mardi 17 février 2009

Rosemary Clooney, la voix de soie








Dans ses interviews, George Clooney rend souvent hommage à sa tante la grande chanteuse de jazz Rosemary Clooney (1928-2002), qui l’a beaucoup aidé à ses débuts. Flash back sur la carrière de celle-ci. Avec sa sœur Betty, Rosemary entame une carrière de chanteuse avec l’orchestre de Tony Pastor. Très vite, on lui propose une carrière en solo et le succès est quasiment instantané grâce à un répertoire composé de « novelties », chansons entraînantes et rythmées, mais souvent vides de sens comme « Come on a my house » ou « botch a me » (reprise en français par Tohama). Son fulgurant succès et sa photogénie lui valent en 1953 d’être embauchée par la Paramount, qui cherche une remplaçante pour sa vedette musicale fantaisiste Betty Hutton, renvoyée suite à de nombreux caprices. Les étoiles chantent (1953) est un petit musical sympa relatant les mésaventures d’apprentis artistes : Rosemary y reprend son célèbre « Come on a my house ». Il y a aura toujours des femmes (1953) avec Bob Hope et Arlène Dahl, pastiche musical sans prétention se laisse regarder avec plaisir. Avec un look qui rappelle celui d’Alice Faye dans ses derniers films en technicolor, chante une sorte de mélopée arabisante, tentant vainement de dupliquer le succès de « come on a my house ». Ressorti en DVD, « Red garters » 1953 est plus original. Un western parodique dans des décors de théâtre. C’est plutôt bien enlevé et Rosemary déploie l’éventail de ses talents de chanteuse : chansons western exubérantes, blues subtils…Alors que sa chanson « Mambo italiano »1954 (reprise en français par Line Renaud) caracole au sommet des hit parades, Rosemary rejoint les nombreuses guest stars d’Au fond de mon cœur, la pesante bio de Sigmond Romberg éclairée par quelques brillants numéros (ceux de Cyd Charisse et d’Ann Miller notamment). Le duo de Rosie (son surnom) et son mari José Ferrer n’a rien de mémorable.


Ce n’est pas le cas du film suivant, Noël Blanc (1954) qui fut longtemps rediffusé aux USA pour les fêtes de fin d’année. Hormis un coté patriotique un peu énervant, c’est un musical de bonne facture à l’affiche particulièrement prestigieuse : Bing Crosby, Vera Ellen, Danny Kaye. La voix de Rosemary s’accorde parfaitement avec celle de Bing pour les duos sentimentaux. Le solo de Rosie « love you didn’t do right by me » est également parfaitement réussi.



Malgré cet énorme succès, la carrière cinématographique de Rosie s’arrêtera là, pour cause de maternité. En effet, entre 1955 et 1960, elle aura 5 enfants de José Ferrer (dont l’aîné Miguel, futur comédien). En revanche, si le fait d’être enceinte la prive de nombreux rôles, cela ne l’empêche pas d’animer des shows à la télé, et de continuer à enregistrer des disques : encore des novelties comme Mango (1957) son dernier gros tube ou des chansons d’une valeur artistique bien supérieure comme sur l’album magnifique gravé avec Duke Ellington. La chaleur de l’interprétation et surtout l’émotion et un impeccable sens du rythme confèrent aux enregistrements de Miss Clooney une qualité indéniable et reconnue par des génies du jazz comme la grande Billie Holiday. Son contrat avec la firme Columbia vaudra également à Rosemary d’être la première à enregistrer « I could have danced tonight » de My fair Lady et « Tonight » de West Side Story. (En effet, c’est la Columbia qui co-produisait ces spectacles musicaux).


L’échec de son couple, le déclin de sa carrière de chanteuse avec l’arrivée du rock, l’assassinat de son grand ami Bobby Kennedy juste à coté d’elle, vont gravement jouer sur les nerfs de la chanteuse qui se réfugiera dans la drogue et se retrouvera internée à l’asile psychiatrique. Au milieu des années 70, Rosemary décide de tout redémarrer à zéro avec l’aide de Bing Crosby qui l’engage pour ses tournées. Ce sera l’occasion d’un retour très réussi dans le domaine de la chanson et surtout du jazz. Désormais libre de ses choix artistiques, la chanteuse va enregistrer de façon magistrale, avec une voix plus mure mais aussi plus sensible et chargée d’émotion les plus grands standards de la chanson américaine. Entre 1975 et 2001, elle sortira environ 1 album par an pour la firme Concord Jazz.Sa biographie sera un best seller et donnera lieu à un téléfilm interprété par Sandra Locke.A la fin de sa vie, Rosemary assistera à la formidable ascension de son neveu George Clooney. On la retrouvera (énormément grossie) dans deux épisodes de la série « urgences ».Rosemary Clooney est décédée en 2002 d’un cancer.


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