dimanche 26 avril 2009

Claudine Dupuis, la môme Pigalle






Claudine Dupuis fut un peu un peu l’héritière de Viviane Romance ou de Ginette Leclerc, c’est à dire l’archétype de la fille facile et aguicheuse, effrontée, dans les polars français de série Z des années 50 et des petites comédies musicales(genre qui n’a jamais été le fort de la production française, est-il besoin de le rappeler) où elle incarnait souvent les filles de joie. La belle rouquine fut pourtant très populaire en son temps et François Truffaut l’admirait parait il beaucoup : il allait la voir systématiquement dans tous ses films, même les plus mauvais, et il y en eut pourtant beaucoup.

Comme cette vamp des années 50 n’a tourné dans aucun chef d’œuvre, contrairement à Martine Carol et Françoise Arnoul, les jeunes cinéphiles ne la connaissent ni d’Eve ni d’Adam, alors réparons cette injustice.

Née en 1924 à Paris, Claudine Dupuis est élevée par sa maman couturière, et prend très jeune des cours de danse. Son papa camioneur souhaitait qu'elle devienne sténo-dactylo : quelle ne fut pas sa déception de la découvrir en petit rat du Châtelet puis au Grand guignol dans le rôle de la femme coupée en morceaux. Elle débute au ciné dans la ferme du pendu (1945) aux cotés de Bourvil. S’ensuivront plusieurs petits rôles sur grand écran et des prestations un peu plus prestigieuses sur les planches (dans l’adaptation de la pièce de Steinbeck, les souris et les hommes).
En 1947, Claudine joue aux cotés de Luis Mariano dans le médiocre musical Cargaison clandestine, où pour la première fois elle danse à l’écran, sur les mélopées tziganes de l’orchestre d’Alfred Rode qui assure aussi la réalisation du film et va devenir le mari de Claudine.

Curieuse trajectoire que celle de ce violoniste passé derrière la caméra après avoir joué la sérénade dans des films anglais et français du début des années 30 (il a même tenu un rôle important face à l’exotique Lupe Velez dans un film de 1936 et l’affiche du film le Danube bleu (1932) avec Brigitte Helm le présente comme « l’inoubliable chef du fantastique orchestre tzigane »). Il tenait probablement mieux un violon qu’une caméra, ce qui ne l’empêcha pas de tourner toute une série de films de série B dans les années 50, avec Claudine dans le rôle principal et le plus souvent son orchestre en fond sonore.

Passer en revue les films que Claudine tourna en France, en Italie( où on l'appelle LA Dupuis) et en Espagne est chose difficile, car fort peu ont fait l’objet d’une réédition en DVD, au mieux en VHS.
La plupart du temps, elle y tenait le rôle d’une garce évoluant dans les maisons closes marseillaises (Tourbillon) ou les cabarets louches de Pigalle. Ces films, un peu coquins pour l’époque étaient le plus souvent interdits aux moins de 16 ans et diffusés dans des salles spécialisés comme le midi minuit car ils étaient truffés des scènes de strip-tease, on y parlait beaucoup argot.

Réalisé par Alfred Rode, et considéré comme le meilleur du lot, la Môme Pigalle (1956) est assez savoureux dans le genre. A peine sortie de taule, la belle est assassinée par le patron du cabaret où elle danse. C’est assez sympa de retrouver ce Pigalle d’opérette avec ses maquereaux et escrocs, et le film est saupoudré d’un soupçon d’érotisme « réaliste » (je pense notamment à la scène où Claudine se lave les pieds dans un lavabo). Coté musical, la belle chante également une version de c’est mon gigolo (probablement doublée) avant de se lancer, avec talent, dans une danse acrobatique avec un danseur-apache. Du bon boulot.

Egalement réédité chez René Château, Paris Clandestin se situe également dans les cabarets et le milieu des courses de chevaux. Là aussi, Claudine incarne une femme vénale. C’est encore du cinéma de papa, truffé d’attractions, de chansons, de sketchs et d’acrobaties comme tout bon spectacle de cabaret, avec des bagarres pour épicer le tout. On insiste bien sur les sentiments des personnages, quitte à rajouter des dialogues au cas où le public ne comprendrait pas (à la fin du film, Claudine Dupuis ivre soliloque en avouant qu’elle a tout raté dans sa vie, ce qu’on avait quand même compris).

La rue de la peur (1960) tourné en Espagne est un polar pas bien enthousiasmant où une fois de plus Claudine joue les garces, qui tente de faire diversion pour aider des mais braqueurs alors que Nadine Tallier (de Rotshild) incarne la parfaite épouse.
Parmi les autres films joués par Claudine on notera une adaptation de l’opérette la vie parisienne (1954), un sketch plutôt drôle du film les 7 péchés capitaux (la gourmandise) avec Henri Vidal, une version espagnole de la mégère apprivoisée en gévacolor (avec Carmen Sevilla) et d’autres films revues comme boite de Nuit (1952) ou Tourbillon(1953). L’actrice a également joué dans divers films européens avec des acteurs aussi renommés à l’époque que Rossano Brazzi, Raf Vallone ou Gustav Frölisch. Il est d’ailleurs fort possible que ses films italiens méritent d’être redécouverts. Très respectueuse de son public, la star s'arrangeait toujours pour paraître en public tirée à 4 épingles : "il est normal pour une comédienne de donner une impression délégance, de goût."En tous les cas, elle exécrait ses rôles de garce, très éloignés de sa vraie personnalité : fée du logis, elle adorait briquer son appartement, mijoter de bons petits plats. Sans enfants, elle accordait toute son affection à son filleul Xavier (le fils de Jean-Charles Tacchela et de Liliane Maigné, l'inoubliable gamine vicieuse du Corbeau)

Elle semble un peu paumée dans la distribution des pépées font la loi, comédie policière très moyennement drôle où la vamp Dominique Wilms , la piquante Louise Carletti (la maman d’Ariane du club Dorothée) sans parler de Suzy Prim tirent mieux leur épingle du jeu. (Demandez à vos grands parents, ces actrices furent très connues en leur temps !). Dans la suite du film, les pépées au service secret, on retrouve également la vamp argentine Tilda Thamar, dont la filmographie n’est pas plus reluisante que celle de Claudine. Truffaut dans les cahiers du cinéma « pardonnait volontiers au réalisateur Raoul André d’être le plus nul des plus nuls », car il adorait Claudine et Tilda.

Alors que Brigitte Bardot triomphe sur les écrans en imposant une écrasante sensualité, Alfred Rode accentue de films en films le coté sexy de Claudine, comme dans cette fille de feu (1958) où elle se trémousse voluptueusement sur la plage. Un argument porteur pour l’exportation et qui vaudra à ces nanars d’être exploités à l’étranger, alors que certains chefs d’œuvres de l’époque ne sont pas sortis des frontières.

La nouvelle vague a emporté avec elle beaucoup de chose, et très certainement les polars à l’ancienne comme les affectionnait Alfred Rode. En 1961, Alfred Rode réalise son dernier film avec Claudine : Dossier 1413 ou les ballets roses, situé dans le milieu des boites de nuit où chante le tout jeune Johnny Hallyday et l’orchestre d’Eddie Barclay. Elle y chante oh! oh! oh!, qu'elle aurait aussi enregistré chez Barclay.
Installé à Etampes, le couple ouvrira un restaurant russe (avec la musique de l’orchestre tzigane de Rode en fond sonore) avec la maman de Claudine, puis un hôtel à Deauville. L’actrice est morte complètement oubliée en 1991.

4 commentaires:

  1. Je dépose ma question ici. Elle ne concerne pas Claudine Dupuis mais une de ses consœurs qui tourna dans les 60's. Il s'agit de Fabienne Dali. Dans le film de série B "Agent 077: From the Orient with Fury", est-ce que c'est sa voix qu'on entend ou celle d'une chanteuse espagnole ? Merci et bien cordialement.

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  2. Il me semble reconnaître la voix...mais aussi le physqiue de la belle Mickaela (Wood), chanteuse et actrice pour Jess Franco (Marikita, la belle du Tabarin, Vampirosas 1900). Son style vocal s'apparente à celui de Rocio Jurado. Du coup, es tu certain que ce soit bien Fabienne Dali qui joue dans cet extrait?

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  3. Ben... Je me suis fié au texte de présentation et à des photos de l'actrice sur des sites cinéma.

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  4. Concernant Deauville claudine Dupuis ne tenait pas un hôtel mais un petit bar-restaurant qui se situé a l époque au n"27 de la rue breney a Deauville.il s appelait chez claudine bar des artistes. Commerce qui elle n a jamais pu vendre d tailleur.depuis la mort de sa Mere en1976 puis celle d Alfred rode son mari en1979 elle se mit malheureusement a boire de plus en plus mais jamais en public son anorexie chronique pricipitat son état de santé au plus bas .elle mourut a 67ans dans la solitude la plus total a l hôpital de Lisieux.elle fut en France la star "vamp" par excellence des années "50" elle repose en paix au cimetière de Deauville si vous passez dans le coin penser a elle en lui rendent une petite visite.....merci a tout ces sites qui rendent hommage a toutes ces actrices des années "50"injustement oubliées !

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