dimanche 7 juin 2009

Teresa Brewer, pétulante voix des années 50




Teresa Brewer fut une des chanteuses américaines les plus populaires pendant les années 50. Sa voix acidulée et pointue, et sa façon très malicieuse et mutine d’interpréter des chansons rythmées évoque sensiblement Helen Keane, la « boop-boop-a –doop girl, inspiratrice de Betty Boop mais préfigure aussi un créneau qu’occuperont plus tard Brenda Lee puis Emmylou Harris et Cindy Lauper.
Après avoir été un enfant prodige, comme Shirley Temple, et chanté dans de nombreux music-halls, Teresa Brewer devient célèbre en enregistrant Music, Music (1949) un fox-trot endiablé, avec une gouaille toute particulière. Durant toutes les années 50, Teresa sera abonnée aux hits parades avec des valses country comme Till I waltz again with you (plus forte vente de disques aux USA en 1953, repris chez nous par Lucienne Delyle) ou le plus souvent des « novelties », chansonnettes sautillantes, sur un rythme syncopé, qui annoncent déjà le rock’n roll. A la fin de cette décennie, elle a surtout mis à son répertoire des airs de R n’B enregistrés sur divers petits labels par des artistes blacks, en les dénaturant et les adaptant pour les rendre plus commerciaux. Pendant quelques années, ses versions (et celles de Georgia Gibbs ou Pat Boone) se vendront bien plus que les VO avant que, juste retour des choses, le public ne revienne aux vrais créateurs.

En 1953, la Paramount lance un jeu-concours en demandant au public de sélectionner la chanteuse la plus populaire du pays pour lui confier un rôle à l’écran, et naturellement Teresa parvient en tête de liste.
Elle se retrouve dès lors vedette d’un musical en technicolor et en 3 dimensions :Ah ! les belles rouquines avec Rhonda Fleming. Un musical champêtre et belle époque qui misait surtout sur la nouveauté : le cinéma en relief, et des artistes tout frais sortis des charts comme Miss Brewer ou Guy Mitchell (connu pour sa p’tite folie). Rien de spécialement mémorable dans les numéros musicaux du film. Lors des projections, des lunettes spéciales étaient distribuées aux spectateurs, mais le système était si défectueux que souvent, pour éviter un dédoublement des images, ceux-ci étaient obligés de fermer un œil. Un critique acerbe commenta qu’ils n’auraient rien perdu s’ils avaient fermé les deux. Teresa Brewer davantage intéressée par sa famille et ses enfants que par une carrière à l’écran refusera de signer un contrat de 7 ans avec la Paramount

Supplantée par Connie Francis, elle continuera néanmoins son métier, avec l’appui de son mari, président de sa maison de disque, jusque dans les années 90. En 1965, elle a enregistré un album de chansons de films avec des versions personnelles des airs de Mary Poppins, Diamants sur canapé, et même 4 garçons dans le vent. Dans les années 70 et 80, elle s’est essentiellement consacrée au jazz, et avait même fait un album avec Stéphane Grapelli, Count Basie et Duke Ellington. Elle nous a quittés en 2007, victime d'une maladie neuro-musculaire.
Une voix mutine et tonique qui a marqué les années juke-box, et qui survivra grâce à ses nombreux disques. Notamment sa dynamique version de New Orleans , tout à fait stupéfiante.

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