dimanche 22 février 2009

Shirley Jones, un rossignol en cinémascope






Et si on évoquait à présent l'opérette américaine et particulièrement Shirley Jones, la délicieuse ingénue des productions Rodgers et Hammerstein.



Née en 1934, la très jolie Shirley remporte un concours de beauté en 1951 (Miss Pittsburg). Si l’on croit sa biographie (mais j’ai vraiment du mal à le croire !) c’est en touriste qu’elle s’est présentée à une audition d’un théâtre de Broadway pour obtenir un rôle dans South Pacific. La comédienne prétend en effet qu’elle s’était rendue à New York juste pour saluer un ami qui lui a conseillé de passer cette audition, à tout hasard. Le grand compositeur Richard Rodgers, qui en pince pour elle (ce qui n’est pas réciproque), apprécie sa voix fraîche et naturelle, et l’engage sur le champ. Quand ce dernier décide de transposer à l’écran son opérette « Oklahoma », qui triomphe depuis 10 ans, c’est naturellement à Shirley, qu’il confie le rôle principal. Le reste de la distribution étant composée d’acteurs de cinéma. A condition de ne pas être allergique aux opérettes, c’est un film à gros budget de bonne facture. Il sera très fraîchement accueilli en France, amputé de certains passages musicaux. Shirley Jones et Gordon Mac Rae seront comparés par la presse à des perroquets incolores, n’arrivant pas à la cheville de Jeanette McDonald et Nelson Eddy.
Il est certain que malgré son charme gracile et son délicieux sourire, Shirley n’a pas encore l’étoffe, le piquant et l’intelligence de jeu de la grande Jeanette MacDonald ! Néanmoins, ce n’est pas ce qu’on lui demande : son rôle est celui d’une ingénue, et elle le joue à merveille.
Lors d’une tournée promotionnelle, elle rencontre et épouse l’acteur Jack Cassidy (avec lequel elle aura 3 enfants qui feront tous carrière dans le show business). Compte tenu de la personnalité mégalomane et égocentrique de ce grand comédien, leur union sera des plus houleuses.


En 1956, Rodgers et Hammerstein confient à Shirley et Frank Sinatra les rôles principaux de Carousel, adaptation musicale d’une histoire de Ferenc Molnar déjà tournée en France par Fritz Lang avec Charles Boyer (Liliom). Après avoir tenté au passage de draguer Shirley, Sinatra, dont la voix magique de crooner colle mal à la partition de l’opérette finit par abandonner le film. A la demande expresse de Shirley, c’est Gordon Mac Rae qui reprend le rôle du mauvais garçon qui séduit une fille naïve un soir de fête. Les chansons sont superbes, mais pour apprécier ce film (je pense ne particulier au soliloque somptueusement chanté par Gordon MacRae), il faut avoir un fort goût pour l’opérette.
Grâce à ces deux triomphes, Shirley est devenue une vedette de cinéma et à son grand regret, on va d’abord la cantonner à de douces comédies musicales, comme la foire aux amoureux (1957) avec Pat Boone, le gentil rocker de bonne famille (qui pour une brève période sera aussi populaire qu’Elvis). C’est lénifiant comme la chanson titre, qui sera un gros succès commercial. En 1959, elle partage la vedette avec James Cagney pour Tous les coups sont permis, un musical qu’elle estime complètement raté (à vérifier…). Pepe (1960), malgré son gros budgets, et le nombre important de guest stars n’est pas une réussite : on n’en retiendra que la chanson titre, une petite ritournelle sympa gazouillée par Shirley que reprendront en France Dalida et Jacqueline Boyer.




En 1960, Richard Brooks a l’idée excellente de confier à Shirley un contre emploi dans le magnifique « Elmer Gantry le charlatan » (que je recommande chaudement à ceux qui ne l’auraient pas encore vu). Son étonnante interprétation d’une prostituée vaudra un oscar à Shirley. Puis c’est le retour à des rôles plus classiques dans des comédies dites « sophistiquées » dont la meilleure est probablement « il faut marier Papa » de Minnelli.
Le charme juvénil et le coté très naturel de Shirley conviennent tout à fait à ce type de films.
Le grand regret de Shirley sera de ne pas tourner avec Franck Capra : elle sera évincée de « milliardaire pour un jour » (1961) par Glenn Ford qui ne veut que sa copine du moment, Hope Lange, comme partenaire.
Elle aura par contre la chance d’apparaître encore dans un superbe musical : l’adaptation fort réussie de l’opérette Music Man , dominée avec un Robert Preston exceptionnel, qui va sauver tout un village de la morosité du quotidien.
Au cours des années 60, la popularité de Shirley décline : on la retrouve en 1968 dans un musical espagnol « el golfo » dont la vedette est Raphael (pas l’interprète de caravane mais l’un des plus populaires chanteurs espagnols). En fait, c’est un vrai show Raphaël, qui chante (fort bien) une bonne douzaine de chansons, mais il n’y a pas beaucoup de place pour Shirley, qui joue une célibataire blasée qui cherche l’amour à Acapulco.
Comme beaucoup de comédiens délaissés par le cinéma, Shirley se tourne vers la télé. La nullissime série « the Partridge family » dans laquelle elle joue le rôle d’une mère de famille aux cotés de David Cassidy (fils de Jack, né d’un précédent mariage) va remporter un succès incroyable auprès des adolescents. Cette sitcom, du même tonneau qu’Hélène et les garçons ramène Shirley au sommet de l’actualité et fait de David Cassidy l’idole du moment.
On parle alors beaucoup dans la presse à scandales des frasques de Jack Cassidy (maniaco-dépressif, il décédera dans un incendie), puis du divorce de Shirley et de son remariage avec l’acteur comique Marty Ingels (Mardi c’est donc la Belgique). L’union entre « la princesse et la grenouille » (pour reprendre les termes peu flatteurs des journalistes à scandales) dure toujours, en dépit des gros problèmes rencontrés entre Marty Ingels et les fils Cassidy.
Shirley continue toujours sa carrière en alternant des films insignifiants, de nombreuses séries TV (Melrose place…) et des tournées dans des opérettes de ces mentors Rodgers et Hammerstein (le Roi et moi…). Son fan club et son site internet sont bien rodés : elle y vend des robes portées dans des téléfilms, à une époque elle proposait même des bonbons : c’est un vrai business. Elle répond aussi systématiquement et très rapidement aux demandes d’autographe. Dommage que je n’ai pas de scanner, sinon, j’aurais posté celui qu’elle m’a adressé !

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