mercredi 11 mars 2009

Debbie Reynolds, adorable ingénue






Grâce à sa prestation dans le célébrissime « Chantons sous la pluie », la mignonne Debbie Reynolds demeure, une des vedettes les plus populaires et des plus aimées de l’histoire de la comédie musicale hollywoodienne alors qu’elle n’a été ni une grande chanteuse, ni une grande danseuse. Elle est même à présent une des rares survivantes d’un âge d’or, et continue avec brio sa carrière sur les planches et à la télévision.
Sa personnalité vive et attachante explique très certainement la place particulière qu’elle garde dans le cœur du public.


Née en 1932 à Burbank, la jeune fille remporte un concours de beauté. La récompense est un voyage à Hollywood et un petit rôle dans un film de la Warner Bros. « Filles à papa » (1950) Il s’agit d’un musical belle époque et rétro, sans aucune originalité, dont la vedette est la pin-up June Haver. Combien la petite Debbie paraît jeune et timide dans ce tout premier rôle ! Elle fait plus bébé qu’adolescente. Toujours en crinoline, on la retrouve encore dans un film identique, mais un peu meilleur, à la MGM cette fois-ci : « les heures tendres » aux cotés de Jane Powell. Dans un passage comique, elle entonne une amusante reprise d’un vieux charleston des années 20 « Abadabada » avec Carleton Carpenter dont le succès sera surprenant : le disque 78 tours tiré du film remporte un beau succès, inhabituel pour une BO. La carrière de Debbie est lancée .
En 1952, Gene Kelly, à la recherche de l’interprète idéale pour son Chantons sous la pluie (1952) craque pour Debbie. La plus jeune vedette du studio MGM dispose du charme et de l’innocence nécessaires pour incarner la jeune ingénue mais un défaut majeur : elle ne sait pas danser. Pendant des mois, la jeune artiste va subir un entraînement intensif et suivre de nombreux cours de danse, pour pouvoir tenir le rôle (elle avouera par la suite que le travail fut aussi intense et douloureux que la naissance de ses enfants). Le moins qu’on puisse dire est qu’elle a parfaitement atteint son objectif, quand on la voit danser sur canapé, avec beaucoup d’aisance aux cotés de Donald O’Connor et Gene Kelly sur l’air de Good Morning. Dans ce film, probablement la comédie musicale la plus aimée du public, Debbie Reynolds est parfaite en douce ingénue, amoureuse d’une star de cinéma. Parmi les adorables passages de ce classique, le tendre duo « you were menat for me » avec Kelly, Fort curieusement, alors que dans le film Debbie est censée doubler la voix de la cocasse et stupide Lina Lamont (si bien incarnée par Jean Hagen), dans la réalité la voix chantée de Debbie (pas assez jolie ?)est doublée par celle de Jean Hagen !

Après ce triomphe international, la MGM confie à Debbie de nombreux rôles d’ingénues dans de petites comédies musicales sympa, mais souvent destinées à figurer en première partie de programme. Donald O’Connor, son partenaire de Chantons sous la pluie lui donne la réplique dans Cupidon photographe. C’est mignon comme tout (particulièrement les numéros dansés avec Donald ), dépourvu de prétention et très regardable, sans casser trois pattes à un canard. Un bon cran au dessus, Donnez lui une chance de Stanley Donen(1953), est une jolie réussite. Ce musical dépeignant les démêlés de trois jeunes filles convoitant le même rôle propose des numéros musicaux particulièrement originaux dans leur conception. La chorégraphie aérienne de Bob Fosse (qui incarne aussi le fiancé de Debbie) y est dans doute pour beaucoup. Le film a d’ailleurs été plusieurs fois diffusés dans la dernière séance d’Eddy Mitchell et figure parmi les petits classiques de l’âge d’or du musical. Je pense notamment au passage dansé par Debbie et Bob dans un square, qui est vraiment charmant.

On ne saurait en dire autant du pesant Athena, musical stupide où Debbie et Jane Powell sont deux sœurs végétariennes et sportives. Les chansons peu mémorables sont aussi médiocres que le scénario.
On retrouve encore les deux comédiennes dans le remake de l’opérette de Vincent Youmans « la fille de l’amiral », un musical avec des marins (1955). Beaucoup de stars figurent sur le pont du navire et plusieurs chansons qui furent même des succès chez nous comme Allelujah. Pourtant le film, tourné en Scope, n’a rien de bien palpitant, et le numéro dansé de Debbie dans une baraque foraine est sympa mais sans plus
Tout en poursuivant gentiment sa carrière à l’écran, la mignonne Debbie a la cote auprès des teenagers, et sa photo orne souvent la une des magazines de cinéma. Aussi, l’annonce de son mariage avec le tout jeune crooner Eddie Fisher (qui en 3ans vient de cumuler les tubes, notamment l’archi connu oh ! mon papa) déclenche véritable raz de marée autour du jeune couple. On les voit partout ! à l’écran aussi, dans un remake musical de Mlle et son bébé (1956) un vieux classique jadis défendu par Ginger Rogers. Le film se laisse regarder sans toutefois posséder la drôlerie du premier. Sur un plan strictement musical, Eddie Fisher se taille la part du lion et chante presque tous les refrains Il faut bien avouer qu’il chante beaucoup mieux que sa jeune épouse (qu’on avait même été obligé de doubler pour chantons sous la pluie)!
Cela dit, il faut croire qu’entre temps Debbie a fait des progrès en chant, car le 45 T qu’elle enregistre pour le film Tammy (un slow très gnangnan) va cartonner dans les hit parade en 1957
Le déclin des films musicaux oblige Debbie à se recycler dans des comédies légères sans chansons, où elle tient encore des rôles d’ingénues. Sa grande popularité lui permet aisément de passer le cap : d’ailleurs les films (pas toujours très drôles ni très réussis à mon avis) qu’elle tourne aux cotés de Glenn Ford ou Tony Curtis feront de belles recettes.

A la fin des années 50, Debbie se retrouve plongée malgré elle ( ?) dans un gros scandale médiatique : son mari Eddie Fisher (qui si l’on en croit son autobiographie avait toujours été et reste un vrai Don Juan) la trompe avec sa copine Elizabeth Taylor, incosolable depuis le décès accidentel de son mari. Pendant des mois la presse people va faire des gorges chaudes de l’événement et recueillir des interviews exclusives des différents protagonistes : Liz est dépeinte comme une vilaine voleuse de maris, et Debbie comme une femme trompée se retrouvant seule avec ses deux enfants, Carrie et Todd. Eddie va finir va abandonner le foyer conjugal pour épouser Liz (il aura par la suite bien d’autres romances avec Nathalie Delon, Gloria Lasso…)
Au final, cet excès de publicité finira par lasser le public et nuire à la carrière de la comédienne. Sa quote au box office ne profite guère de ce battage médiatique. Par la suite, les journaux prêteront à Debbie une romance avec Glenn Ford, et les mauvaises langues avec Agnes Moorehead (Andora de la sorcière bien aimée). Elle se mariera quelques autres fois, notamment avec un millionnaire, puis avec des hommes bien moins fortunés, mais très intéressés par son compte en banque.

Après un musical très quelconque « mon curé à Broadway « (tout est dans le titre !) avec un Bing Crosby un peu usé, et une prestation très remarquée dans le western la conquête de l’ouest (1962)Debbie se voit offrir le rôle de sa vie en 1964. Pour des raisons contractuelles, la MGM ne parvient pas à obtenir Shirley Mac Laine et confie à Debbie le rôle principal de Molly Brown, la reine du Colorado (1964). Ce n’est pas une petite ingénue qu’elle doit interpréter, mais une femme au caractère bien trempé, qui par son opiniâtreté par parvenir, en dépit de ses origines très modestes à gagner le haut du pavé et même à fréquenter les grands de ce monde. Elle survivra même au naufrage du Titanic. Autant dire que c’est un excellent musical, bénéficiant d’une chorégraphie exaltante, pleine de punch et d’allant. Debbie, qui ne ressemble plus à la petite mignonne de Chantons sous la pluie, est tout simplement parfaite et excellente dans le numéro musical « c’est une des notres »,où elle nous livre une gigue endiablée, qui mérite une place de choix dans les best of de l’histoire de la comédie musicale.
Par la suite, Debbie ne parviendra pas à retrouver un aussi beau rôle, et l’anéantissement total du film musical aux USA ne lui en donnera plus l’opportunité. On ne saurait trop recommander Dominique (1966), la bio romancée et édulcorée de Sœur Sourire, la religieuse belge qui remporta un succès éclair dans les hits parade mondiaux en pleine vague yéyé : c’est un monument de saccharine, dangereux pour les diabétiques (en plus, comme on l’a déjà signalé, la pauvre Sœur Sourire, après avoir quitté le couvent et composé une ode à la pilule (qui a du faire frémir quelques catholiques intégristes) allait connaître une destinée tragique que ne laisse guère soupçonner cette fadaise.

Après quelques comédies plutôt ratées, elle tente sa chance à Broadway, stimulée par le retour triomphal de Ruby Keeler sur les planches. Irene (1973), une opérette à l’ancienne avec sa vielle copine Patsy Kelly est un succès et pendant des années, Debbie va davantage se consacrer au théâtre et aux tournées.
En 1977, Carrie Fisher sa fille devient une vedette de cinéma en incarnant la princesse Leila dans la Guerre des étoiles. Cela dit, mis à part ce rôle, on ne peut pas dire qu’elle ait réussi une belle carrière à l’écran. De très gros problèmes personnels et sentimentaux vont hélas rapidement plonger la jeune actrice dans l’alcool et la drogue. Ses descentes aux enfers et ses problèmes matrimoniaux (un de ses maris la quittera pour un homme) feront la joie de la presse people, comme jadis le divorce de ses parents. Dans les années 80, pour exorciser ses démons, elle écrira un roman à clef (et à succès), basé sur son expérience personnelle. Mais dans l’adaptation cinématographique, c’est Shirley MacLaine (et non Debbie) qui tiendra la rôle de la maman star alcoolique.

Quant à Debbie, après avoir longtemps présenté un show à Las Vegas (avec des reprises des meilleurs passages de ses films musicaux), elle continue de donner des tours de chant aux USA car, comme elle l’avoue, sa santé financière ne lui permet pas de rester les bras croisés. Cela dit, compte tenu du nombre de téléfilms et de feuilletons qu’elle tourne, elle ne doit vraiment pas être dans le besoin. D’autant plus qu’en 1996, le film « Mother » dans lequel elle joue avec beaucoup de finesse et de drôlerie la maman de Tom Hanks a vraiment relancé sa carrière (à l’origine Nancy Reagan et Doris Day avaient été contactées pour tenir ce rôle). En 1998, sa prestation a également été remarquée dans In and Out une comédie sur l’homosexualité. Elle songe à ouvrir à Hollywood un grand musée consacré à l’histoire du cinéma hollywoodiens avec les innombrables costumes qu’elle collectionne depuis tant d’années.(parmi les trésors qu’elle possède : les fameux souliers rouges de Judy Garland du Magicien d’Oz, la robe blanche de Marilyn dans 7 ans de réflexion…). Et si elle venait les exposer à Paris en attendant ?



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