vendredi 8 mai 2009

Lyne Clevers, Mam'zelle mandarines


Piquante et gouailleuse, la jolie Lyne Clevers, avait incontestablement de l’abattage ; C’est pour cette raison que parallèlement à sa carrière de chanteuse dans différentes revues la brunette aux yeux clairs a campé avec aplomb quelques rôles de femmes un peu délurées non seulement dans des comédies faciles des années 30 mais aussi dans deux chefs d’œuvres de Jacques Feyder : flash back sur la carrière de l’interprète des « mandarines ».
Née en 1909, la petite orpheline est adoptée par un directeur de revues qui l’embauche dans ses spectacles. Au tout début des années 30, la jeune femme vole de ses propres ailes et chante dans plusieurs opérettes viennoises qui remportent un succès considérable à Paris (en 1935, elle joue à la Gaîté lyrique dans la chanson du bonheur de Franz Lehar). Elle enregistre également des duos avec Saint Granier, animateur de radio, interprète de Ramona.
Son passage à Bobino en 1932 la consacre vedette de la chanson. Parmi ses nombreux disques, on note « ce petit chemin, qui sent la noisette » une composition de Mireille promise à une belle postérité. A son répertoire beaucoup de biguines et de rumbas (parfois parolées par le débutant Charles Trenet)
, musiques exotiques à la mode (notamment la fameuse cucaratcha) , des airs de l’orchestre de Ray Ventura ainsi que des chansons de film comme la version française de Continental tiré du film la joyeuse divorcée (1934) .
Mais c’est la chanson coquine « mandarines » que l’on associe le plus volontiers à la chanteuse. Elle y conte les aventures d’une vendeuse de fruits qui propose ses mandarines aux passants car « elles ont la peau fine et de jolis pépins ». Un paso-doble qui sera un des plus grand tube de l’ère des congés payés.
En 1934, Lyne joue dans l’opérette Toi et Moi avec les duettistes Pills et Tabet. Curieusement, elle n’apparaît pas dans la version filmée (problème de calendrier ?). Car la vedette tourne pas mal pour le cinéma depuis amours viennoises (1931) une co-production franco allemande. En outre, ses choix sont loin d’être mauvais. Certes, on la retrouve parfois dans des comédies de bidasse comme cette Mamz’elle Spahi, sauvée par quelques scènes cocasses à condition de ne pas excéder par les pitreries de Noël Noël, qui annonce Jean Lefevbre. Déguisée en spahi avec Colette Darfeuil pour se venger de son amant qui compte la plaquer pour épouser une jeune fille vertueuse, elle ne manque pas de verve et de répondant. Mais l’actrice peut s’enorgueillir de paraître dans des films aussi prestigieux et réussis que le grand jeu (dans le rôle d’une entraîneuse) et surtout la kermesse héroïque de Feyder. Elle y est géniale en poissonnière gouailleuse qui fait remarquer à Françoise Rosay qu’il sera difficile de se passer des hommes dans tous les domaines.
En 1933, elle participe au très beau film de Greville « Remous », une œuvre subtile et sensuelle (sur les frustrations de l’épouse d’un homme frappé d’impuissance à la suite d’un accident de la route) qui connaîtra le succès à l’étranger. Costumée en marin et adossée à un gouvernail, elle y interprète une tendre mélodie avec autant de talent qu’une Lucienne Boyer.
Lyne Clevers a également donné la réplique au grand Raimu dans Minuit place Pigalle, où elle arbore une robe osée dévoilant complètement un sein. On aimerait bien voir sa prestation dans les 28 jours de Clairette (1933), l’adaptation d’une vieille opérette à succès dont la vedette est la chanteuse Mireille.
En 1938, elle est la vedette de la comédie 4H du matin dont elle chante l’air principal (aux cotés de Lucien Baroux). La même année, Lyne Clevers épouse l’industriel Bolloré, directeur des papiers à cigarette OCB et aïeul de Vincent Bolloré, PDG de Havas, une des plus grandes fortunes de France, ami de Nicolas Sarkozy.
Pendant la guerre, elle est obligée de se cacher pour échapper aux persécutions nazies, à cause de ses origines juives. A la libération, elle reprend sa place à la radio et profite du nouvel intérêt des français pour les airs exotiques et la vogue de la samba, en créant la version française du célèbre Tico Tico par ci, par là, air ô combien célèbre lui aussi et toute une série de refrains typiques. Pourtant, sa carrière va vite marquer le pas et la chanteuse abandonnera la scène après sa prestation à l’Olympia.
La vedette fantaisiste des années 30 a terminé sa vie à Chambourcy et son décès en 1991 est passé inaperçu. A ma connaissance, un seul CD dont le tirage fut limité a été consacré à cette chanteuse des années 30

7 commentaires:

  1. j'adore Lyne Clevers et si vous voulez des copies de ses disques 78t ,duo avec Saint Granier etc....
    je suis là!

    david

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    1. Je suis de sa famille éloigné et je veux faire mon abrégé généalogique si vous avez plus ample connaissance à son sujet cela M interresse.

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    2. Arbre généalogique pardon

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    3. Arbre généalogique pardon

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    4. Je suis de sa famille éloigné et je veux faire mon abrégé généalogique si vous avez plus ample connaissance à son sujet cela M interresse.

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    5. Bonjour
      je suis la petite fille de Lynes Clevers, quand vous dites famille éloignée... cela m'interesse.
      Merci
      Stéphanie

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  2. Merci David pour la chanson sur les bâteaux!

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