samedi 14 mars 2009

Colette Renard, gouaille et réalisme







Les jeunes fidèles du feuilleton fleuve de France 3 « Plus belle la vie » ignorent que Colette Renard, l’interprète du personnage de Rachel, un des piliers de la série, fut à la fin des années 50 une des chanteuses françaises les plus populaires. Flash back sur la carrière d’une grande artiste, qui a réalisé un come-back aussi éclatant qu’inattendu.

Née en 1924 (hé oui, elle a près de 85 ans, ce qui parait incroyable !), Colette Renard a d'abord pris des cours de violoncelle puis galéré pendant une dizaine d’années en chantant et jouant dans différents spectacles où on ne la remarquait guère (entre autres, en 1946, elle fait de la figuration dans le film Etoile sans lumière sont les vedettes sont Edith Piaf et Yves Montand). En 1954, sa rencontre avec le chef d’orchestre Raymond Legrand (père de Michel) s’avère déterminante. Il l’accompagne en tournée et devient son troisième mari. Choisie pour incarner le personnage de la prostituée Irma la douce dans l’opérette de Marguerite Monnot (avec Michel Roux), elle triomphe et devient enfin célèbre. Ce superbe musical bourré de bonnes chansons (avec les anges, ah dis dons) sera même adapté aux USA avec Shirley MacLaine, et repris sur scène très récemment avec Clotilde Coureau (bien moins à l’aise que Colette pour la partie chantée).
En effet, la voix gouailleuse, un peu éraillée tour à tour pleine d’émotion ou de malice de Colette en fait certainement l’une des plus dignes héritières de la grande tradition des chanteuses réalistes. Damia, réputée pour sa férocité et son amertume, ne cache pas son admiration pour la nouvelle venue.

Les succès se succèdent très rapidement : un tube par 45 tours ! et Sa casquette, tais toi Marseille (celle que je préfère), zon zon zon, ça c’est d’la musique, croquemitoufle comptent parmi les plus gros succès de la fin des années 50. Colette cultive aussi son image de titi parisien, un brin vulgaire, qui a fait le triomphe d’Irma la douce (ma mère qui a eu l’occasion de la voir dans un show donné pour Europe 1 vers 1958 avec Gilbert Bécaud et Claude Goaty m’a rapporté qu’elle avait été choquée par le maquillage outré et l’allure de la chanteuse alors à l’apogée de sa gloire).

Au début des années 60, Colette est victime comme tant d’autres de la brusque désaffection du public et des médias, qui se focalisent désormais sur la nouvelle vague. Ses nouvelles chansons ne se vendent plus (sauf ses 33 tours de chansons gaillardes et grivoises qui font toujours le bonheur d’un public très averti, et ne passent pas à la radio )
Elle se tourne alors vers le théâtre (Boubourouche avec Michel Simon) et le cinéma. Si elle se contente de chanter dans Bal de nuit (1959), elle est la vedette de Business (1960), un petit film à l’ancienne avec Pierre Doris, avec petits bistrots, prostituée sympa et tous les clichés d’un certain cinéma de quartier.

Un roi sans divertissement (1963 ressorti en DVD), adaptation à l’écran d’une œuvre de Jean Giono, a infiniment plus d’intérêt. Dans ce film prenant, aux images glacées, Colette Renard tient le rôle d’une ancienne tenancière de maison close. Hélas, le film ne remportera pas le succès escompté, de même que les pieds dans le plâtre (1965) une comédie réalisée par Jacques Fabbri. Quant à l’opérette sur Jeanne d’Arc, au cirque Médrano, ce sera un fiasco.

En 1972, Colette enregistre en français les succès du film Cabaret (wilkommen) qui fera la gloire de Liza Minnelli. Après de nombreuses tournées à l’étranger (où l’on réserve un meilleur accueil à la chanson traditionnelle), Colette paraît encore sur scène dans quelques opérettes et à la télé dans « Vichy Dancing -1983 » d’après un roman de Pascal Sevran où elle tient le rôle d’une chanteuse accusée de collaboration pendant l’occupation. On la retrouve aussi dans le dernier film d’Yves Montand, IP5 réalisé par Béneix.
Lasse de l’indifférence des producteurs (personne ne l’a invitée pour la réouverture de l’Olympia alors qu’elle s’y était produite souvent entre 1958 et 1979) et de la tournure prise par sa carrière, elle finit par jeter l’éponge dans un coup de déprime.
Qui aurait donc pu penser qu’elle allait faire un retour au premier plan dans une série télé, d’autant plus que cette dernière a débuté avec un audimat désastreux. Au fil des saisons, cette série a su trouver un public nombreux et battre l’audience du journal de France2. Quant à Colette Renard, elle s’est vite imposée comme un des piliers de la série.

Bon, on pensera ce qu’on veut de cette saga méditerranéenne , mais savoir qu’une artiste si longtemps boudée par les médias et donc invisible aux yeux du public, reçoit à nouveau un important courrier d’admirateurs, ça fait plaisir
On se réjouit de ce retour de flamme pour une artiste aussi attachante et talentueuse, en espérant qu’on lui offre dans un grand film un rôle à la hauteur de son talent et de sa personnalité.

3 commentaires:

  1. je vous écrit pour vous dire malheureusement que votre voeu ne seras pas exaucer pour le film avec un role a sa hauteur. en tout cas une personne très attachante et toujours souriante à chaque apparition télévisuelle. dommage que pascal sevran n'est plus la pour donner des hommages aux artistes disparus. comme colette renard jacqueline françois renée lebas ouphillipe clay

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    1. j'ai vu Colette Renard dans la creation d'Irma la Douce,et elle était vraiment formidable. j'en garde un souvenir plein d'emotions

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  2. elle fut desservie par son caractère, qui passait pour épouvantable.

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