samedi 28 février 2009

Joan McCracken, la fille qui ne savait pas dire non




Et si on abordait maintenant, après l’évocation de ces fabuleuses et parfois très longues carrières, le cas d’une danseuse qui avait tous les atouts pour devenir une star de l’écran , mais qui n’a brillé que dans un film, Joan Mc Cracken, l’héroïne du film Vive l’amour (Good news) de Charles Walters 1947 ?


Née en 1917, Joan McCracken suit des études de danse classique avant de tenter sa chance à Broadway. Elle devient une vedette du jour au lendemain dans l’opérette Oklahoma (1943) de Rodgers et Hammerstein. Elle impose sur scène son personnage de chipie et ses talents de danseuse acrobatique, sa grâce et son énergie liés à un réel talent pour la comédie remportent immédiatement l’adhésion du public. En outre la chorégraphie d’avant-garde d Agnès de Mille va révolutionner le monde de la comédie musicale.La nouvelle coqueluche de Broadway est alors invitée partout.Intelligente et avide d’enrichir ses connaissances artistiques (elle n’avait pas eu la chance de faire des études), Joan va chercher à s’entourer d’hommes de lettres.Son premier mari le romancier Jack Dumphy la laissera tomber pour Truman Capote et ce dernier s’inspirera d’elle pour le personnage de jeune croqueuse de diamants de son roman Breakfast at Tiffanys’ (adapté à l’écran avec Audrey Hepburn).Son second mari n’est autre que Bob Fosse, le merveilleux chorégraphe (et futur réalisateur de Cabaret) dont elle va encourager le talent et le non-conformisme.Après une courte apparition dans un film de 1944, Joan est engagée par la MGM pour Good news (1947).



Il s’agit du remake d’un musical déjà filmé au début du parlant (1930) avec Bessie Love. (Il ne subsiste que quelques bobines de cette version originale, mais leur visionnage fait vraiment regretter la disparition du reste du film : ce que j’ai pu en voir est en effet excellent : les numéros musicaux sont étonnants et déjà menés avec beaucoup de vivacité ; je pense notamment à celui d’un danseur contorsionniste particulièrement doué).Dans ce remake, à l’origine prévu pour Mickey Rooney et Judy Garland : pas d’étoiles de la danse pour incarner le couple principal : Peter Lawford et June Alysson n’ont jamais représenté une menace pour Fred et Ginger. Pourtant leur couple fonctionne parfaitement, y compris dans les énergiques numéros dansés. Ce musical basé sur la vie et les amours de jeunes étudiants est un vrai régal. Les chansons sont excellentes (the best things in life are free par le merveilleux crooner Mel Tormé) et les numéros dansés, notamment la finale, bouillonnent d’une énergie des plus communicatives. En somme, un film qui donne la pêche, dont l’acquisition en DVD est hautement recommandé aux amateurs de films musicaux de la grande époque (en plus parmi les bonus, figurent de beaux extraits de la version 1930).Joan Mc Cracken, avec sa délicieuse frimousse est vraiment craquante dans le rôle de Baby Doolittle. Elle partage avec Ray McDonald quelques numéros de danse d’une grande exubérance dont le fameux pass the peace pipe (popularisé sur disque par Margaret Whiting) qui est le clou du film. Quand on revoit ce passage dans il était une fois à Hollywood, on est ébloui, et pourtant, elle ne fera plus rien d’autre au cinéma.


L’instabilité de la jeune femme et son tempérament caractériel expliquent peut-être les raisons pour lesquelles les producteurs n’ont plus voulu miser sur elle. La bio récente dont elle a fait l’objet révèle aussi qu’elle se droguait (LSD). Après des débuts remarqués à la télé, elle retourne sur les planches de Broadway où elle va littéralement s’user la santé (elle souffre du diabète), en multipliant les représentations et en intensifiant ses activités. En 1959, Bob Fosse la quitte pour Gwen Verdon, autre étoile de Broadway qui va devenir sa nouvelle muse (et dont le style n’est pas étranger à celui de Joan). Elle meurt à 44 ans de complications liées à son diabète. Elle a influencé et inspiré beaucoup d’artistes du cinéma et de la scène: Shirley Mac Laine notamment.

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