samedi 15 août 2009

Waltraut Haas, la jolie viennoise



Saine et souriante, naturelle, la blonde Waltraut Haas disposait des qualités idéales pour évoluer dans la production cinématographique autrichienne des années 50 : des spectacles ultra conventionnels et parfaitement inoffensifs, souvent musicaux. Dans ses gentilles comédies dramatiques couronnées de happy end ou opérettes revisitées avec une pointe d’humour, la charmante actrice a toujours fait bonne figure. Alors qu’elle confiait un jour à son ami, la star américaine Tyrone Power , qu’elle allait encore tourner dans un heimatfilm (comédie folklorique), ce dernier lui rétorqua : oui, je vois, on a un peu l’équivalent chez nous, ce sont les westerns….le hic, c’est que parmi les heimatfilm on dénombre bien peu de chefs d’œuvre….

Née en 1927 à Vienne, la jeune Waltraut a passé son enfance au château de Schönbrunn où sa mère était restauratrice. Après quelques cours de comédie, la jeune fille s’est présentée à un casting organisé par le talentueux réalisateur autrichien Willy Forst (confessions d’une pécheresse, Bel ami) qui recherchait l’actrice idéale pour jouer la fille de Christel Mardayn (qui fut connue en France sous le nom de Christiane Mardayne) : la star des années 30 aurait exigé de dénicher la comédienne qui fasse la plus jeune possible. C’est ainsi que Waltraut fut retenue. Le film « Mariandl », une comédie sentimentale sur une mère célibataire qui retrouve le papa de sa fille après 18 ans d’absence fit vibrer la corde sensible du public allemand d’après guerre et remporta un vif succès . Si Mariandl ne fut même pas distribué chez nous, la chanson principale qu’y entonne Waltraut passa sans mal les frontières. Traduite en 20 langues, elle fut chantée en France par les sœurs Etienne sous le titre « douce Yolande ».
Après être retournée sur les planches, pour parfaire son jeu de comédienne, l’actrice revint au cinéma après deux ans d’absence . Très demandée, elle enchaîna film sur film : des opérettes comme la danse du bonheur avec Johannes Heesters et des films de terroir dont les titres seuls sont de véritables invitations au voyage …en Autriche ( petit mirage sur le Wolfgangsee, Bons baisers du Wachau, tu es la rose du Wörtersee…). Bien évidemment, on peut concevoir que la jeune actrice avait envie de s’évader de ce territoire un peu limité : une opportunité incroyable se présente en 1953 : la star Errol Flynn l’engage pour tourner à ses cotés dans une biographie de Guillaume Tell dont il assure le financement. Hélas, le film ne sera jamais achevé faute de moyens, et le roi Farouk d’Égypte contacté par Flynn refusera de sauver l’entreprise. Seule une trentaine de minutes furent tournées (dont une scène figurant Waltraut les seins nus) qui doivent dormir au fond d’une cinémathèque. Un extrait de 2 minutes figure dans un documentaire sur l’acteur américain. A la même période, un projet de film en cinémascope avec Rosselini échoue également pour des raisons financières.
La déception de l’actrice est grande d’autant plus qu’elle vient aussi de se séparer d’Hugo Koblet, champion cycliste, vainqueur du tour de France 1951, qui fit rêver les jeunes filles dans les années 50 et fut surnommé le pédaleur de charme (très soucieux de son apparence, il se passait un coup de peigne avant de franchir l’arrivée!).
Parmi la kyrielle de films interprétés par Waltraut Haas lors de cette période très fertile figure une version très réussie et picaresque due l’étudiant pauvre de Werner Jacobs (1955). Par deux fois, la jolie blonde partage l’affiche avec le grand ténor Rudolf Schock, très populaire en Allemagne. La voix que j’aime (1956) , par exemple, est un film familial plein de bons sentiments (avec une petite orpheline qui fait une fugue pour retrouver son chanteur favori) , de chansons et de jolies paysages. Un cinéma de papa, tout à fait charmant dans lequel Waltraut est parfaitement à l’aise.
Sans jamais minauder, Waltraut incarne toujours des femmes équilibrées, les pieds sur terre avec toujours un brin de fantaisie : à deux rares exceptions, jamais de drame.
De l’opéra à la canzonetta, on la retrouve ensuite dans « voyage vers le bonheur » avec le chanteur de charme Teddy Reno. Du soleil à la glace, on la retrouve sur patinoire (doublée par Eva Pawlik) dans une somptueuse revue sur glace "traumrevue", genre dans lequel les allemands excellent.
En 1958, Tyrone Power qui a sympathisé avec l’actrice lors d’un gala, propose à Waltraut de jouer à ses cotés dans un film sur la vie de l’empereur Maximilien au Mexique : le décès brutal du comédien mettra fin au projet. Le rêve d’une carrière à Hollywood tombe encore en éclats.
En 1960, l’actrice autrichienne trouve son rôle le plus marquant dans l’adaptation filmée de l’opérette l’auberge du cheval blanc. Un très gros succès commercial, snobé par les critiques fort sceptiques devant ce spectacle coloré de qualité très discutable. La version française, jadis disponible en vidéo, laisse vraiment à désirer avec son vilain doublage et ses chansons presque toutes tronquées. On prendra d’avantage de plaisir à revoir l’actrice dans le remake de Mariandl, le film qui a lancé sa carrière, mais cette fois dans le rôle de la maman. Un si gros succès qu’une suite sera tournée dans la foulée avec les tubes yéyé de la jeune vedette Conny Froboess.
Avec le déclin du cinéma allemand musical, Waltraut se tourne vers le théâtre où elle continue toujours sa carrière aujourd’hui. Lors de ses tournées en Allemagne et en Autriche, celle que l’on surnomme la Doris Day autrichienne joue et chante avec son mari Erwin Strahl dans des musicals comme I do I do ou des versions théâtrales de son fameux « Mariandl ». Elle chante toujours ce fameux air dans des émissions de variétés folkloriques de la télé autrichienne, qui semblent si incongrues pour le public français! Si l’actrice déclare aimer toujours le cinéma (elle a un faible pour les comédies américaines, et notamment pretty woman), l’écriture de contes pour enfants et le théâtre comble désormais sa vie . Elle vient de jouer dans une pièce comique où elle incarne une excentrique pensionnaire d’une maison de retraite qui fait croire à ses amis qu’elle a connu dans sa jeunesse les plus grandes stars d’Hollywood.

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