrete, superstar au Mexique. Son triomphe fait de la jeune beauté une vedette du jour au lendemain. En 1952, elle est choisie pour donner la réplique à Georges Guétary, dans un film musical français « Plume au vent ». Une belle opportunité étant donné que le chanteur d’opérette est alors au sommet de succès, auréolé par sa participation à un Américain à Paris.
Pourtant c’est son association avec un autre ténor à la voix d’or, le concurrent direct de Guétary, qui fera la gloire de Carmen. Le couple formé à l’écran dans Violettes impériales par Luis Mariano et la timide jeune fille (que la presse rajeunit de quelques années) est touchant et fait fondre le cœur de bien des midinettes d’autant plus que les journaux brodent sur une éventuelle romance trop belle pour être vraie : Luis serait tombé fou amoureux de la belle en plein tournage et l’aurait demandé en fiançailles…des fadaises destinées à couvrir les rumeurs d’homosexualité planant autour du grand chanteur. Violettes impériales (1952) est le remake d’un film muet dans lequel Raquel Meller avait brillé autrefois.
Pour une fois, le scénario est assez solide et les chansons composées par Lopez marqueront durablement les esprits (dont l’amour est un bouquet de violettes que Carmen gravera sur disque Phillips que bien plus tard). Le film sera d’ailleurs un des plus grands succès commercial des années 50. Le couple brille ensuite à l’écran dans deux adaptations à l’écran de ses opérettes à succès (Andalousie et la belle de Cadix), de qualité plus discutable, tournées parallèlement en version espagnole et française ; Carmen y exécute quelques gracieux pas de flamenco, en faisant tournoyer ses jolis jupons pendant que Luis envoie de la voix. Extrêmement populaire des deux côtés des Pyrénées, ainsi qu’au Mexique (on remarquera d’ailleurs que sur les affiches espagnoles et mexicaines, le nom de Carmen figure au dessus de celui du ténor basque), « la fiancée de l’Espagne » tourne film sur film. Parmi ces nombreuses productions, on retiendra Cuentas de la Alhambra (1950) et le remake de la Hermana de San Sulpicio qui fut dans les années 30 un des plus gros succès d’Imperio Argentina, la star des années 30, une version plutôt sympathique en Eastmancolor de la mégère apprivoisée avec l’actrice française Claudine Dupuis (l’action a été déplacée dans l’Espagne du 16ème siècle)
ou encore l’ennuyeux Don Juan avec Fernandel en Sganarelle et un John Berry, exilé pour cause de chasse aux sorcières, derrière la caméra. La vengeance (1956) de JA Bardem avec Raf Vallone, le plus doué des réalisateurs de cette époque, sera même nominé pour l’oscar du meilleur film étranger et couronné aux festivals de Cannes et de Venise. Boudé par la critique française qui n’y voit qu’un mélodrame paysan, c’est pourtant un film engagé sur la souffrance de pauvres moissonneurs sous la dictature franquiste et un des rôles les plus forts de Carmen. Le film sera d’ailleurs interdit en Espagne. Pain, amour et Andalousie (1959) est la dernière partie de la célèbre série de pimpantes et truculentes comédies italiennes avec Gina Lollobrigida. Si certains journalistes sont sous son charme et ventent les mérites d’une « comédienne fine et sensible, danseuse typique au style éblouissant possédant grâce, paeu de velours et fraîcheur fruitée, un des plus jolis sourires du monde…. » d’autres sont plus sceptiques sur son talent et son artisterie. D’aucuns n’hésiteront pas à qualifier son film Flamenco (une co-production hispano-américaine de 1957 avec l’américain Richard Kiley) d’ordure scintillante.
En effet, les films sont jolis, souvent colorés, voire trop, mais le plus souvent totalement inoffensifs, archi-conventionnels et corsetés par le régime franquiste. Doit-on préciser que le général Franco est lui-même un fan de la vedette ? En 1961, Carmen est choisie par Nicolas Ray pour incarner Marie-Madeleine dans le Roi des Rois, superproduction hollywoodienne de la vie du Christ, d’assez bonne facture même si elle sera fort décriée par la critique. La même année, elle épouse le compositeur espagnol Augusto Alguero, qui est l’auteur de quelques énormes tubes de la variété des années 60-70 chantés notamment par Nino Bravo, Connie Francis ou Marisol mais aussi les chansons du film ‘la mégère apprivoisée’.
Tout naturellement, Carmen gravera sur disques certains de ses titres les plus fameux comme Gracias ou la gente qu’elle entonne fort joliment dans le film Crucero de verano (1963). Dans une femme de cabaret (1975), elle reprendra de façon très émouvante et convaincante le « te quiero » que son mari avait écrit à l’origine pour Nino Bravo. En 1962, Carmen rejoint ses deux collègues Paquita Rico et Lola Flores dans le balcon de la lune : une affiche réunissant les 3 vedettes féminines les plus populaires du moment. Au cours des années 60, l’actrice paraît toujours dans de sympathiques comédies musicales un brin folklorique, où elle est plus belle que jamais. En 1971, elle joue face à Charlton Heston dans une fresque historique à gros budget sur Antoine et Cléopatre. Le cinéma hollywoodien cherche un second souffle tandis que le cinéma espagnol se dégage progressivement de son carcan : les films se font beaucoup plus sexy, les actrices se dénudent, même si la qualité globale ne subit pas de nette amélioration. Les cheveux éclaircis et dégagés, le décolleté plongeant, l’ex ingénue des opérettes à l’eau de rose des années 50 n’hésite pas à aborder désormais les giallos un peu corsés (le toit de cristal en 1971) ou les comédies coquines.
Qu’il s’agisse de « Strip tease à l’anglaise », « thérapie par le nu », « il n’est pas bon de laisser un homme tout seul » ou encore « sexe ou pas sexe », ça ne vole pas bien haut, comme on peut le deviner. Parfois certaines furtives scènes de nu seront coupées et réservées pour l’exportation. En 1973, elle reprend sur disque le « paroles paroles » popularisé par Dalida avec le grand comédien Francisco Rabal. A la fin des années 70, la carrière de la vedette espagnole commence à marquer le pas, engloutie par la movida et une nouvelle génération de comédiennes. En 1985, Carmen se remarie avec Vincente Patuel, un exploitant de salles de cinéma, et quitte le monde du spectacle pour s’installer dans une ferme de l’Estrémadure, où elle s’ennuie. Aussi au début des années 90, quand une chaine privée lui propose de mener des interviews sur son antenne, elle accepte à cœur joie :, sa beauté étrangement conservée (merci la chirurgie esthétique !) mais surtout sa classe, son humour et son naturel vont lui valoir un succès immédiat : pendant 20 ans, l’ancienne star va ainsi animer des talkshows et notamment
l’émission Cinéma de quartier, sur la première chaîne espagnole, où elle reçoit des collègues d’autrefois pour discuter et chanter en toute convivialité. Depuis 2010, la star octogénaire a cessé toute activité professionnelle : elle souffrirait de la maladie d’Alzheimer, qui a déjà emporté sa mère, et vit avec ses trois chiens et deux aides-soignants dans un appartement de Madrid. Nous, on ne l’oubliera pas.
Après avoir figuré brièvement dans un documentaire de 1944, Carmen débute à l’écran en 1947 dans Sérénade espagnole, en adoptant le pseudonyme de Sevilla, le nom de sa ville natale. Il s’agit d’un biopic sur le compositeur Albeniz. Dans son second film, Carmen partage l’affiche du célèbre chanteur Jorge Negrete, superstar au Mexique. Son triomphe fait de la jeune beauté une vedette du jour au lendemain. En 1952, elle est choisie pour donner la réplique à Georges Guétary, dans un film musical français « Plume au vent ». Une belle opportunité étant donné que le chanteur d’opérette est alors au sommet de succès, auréolé par sa participation à un Américain à Paris.
Pourtant c’est son association avec un autre ténor à la voix d’or, le concurrent direct de Guétary, qui fera la gloire de Carmen. Le couple formé à l’écran dans Violettes impériales par Luis Mariano et la timide jeune fille (que la presse rajeunit de quelques années) est touchant et fait fondre le cœur de bien des midinettes d’autant plus que les journaux brodent sur une éventuelle romance trop belle pour être vraie : Luis serait tombé fou amoureux de la belle en plein tournage et l’aurait demandé en fiançailles…des fadaises destinées à couvrir les rumeurs d’homosexualité planant autour du grand chanteur. Violettes impériales (1952) est le remake d’un film muet dans lequel Raquel Meller avait brillé autrefois.
Pour une fois, le scénario est assez solide et les chansons composées par Lopez marqueront durablement les esprits (dont l’amour est un bouquet de violettes que Carmen gravera sur disque Phillips que bien plus tard). Le film sera d’ailleurs un des plus grands succès commercial des années 50. Le couple brille ensuite à l’écran dans deux adaptations à l’écran de ses opérettes à succès (Andalousie et la belle de Cadix), de qualité plus discutable, tournées parallèlement en version espagnole et française ; Carmen y exécute quelques gracieux pas de flamenco, en faisant tournoyer ses jolis jupons pendant que Luis envoie de la voix. Extrêmement populaire des deux côtés des Pyrénées, ainsi qu’au Mexique (on remarquera d’ailleurs que sur les affiches espagnoles et mexicaines, le nom de Carmen figure au dessus de celui du ténor basque), « la fiancée de l’Espagne » tourne film sur film. Parmi ces nombreuses productions, on retiendra Cuentas de la Alhambra (1950) et le remake de la Hermana de San Sulpicio qui fut dans les années 30 un des plus gros succès d’Imperio Argentina, la star des années 30, une version plutôt sympathique en Eastmancolor de la mégère apprivoisée avec l’actrice française Claudine Dupuis (l’action a été déplacée dans l’Espagne du 16ème siècle)
ou encore l’ennuyeux Don Juan avec Fernandel en Sganarelle et un John Berry, exilé pour cause de chasse aux sorcières, derrière la caméra. La vengeance (1956) de JA Bardem avec Raf Vallone, le plus doué des réalisateurs de cette époque, sera même nominé pour l’oscar du meilleur film étranger et couronné aux festivals de Cannes et de Venise. Boudé par la critique française qui n’y voit qu’un mélodrame paysan, c’est pourtant un film engagé sur la souffrance de pauvres moissonneurs sous la dictature franquiste et un des rôles les plus forts de Carmen. Le film sera d’ailleurs interdit en Espagne. Pain, amour et Andalousie (1959) est la dernière partie de la célèbre série de pimpantes et truculentes comédies italiennes avec Gina Lollobrigida. Si certains journalistes sont sous son charme et ventent les mérites d’une « comédienne fine et sensible, danseuse typique au style éblouissant possédant grâce, paeu de velours et fraîcheur fruitée, un des plus jolis sourires du monde…. » d’autres sont plus sceptiques sur son talent et son artisterie. D’aucuns n’hésiteront pas à qualifier son film Flamenco (une co-production hispano-américaine de 1957 avec l’américain Richard Kiley) d’ordure scintillante.
En effet, les films sont jolis, souvent colorés, voire trop, mais le plus souvent totalement inoffensifs, archi-conventionnels et corsetés par le régime franquiste. Doit-on préciser que le général Franco est lui-même un fan de la vedette ? En 1961, Carmen est choisie par Nicolas Ray pour incarner Marie-Madeleine dans le Roi des Rois, superproduction hollywoodienne de la vie du Christ, d’assez bonne facture même si elle sera fort décriée par la critique. La même année, elle épouse le compositeur espagnol Augusto Alguero, qui est l’auteur de quelques énormes tubes de la variété des années 60-70 chantés notamment par Nino Bravo, Connie Francis ou Marisol mais aussi les chansons du film ‘la mégère apprivoisée’.
Tout naturellement, Carmen gravera sur disques certains de ses titres les plus fameux comme Gracias ou la gente qu’elle entonne fort joliment dans le film Crucero de verano (1963). Dans une femme de cabaret (1975), elle reprendra de façon très émouvante et convaincante le « te quiero » que son mari avait écrit à l’origine pour Nino Bravo. En 1962, Carmen rejoint ses deux collègues Paquita Rico et Lola Flores dans le balcon de la lune : une affiche réunissant les 3 vedettes féminines les plus populaires du moment. Au cours des années 60, l’actrice paraît toujours dans de sympathiques comédies musicales un brin folklorique, où elle est plus belle que jamais. En 1971, elle joue face à Charlton Heston dans une fresque historique à gros budget sur Antoine et Cléopatre. Le cinéma hollywoodien cherche un second souffle tandis que le cinéma espagnol se dégage progressivement de son carcan : les films se font beaucoup plus sexy, les actrices se dénudent, même si la qualité globale ne subit pas de nette amélioration. Les cheveux éclaircis et dégagés, le décolleté plongeant, l’ex ingénue des opérettes à l’eau de rose des années 50 n’hésite pas à aborder désormais les giallos un peu corsés (le toit de cristal en 1971) ou les comédies coquines.
Qu’il s’agisse de « Strip tease à l’anglaise », « thérapie par le nu », « il n’est pas bon de laisser un homme tout seul » ou encore « sexe ou pas sexe », ça ne vole pas bien haut, comme on peut le deviner. Parfois certaines furtives scènes de nu seront coupées et réservées pour l’exportation. En 1973, elle reprend sur disque le « paroles paroles » popularisé par Dalida avec le grand comédien Francisco Rabal. A la fin des années 70, la carrière de la vedette espagnole commence à marquer le pas, engloutie par la movida et une nouvelle génération de comédiennes. En 1985, Carmen se remarie avec Vincente Patuel, un exploitant de salles de cinéma, et quitte le monde du spectacle pour s’installer dans une ferme de l’Estrémadure, où elle s’ennuie. Aussi au début des années 90, quand une chaine privée lui propose de mener des interviews sur son antenne, elle accepte à cœur joie :, sa beauté étrangement conservée (merci la chirurgie esthétique !) mais surtout sa classe, son humour et son naturel vont lui valoir un succès immédiat : pendant 20 ans, l’ancienne star va ainsi animer des talkshows et notamment
l’émission Cinéma de quartier, sur la première chaîne espagnole, où elle reçoit des collègues d’autrefois pour discuter et chanter en toute convivialité. Depuis 2010, la star octogénaire a cessé toute activité professionnelle : elle souffrirait de la maladie d’Alzheimer, qui a déjà emporté sa mère, et vit avec ses trois chiens et deux aides-soignants dans un appartement de Madrid. Nous, on ne l’oubliera pas.
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