lundi 16 février 2009

Edith Piaf, l'âme des faubourgs









Edith Piaf (1915-1963) demeure la plus légendaire chanteuse française du 20 ème siècle. Cela mérite qu’on se penche sur sa carrière cinématographique, souvent méconnue.Après avoir mené une enfance misérable, et accompagné son père acrobate dans les rues de Paris en faisant la manche, la jeune Edith chante dans les rues, quand elle est remarquée par Louis Leplee, patron du cabaret Le Gernys, qui, bouleversé par la voix vibrante de la toute jeune interprète, la lance devant le tout paris, sous le pseudo de la Môme Piaf. C’est sous ce nom qu’elle débute dès 1936 au cinéma dans La Garçonne aux cotés de Marie Bell. Cette adaptation du roman de Marguerite, mélo fort conventionnel, ne vaut que pour les passages jugés scandaleux pour l’époque,comme ceux filmés dans le cabaret de Suzy Solidor. Dans une brève séquence, Piaf y chante une chanson sur la drogue (avec une voix assez criarde, pas encore policée) puis essaie de draguer Marie Bell




Malgré l’assassinat de son protecteur Louis Leplee, la carrière de Piaf explose grace au compositeur (et ex légionnaire) Raymond Asso qui lui compose de sublimes chansons, dont le fameux légionnaire. Reconnue par le grand public et les intellectuels (Cocteau lui écrit une courte pièce : le bel indifférent, qu’elle joue avec Paul Meurisse son compagnon du moment), Piaf obtient son premier grand rôle au cinéma dans « Montmartre sur seine », fort mauvais film avec Jean-Louis Barrault, dont on ne retiendra que les chansons (notamment un blues que Piaf chante vétue d’une robe à paillettes noire !). Etoile sans lumière (1946) de Marcel Blistène est nettement meilleur. Du moins, le scénario (annonciateur de Cahntons sous la pluie) est original : Une star du muet (Mila Parély) incapable de parler et de chanter correctement, se fait doubler pour son premier film parlant par une jeune chanteuse naîve et inconnue qui se fait berner. Piaf est à l’aise dans son rôle et encadrée par d’excellents comédiens : Serge Reggiani et Yves Montand, sa flamme du moment.

En revanche, 9 garçons un cœur (avec les Compagnons de la Chanson, découverts par Edith) est vraiment nul. Quelle bêtise que cette scène où Piaf monte au pays des rêves, une cuisse de poulet à la main ! heureusement, il y a les chansons : la vie en rose, et Sophie un beau blues bien moins connu.On retrouve Piaf dans des films musicaux à sketches destinés à mettre en valeur tous les chanteurs de variétés de l’époque, comme paris chante toujours (1951) de Pierre Montazel, où Piaf nous chante son ultra célèbre « hymne à l’amour ». Certes séquences chantées du film (comme celle de Georges Ulmer) sont assez bien filmées. Dans Boum sur Paris (1953) la distribution est encore plus brillante (Mouloudji, Trenet, Lucienne Delyle…). Piaf y chante un brûlant « je t’ai dans la peau ».



Célèbre à l’étranger, Piaf parait aussi dans un court métrage franco britannique présenté par la star des comédies musicales Dolores Gray, où elle chante ses tubes du moment.Dans « Si Versailles m’était compté » de Sacha Guitry (1954), Piaf entonne le « ça ira ».Personnellemnt, j’ai beaucoup aimé « Les amants de demain »(1958) de Marcel Blistène, son dernier film (et son seul rôle intéressant avec Etoile sans lumière ». Oui, c’est un nanar, un vrai mélo, bourré de clichés (Piaf joue le rôle d’une alcoolique, trompée et battue par son mari- le génial Armand Mestral), et d’acteurs de seconds rôles chargés de donner une vision pittoresque de la banlieue parisienne de l’époque, bref un film à l’ancienne, qui devait déjà paraître très daté quand il est sorti, mais à cause de tout ça il est particulièrement jouissif à regarder. Quand à Piaf, elle est bouleversante, et au sommet de son talent de chanteuse quand elle chante « fais comme si ».De graves ennuis de santé éloigneront Piaf des studios. Usée par les excés et la maladie, elle remplira encore l’Olympia en 1961 et 1962, avec de nouvelles chansons composées par Charles Dumont et participera, dans des conditions de santé plus que précaire, à des tournées jugées « suicidaires ». Décédée en 1963, Piaf conserve toute son aura et demeure, plus de 40 ans après la « référence » non seulement en France mais aussi à l’étranger. Evidemment son destin légendaire inspirera des comédies musiacles de part le monde ainsi que des films pas vraiment réussis (Piaf de Guy Casaril, Edith et Marcel de Lelouch) . Olivier Dahan et son interprète Marion Cotillard ont su en revanche très bien exploiter le sujet et le mythe, avec un triomphe international à la clef.


3 commentaires:

  1. Ah, que votre blog est passionnant !

    Ici, je voudrais signaler juste une petite chose : je ne suis pas sûr que Raymond Asso ait composé "Mon légionnaire" pour Edith Piaf. La création de la chanson est due à Marie Dubas, de même que "Le fanion de la légion". Marie Dubas semble avoir été un modèle pour la débutante Edith Piaf, si j'en crois certains biographes.

    (Ah, faites-vous plaisir : cherchez et écoutez "Le tango stupéfiant" de cette même Marie Dubas aux talents multiples…)

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  3. Sauf erreur, pour être exact, Raymond Asso qui était à l'époque l'amant de la Môme Piaf avait écrit ce titre pour elle. Elle l'avait mis à son répertoire dès mars 1936, mais vite abandonné. Déçu, Asso l'avait remise à Marie Dubas qui en a fait le succès que l'on sait avant que Piaf ne la reprenne en 1937. Il semble que Germaine Sablon ait également mis le titre à son répertoire à peu près en même temps que Marie Dubas.

    RépondreSupprimer