vendredi 20 février 2009

Judy Garland, tragique destin d'une étoile







Le plus grand mythe du film musical mondial et l’une des plus brillantes étoiles du firmament hollywoodien fut sans conteste Judy Garland. Chanteuse et comédienne magnifique, vibrante d’émotion, elle a été complètement broyée par le show business qui l’avait portée au pinacle.

Née en 1922, enfant non désirée d’un couple d’artiste, Frances Gumm ne tarde pas à rejoindre sur scène (dès l’âge de 2 ans) la petite troupe formée par ses parents et ses sœurs aînées. Très vite, elle polarise sur elle l’attention du public, dans différents spectacles de vaudeville.
Pendant ses jeunes années, la petite Frances va ainsi sillonner les Etats-Unis (la petite famille étant souvent contrainte de déménager, suite à des problèmes de mœurs que rencontre son père, bissexuel). En 1935, alors que le trio de chanteuse formée par les 3 filles Gumm se disloque, Frances, rebaptisée Judy Garland, obtient une audition auprès de Louis B Mayer, patron de la MGM. Conquis par la voix vibrante de la gamine, il l’engage séance tenante, sans même lui avoir fait subir un bout d’essai. Les débuts de la MGM seront difficiles : Judy, dont le père vient de décéder d’une méningite, peine à rencontrer le succès alors que Deanna Durbin, avec laquelle elle a tourné un court métrage devient une vedette instantanément.
En 1938, en chantant un hommage à Clark Gable dans le règne de la joie, Judy se fait enfin remarquer. On lui confie ensuite plusieurs rôles aux cotés de l’intrépide Mickey Rooney, dans l’insignifiante série des « Andy Hardy », fade produit, plein de bons sentiments, bâti autour d’une famille américaine complètement stéréotypée. L’émotion que Judy dégage dans ses chansons tranchent avec le coté factice de l’interprétation de Rooney, robot sautillant.
Mais c’est en enfilant des chaussures de rubis, et en empruntant la route de briques jaunes du Magicien d’Oz (1939) que Judy deviendra une star de cinéma. Dans ce film cultissime, dont on ne compte plus les rediffusions à la télé, Judy est éclatante. La sincérité et la vulnérabilité qui émanent de son interprétation sont pour beaucoup dans la réussite de ce conte philosophique. Les chansons sont mémorables, notamment le merveilleux « over the rainbow » qui deviendra la signature de Judy.

Place au rythme (1939), En avant la musique (1940), Débuts à Broadway (1941) et Girl Crazy (1943), avec Mickey Rooney et réalisés par le grand chorégraphe Busby Berkeley, sont de délicieux musicals, plein d’exubérance et de jeunesse, qui tranchent par leur énergie et leur vitalité avec beaucoup d’autres productions musicales de l’époque.
Alors qu’elle incarne à l’écran l’adolescente candide et équilibrée, la jeune femme connaît dans la vie réelle les pires difficultés : abandonnée par le chef d’orchestre Artie Shaw dont elle était follement amoureuse, elle épouse le musicien David Rose. Enceinte, elle doit se résoudre à un avortement, sous la pression de sa mère et de la MGM qui ne veulent surtout pas qu’une maternité interfère avec son planning chargé et son image cinématographique de jeune fille. D’autre part, depuis son arrivée à la MGM, la jeune chanteuse que l’on trouve trop boulotte est soumise à une diète sévère. Certains de ses camarades sont chargés par le studio de l’espionner afin de vérifier si elle ne fait pas d’entorse à son régime. Des coupes faims lui sont administrés à forte dose : on ignore à l’époque que ces amphétamines provoquent une dangereuse accoutumance. En outre, les effets euphorisants de ces produits rendent Judy insomniaque : elle est contrainte de prendre des barbituriques pour dormir… La phase de destruction est déjà enclenchée.

Dans Pour moi et ma mie (1942), Judy joue son premier rôle d’adulte. Plus belle que jamais face à Gene Kelly, elle confirme l’étendue de ses possibilités de comédienne de danseuse et de chanteuse, de la fantaisie au drame. Le chant du Missouri (1944), musical chatoyant et attachant est une vraie réussite de Vicente Minnelli, le deuxième mari de Judy. Les décors sont particulièrement soignés, et certaines scènes (halloween) vraiment superbes. Les Harvey Girls (1946) nous montre également une Judy au top de sa forme. La même année, elle donne naissance à Liza Minnelli, qui elle-même deviendra une star légendaire. Si Le pirate (1948) de Minnelli remporte un succès plus mitigé que les films précités, il s’agit pourtant d’un chef d’œuvre du genre, habile réflexion sur l’illusion, une réussite à tous points de vue.
Parade de printemps (1948) avec Fred Astaire (dont le nom figure sous celui de Judy sur l’affiche) est également un classique : un film délicieux, véritablement enthousiasmant.
Malheureusement, sur le plan privé, Judy commence à payer durement ses problèmes d’addiction aux médicaments et aux euphorisants. Sur le plateau du Pirate, elle offre une pitoyable impression aux comédiens présents en réclamant, en pleine crise, à chacun de la benzédrine. Le couple qu’elle forme avec Minnelli, qui essaie vainement de la sauver de ses démons, s’effrite. La jolie fermière (1950), un film sympa dans lequel Judy semble avoir quelques problèmes de poids (sauf dans le célèbre numéro Get Happy, où elle resplendit), sera son dernier film pour la MGM. Totalement submergée par ses problèmes personnels, Judy est contrainte d’abandonner le tournage d’Annie reine du cirque et de Mariage royal. Irritée, la MGM finit par la virer : Judy tente alors de se suicider en se tranchant la gorge dans sa salle de bains. Avec l’aide de son troisième mari Sid Luft (avec lequel elle aura 2 enfants), Judy entame alors une nouvelle carrière de chanteuse : son passage sur la scène du Palace en 1952 lui vaut des critiques très élogieuses. Dans son élément devant un vrai public, la star se donne au maximum. Son magnétisme et sa façon bouleversante d’interpréter les chansons tristes sont unanimement acclamées (et lui valent des comparaisons avec notre Edith Piaf).

En 1954, elle retourne à Hollywood pour le superbe Une étoile est née de Cukor (1954). Ce remake de what price glory, nous présente les facettes du décor hollywoodien : ses paillettes, sa gloire, sa cruauté aussi. Face au grand James Mason, qui incarne une star déclinante, sombrant dans l’alcool, Judy Garland est magnifique. Lors de la sortie du film, le public n’ignore plus les problèmes privés de Miss Garland, dont la presse commence à se faire régulièrement l’écho depuis sa tentative de suicide. Le film (amputé de plusieurs séquences) ne remporte pourtant pas le succès escompté et le mari de Judy qui l’a co-produit se retrouve dans une situation financière des plus délicates. Judy se tourne alors vers les shows télé, l’enregistrement de (superbes) disques, et toujours l’alcool et les pilules. Enormément grossie, elle souffre aussi de problèmes hépatiques. Pourtant tel Lazare ou Edith Piaf, elle parvient à renaître de ses cendres et donne en 1961 un brillant concert au Carnegie hall qui lui vaudra les critiques dithyrambiques : l’album live qui en est tiré battra des records de vente. Certes, elle fait facilement 20 ans de plus que son âge réel, mais elle fait passer l’émotion la plus brute comme nulle autre.

De nouveau au sommet, Judy est de nouveau conviée dans des films hollywoodiens. Elle est bouleversante dans Jugement à Nuremberg (1961) et un enfant attend (1962) de Cassavetes. Tourné en Grande Bretagne (où Judy est peut être encore plus aimée qu’ailleurs), l’ombre du passé (1963) sera son dernier film.
Après une série de magnifiques shows télé en 1963(souvent fort injustement critiqués à l’époque), c’est de nouveau la descente aux enfers. Divorcée de Sid Luft (qui essaie de récupérer la garde de ses enfants), Judy n’a plus aucun repère et se révèle incapable de gérer sa vie comme une adulte (sans le sou, elle squatte parfois chez des jeunes amis de Liza ou chez des fans). Elle multiplie les tentatives de suicide, donne des prestations lamentables sur scène (sa tournée en Australie est catastrophique : elle insulte le public) et à la télévision (en état d’ébriété). Les témoignages les plus pathétiques ne manquent pas, hélas. Lauren Bacall raconte qu’elle avait invité Judy à une soirée qu’elle organisait. Elle retrouve Judy dans la salle de bains. Après avoir fouillé vainement dans toute l’armoire à pharmacie, pour trouver des amphétamines, la pauvre Judy , en manque, avait pris ce qu’elle avait pu trouver : un médicament contre la gale, destiné aux chiens.
Si beaucoup de fans se détournent de Garland les dernières années (même à Londres où elle était pourtant si populaire), en revanche la communauté homosexuelle dont elle est devenue l’icône la soutiendra jusqu’à la fin (la personnalité de Garland, sa vulnérabilité et son désespoir, qui transparaissent comme un cri sous les paillettes et le glamour ont en effet fasciné depuis le début de sa carrière le public gay).

Complètement épuisée, infiniment amaigrie, Judy donnera ses derniers concerts en Scandinavie en 1969 (en play back pour certaines chansons). Son cinquième mari la retrouve morte, un matin, suite à une overdose (probablement accidentelle) de barbituriques.
Même si son décès remonte à plus de 37 ans, le mythe Judy Garland est toujours présent.
Elle demeure une référence et également l’une des plus dramatiques légendes d’Hollywood.

3 commentaires:

  1. ont ne parle jamais de la première étoile
    sans nom !!!

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    1. j'ai fait une page Facebook sur Judy Garland & liza Minnelli, avec justement que le côté étoile. Votre site est très bon...

      http://www.facebook.com/pages/Judy-Garland-Liza-Minnelli/262824790431378?sk=wall

      Je suis un particulier, sans publicité Facebook, mais pour le plaisirs de talent que j'aime : Patrice

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  2. Triste sort pour une chanteuse et actrice d'un si grand talent... Je vous invite à mon premier blog sur les acteurs et actrices. C'est un début et je voudrais avoir des visiteurs pour m'encourager. Je ne suis pas expérimentée comme Music Man , alors soyez indulgents. Voir dans mon profil.

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