dimanche 22 février 2009

Vivi Bach, la Bardot danoise





Certaines actrices ont avant tout des qualités purement décoratives : c’est le cas de la très belle Vivi Bach, la Bardot danoise, qui s’est illustrée dans son pays et surtout en Allemagne dans de nombreux schlagerfilme (films destinés à promouvoir des chansons à la mode) dans les années 60.

Née en 1940 (ou 1939 voire1937 ?) au Danemark, la belle Vivi Bak, à peine sortie du lycée, chante dans différents orchestres. Après des cours de chant et de comédie, elle débute à l’écran où sa grande beauté est tout de suite remarquée. Le magazine anglais Picturegoer n’hésite pas à la rebaptiser la « new Bardot », et lui promet une belle carrière (on parle alors d’un film avec Vittorio de Sica, qui ne se fera pas). En fait, il n’y aura rien de bien prestigieux dans la carrière de la Bardot danoise, et surtout pas de « vie privée », « en cas de malheur » ou de « vérité » pour illuminer sa filmographie. Très vite remarquée dans des producteurs allemands, et rebaptisée Vivi Bach pour l’occasion (pour sa carrière danoise elle restera Vivi Bak), elle donne la réplique au chanteur Fred Bertelmann dans « les guitares chantent la nuit »1959, avec une autre grande beauté, Margit Nüncke, une ex miss Allemagne. A partir de là, Vivi ne va plus quasiment jouer que dans des films musicaux. Elle ne joue pas bien, ne danse pas, ne chante pas vraiment juste, mais peu importe : elle est très très belle et c’est avant tout ce qu’on lui demande.

En 1960, elle joue deux films aux cotés de Peter Alexander, le célèbre chanteur autrichien , n°1 du musical allemand : le médiocre « Kriminal tango », tentative de polar parodique avec des chansons et le bien plus réussi « aventures du Conte Bobby » où le facétieux Peter Alexander s’en donne à cœur joie. C’est une comédie légère pleine de charme et d’humour, et peut être un des plus agréables films de Vivi.
Mais surtout, Vivi va enchaîner les schlagerfilme, films à l’intrigue minimaliste (une sorte de fil rouge entre les chansons) destinés à offrir au public le maximum d’airs à la mode en 1H30. Ces spectacles sont souvent platement filmés, chorégraphiés de façon sommaire, mais donnent aux amateurs de chansons l’opportunité de voir à l’écran les grandes vedettes du disque. La parade des succès (1960) propose sûrement l’affiche la plus prestigieuse : Duke Ellington, Teddy Reno, Peter Kraus, Heidi Brühl, Jacqueline Boyer, Camillo…
Vivi est toujours la vedette chargée d’animer le semblant d’intrigue qui relie les chansons entre elles. Elle chante également un ou deux refrains, mais il est clair qu’elle est nettement moins douée pour cela que les vedettes invitées. Elle est franchement cocasse par contre quand elle se fâche, en vociférant avec son accent guttural.

Dans Carina O Rosina(1961), son partenaire est le très aseptisé chanteur Rex Gildo. Quand Vivi, cheveux soyeux et robe vichy à la BB, chante « Copenhagen » à ses cotés, on jurerait l’incarnation des poupées Ken et Barbie !
Ce film et Musica Stop (1962) nous racontent les mésaventures de jeunes allemands partant en vacances à l’étranger. En regardant ces films sans prétention, on est frappé par l’insouciance qui s’en dégage : on peut même trouver plutôt rigolo le passage où pour franchir la douane, sans passeport, Vivi chante une ineptie sur le capot de la voiture en minuscule bikini. Comme les allemands étaient alors « bon public » ou bienveillant à l’époque pour réserver un si bon accueil à ce genre de films !
En 1963, Vivi engage ses deniers personnels pour produire un film (das ratsel der roten quaste) et c’est un fiasco : cela dit, pas à tous les niveaux, car elle rencontre ainsi le comédien Diemarr Schönner qui deviendra son mari.
Jusqu’en 1967, Vivi va jouer dans des schlagerfilme (dont Ski fever (1966) avec le champion de ski Toni Sailer, dans lequel elle joue le rôle d’une blonde complètement débile, qui ferait pâlir d’envie Frédérique Bell). Sans doute pour une éventuelle exportation, les chansons sont interprétées en anglais (hélas, elles ne sont vraiment pas terribles et Vivi les chante bien mal)

L’entrée de la télé dans tous les foyers allemands va mettre fin à ce genre cinématographique. Vivi va dés lors se tourner vers quelques piteuses co- productions européennes du moment : un film d’espionnage renommé Putain de mission pour sa sortie vidéo en France, si nul que je n’ai pu le regarder jusqu’à la fin, et un western spaghetti (les deux derniers de Rio Bravo).
En 1969, Vivi quitte le cinéma pour se tourner avec grand succès vers l’animation de shows télé aux cotés de son mari. En 1975, elle enregistre son dernier 45 T, une reprise de Stone et Charden ( !) également en duo avec Dietmarr Schönner.
Reconvertie dans l’écriture et l’illustration de livres pour enfant, Vivi coule toujours des jours heureux à Ibiza avec Dietmarr, mais sans enfants (après 5 fausses couches, la comédienne a renoncé à son rêve).
Pour les amateurs de variétés des années 50, ses films (parfois rediffusés à la télé allemande) en dépit de leur inconsistance, conservent un intérêt (musical), et avouons qu’on ne pouvait rêver une plus belle ambassadrice pour nous accompagner le long de ces films chantés.
Malade depuis des années, Vivi Bach nous a quittés en 2013.

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