jeudi 7 mai 2009

Milu, une portugaise courtisée par Hollywood



La star du cinéma portugais des années 40, Milu nous a quitté récemment à l’âge de 82 ans d’une maladie respiratoire. Rendons ici hommage à cette très belle chanteuse, figure emblématique d’un cinéma fort peu connu chez nous. Sa classe et sa beauté lui valurent même de recevoir des propositions d’Hollywood… qu’elle préféra refuser.Née en 1926, Maria de Lurdes Almeida Lemos entame très jeune une carrière de chanteuse dans une radio régionale puis nationale. ElleLa petite chérie des portugais obtient à 12 ans un contrat au théâtre Eden dans une revue familiale et grave ses premiers 78 tours. En 1942, sa photo publiée en couverture d’une revue attire l’attention de la filiale portugaise des studios Tobis et du réalisateur Arthur Duarte. La jeune chanteuse de 17 ans triomphe dans O costa do castelo, considéré comme un classique du cinéma portugais. L’histoire toute simple d’un aristocrate qui maquille son identité et emménage dans un appartement modeste pour séduire la charmante jeune fille (Milu) dont il est épris. Le public est sous le charme de la voix grave de la jeune femme (et on le comprend!) et l’air principal du film minha casina et cantiga de rua deviennent deux gros succès populaires (et elle l’enregistrera souvent par la suite). L’historien du cinéma portugais Jose de Matoz Cruz ne manque pas de superlatif pour qualifier la jeune vedette et son impact sur les foules : « un véritable animal de caméra, dont le sourire et la beauté irradient l’écran ». Le succès de la belle fait tant de bruit qu’on la réclame en Espagne où le cinéaste hongrois Ladislao Vajda lui confie un rôle dans une comédie sans prétention, Doce lunas de miel. (Le cinéaste est surtout connu pour ses films des années 50 qui remportèrent plusieurs prix internationaux et lui valurent de flatteuses comparaisons avec Fritz Lang)Mais alors qu’un brillant avenir se dessine devant elle, et que l’Universal lui propose un contrat pour Hollywood (la première actrice portugaise à avoir ce privilège), Milu hésite et refuse en « craignant de ne pas pouvoir répondre à toutes les attentes ». Puis à la stupeur générale, Milu quitte l’écran pour se marier à l’âge de 17 ans.Après mure réflexion, la jeune mariée reprend du service après un hiatus de 3 ans : Ladislao Vajda lui propose le principal rôle féminin de la version portugaise de Barrio (1947) une adaptation des «Fiançailles de Monsieur Hire » de Georges Simenon, un rôle dramatique qui lui permet de retrouver une popularité intacte.Milu, devenue la vedette portugaise n°1, va jouer ensuite dans plusieurs comédies souvent mises en scène par Artur Duarte, dont elle appréciait la rigueur.Absolument inconnus chez nous, des films comme O grande elias (1950), qui narre avec humour les problèmes d’une famille en crise, sont d’énormes succès au Portugal sous la dictature de Salazar. Du théâtre filmé san aucune créativité mais assez drôle et divertissant. Des productions souvent tournées avec les moyens du bord. Mais aussi une des périodes les plus créatives du cinéma portugais. Evidemment chaque film donne à Milu l’occasion de caser quelques chansons. Pas forcément des fados, car le répertoire de la vedette se raproche plus de la variété internationale que de celui d'Amalia Rodrigues. Parallèlement à sa carrière au cinéma, la chanteuse se produit dans de nombreuses revues jusqu’à la fin des années 50. en 1960, la star se marie pour la seconde fois, et à nouveau quitte le cinéma, pour s’installer au Brésil avec son conjoint. Dans ce pays, elle apparaît sporadiquement à la télévision et enregistre en 1966, la version portugaise du fameux chabadabada du film « un homme et une femme ». De retour au Portugal, elle est la vedette d’une comédie musicale « O diablo ero outro »1969. En 1981, elle joue encore dans les tueurs, une satyre des films noirs américains, opposant des militants d’extrême droite contre des communistes sur fond de cabarets sordides, dont j’ai lu des critiques fort positives. L’an dernier, le réalisateur António Pedro Vasconcelos consacre un documentaire à Milu « une fille de la radio » où il la présente à juste titre comme «probablement la seule étoile du cinémaportugais ». Milu reçoit la même année la médaille de l’ordre du mérite de la part du président de la république. Pour rendre hommage à la satr décédée, la chaine portugaise RTP1 a modifié ses programmes et rediffusé tous les films de Milu et le documentaire qui lui fut consacré l’an dernier. .Pour les classikiens qui voudraient découvrir la belle Milu (et le cinéma portugais des années 40-50), et sa chaude voix, sachez que trois de ses films les plus connus sont ressortis en DVD au Portugal, avec sous-titres français s’il vous plait, et qu’on peut les commander via alapage.com.

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