dimanche 22 février 2009

Marge Champion, inséparable de Gower








Dans une « dernière séance » à l’occasion de la diffusion du film « donnez lui une chance », Eddy Mitchell surnomma Marge et Gower Champion, le couple vedette du film, les « Paulette Merval et Marcel Merkes » de la comédie musicale hollywoodienne, comparaison peu judicieuse, tant les ballets énergiques et la vivacité qui émanait du couple de danseur tranchait avec la ringardise des deux chanteurs d’opérette.
Fille d’un professeur de danse très en vue à Hollywood (qui donna des cours aux vedettes du muet comme Vilma Banky), Marge a évidemment appris la danse dès son plus jeune âge. Engagée, grâce à son papa, par les studios Disney, elle sert de modèle aux dessinateurs pour les mouvements des personnages de Blanche-neige , la fée bleue de Pinocchio et les scènes de danse de Fantasia (pour une bouchée de pain, car on était fort mal payé chez Disney).


C’est là qu’elle rencontre Art Babbitt, l’animateur créateur de Goofy et du grand méchant loup qui va devenir son premier mari (à l’âge de 17 ans !ce qui est un peu jeune) : Résultat : à 20 ans, elle est déjà divorcée. Elle fait aussi de la figuration dans quelques films comme « la grande farandole »1939. Au début des années 40, Marge se tourne vers la scène et parait dans plusieurs spectacles musicaux sans trop se faire remarquer. En 1947, la jolie danseuse apprend par son impresario que le séduisant et talentueux danseur Gower Champion recherche une nouvelle partenaire pour ses spectacles. En mai, ils donnent leur premier spectacle ensemble, en octobre ils se marient. La complicité et le talent du jeune couple de danseur remportent un succès immédiat, qui les mènera à la télévision puis au cinéma.

Après une apparition dans Mr Music (1950) avec Bing Crosby et Peggy Lee, le couple se fait remarquer dans la célèbre adaptation de l’opérette de Jérôme Kern Showboat, aussi bien par l’allégresse et l’énergie de leurs ballets, que par le charme et la sympathie qu’ils dégagent. Avec la poignante interprétation d’une Ava Gardner, sublimement belle, le duo Marge et Gower est le meilleur atout de ce classique du film musical américain.
On retrouve, le couple, toujours dans des seconds rôles aux cotés d’Howard Keel et Kathryn Grayson dans le remake de Roberta (film dans lequel Fred et Ginger avaient brillé jadis) »les rois de la couture »1952. Il est vraiment difficile de comparer le duo magique et charismatique formé par Fred et Ginger et l’énergique tandem Marge et Gower : autant comparer le génie de Fred Astaire avec celui de Gene Kelly. Leur ballet sur « I won’t dance » est tout simplement euphorisant, et dégage la même pêche et la même modernité que les numéros dansés par Gene Kelly dans ses meilleurs films. C’est un vrai bonheur que de les voir danser et un bon antidote contre la morosité!
Il était inévitable, après de telles prestations, que le couple se retrouve tête d’affiche : si l’on en croit les critiques, pourtant « mon amour t’appelle », qui raconte tout bêtement la vie d’un couple de danseurs n’est pas terrible (j’aimerais bien le voir pour me faire une idée).


En 1953, Marge et Gower tournent leur meilleur film « Donnez lui une chance »1953 de Stanley Donen, un petit bijou, reconnu par tous les fans du genre. Quel dynamisme et quel entrain dans les numéros musicaux, tous parfaitement intégrés à l’intrigue, notamment celui où Marge et Gower dansent sur les toits : à voir et à revoir ! (A quand le DVD?)
En 1954, on retrouve le couple dans l’injustement méconnu « tout le plaisir est pour moi » avec une Betty Grable, un peu trop potelée, en fin de règne. Ce remake de « too many husbands » est en fait une très bonne surprise. Bâti sur une intrigue très drôle qui a fait ses preuves (Betty Grable dont le mari, Gower Champion est porté disparu à la guerre depuis plus de 10 ans se remarie avec Jack Lemmon, et bien sûr l’ex-mari réapparaît), et des airs sublimes de Gershwin, il comporte de fort bonnes scènes de danse aussi bien pour Betty que pour les Champion en super forme. Néanmoins, c’est déjà la fin de la grande période des films musicaux :
Le monumental échec de la chérie de Jupiter (1955), péplum musical pas désagréable, mais pas très bien ficelé, et parfois balourd sera fatal à la carrière de tous les participants du film (Esther Williams, Howard Keel, Marge et Gower Champion ): ils seront tous renvoyés par la MGM! Dans ce curieux film dans lequel Howard incarnait Hannibal, on voyait Marge et Gower, en toge, danser avec des éléphants multicolores.


Le couple se tourne alors vers les night clubs et la télévision. En 1960, Marge se retire pour mieux s’occuper de leurs 2 enfants. Gower se tourne alors vers la mise en scène de spectacles à Broadway. Son perfectionnisme et sa sévérité lui vaudront alors d’être comparé à Erich Von Stroheim ! Son exigence portera pourtant ses fruits et il mènera au triomphe plusieurs « musicals » Broadway dans les années 60 (Hello Dolly notamment).
A la fin des années 60, on retrouve une Marge empâtée et vieillie dans « the swimmer » avec Burt Lancaster et l’irrésistible « party », le classique de Blake Edwards.
Le couple Marge et Gower se sépare en 1971, tout en restant en bons termes. Gower continuera à avoir de gros succès sur scène. Le plus grand sera le dernier : une adaptation sur les planches de 42ème rue, qui tiendra l’affiche des années : hélas, épuisé par l’élaboration du spectacle, il décédera juste avant la première.
Marge, quant à elle, a longtemps participé au comité des « tony « awards (équivalent des oscars pour les spectacles musicaux sur scène aux USA). Elle fréquente encore les thé dansant avec Donald Saddler, ancien chorégraphe de Doris Day, et continue à donner des conférences dans des universités pour parle des comédies musicales… Et si on partait tous en stage avec Marge ?

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