mercredi 4 mars 2009

Lys Gauty, la goualeuse






Après avoir récemment évoqué la carrière de Damia, voici un petit portrait de Lys Gauty, autre très grande chanteuse réaliste d’avant guerre, qui a fait très peu de cinéma mais dont l’unique film en vedette « la goualeuse » a fait l’objet d’une réédition en vidéo par René Château, il y a une dizaine d’année.
Née en 1900 à Levallois Perret, cette fille de garagiste va d’abord prendre des cours de chant lyrique avant de bifurquer vers la variété populaire au milieu des années 20 après un passage remarqué au cabaret chez Fischer.La grande diversité du répertoire de cette artiste est vraiment étonnante : on oscille de la rengaine populaire de base comme la chanson du film « le bonheur (n’est plus un rêve) » avec Gaby Morlay ou la célèbre valse lente du film « 14 juillet » de René Clair « à Paris dans chaque faubourg », articulée jusqu’aux e muets, à un répertoire de haut vol comme les fameux songs de Kurt Weil et Berthol Brecht tirés de l’Opéra de 4 sous (et chantés par Florelle dans le version filmée de Pabst) ou des airs moins connus dont la musique a été composée par Arthur Honegger ou toujours Kurt Weill (la complainte de la Seine). Quelle que soit la qualité du matériel, Lys Gauty nous offre le plus souvent une interprétation impeccable et très émouvante (évidemment les réfractaires à la chanson rétro auront peut être un peu de mal avec sa voix tremblante, mais si chargée d’émotion…). Son plus grand tube (et l’une des chansons les plus marquantes des années 30) reste l’adaptation d’une chanson italienne, le chaland qui passe (1934). On notera à ce sujet que pour relancer l’Atalante, le chef d’œuvre de Jean Vigo, très mal accueilli lors de sa sortie, le producteur avait rebaptisé le long métrage comme la chanson de Lys Gauty (que l’on entend au cours du film), en espérant (vainement) le faire redémarrer ainsi.En 1934, elle est la marraine des 6 jours du vel d’hiv et participe à la première émission de télé française.
Après avoir joué dans un moyen métrage de 1930, et probablement aussi interprété quelques chansons filmées pour des courts métrages (perdus), Lys Gauty tourne son seul film en vedette. En dépit de sa médiocrité, et l’indigence de la mise en scène de Fernand Rivers, le film remporta un gros succès populaire à sa sortie. Quel vide et quelle nullité, surtout dans les scènes comiques, d’une rare stupidité, et pourtant dès que Lys Gauty (annoncée sur l’affiche comme « la grande vedette internationale ») apparaît…tout change. Quelle présence ! Son regard immense, son charisme indéniable, la sobriété de son jeu tranchent vraiment avec la médiocrité de cette production. Les deux très belles rengaines qu’elle interprète (« dis moi pourquoi » et le célèbre « bonheur est entré dans mon cœur ») sont sûrement pour beaucoup dans le succès remporté par le film. Je pense notamment à sa magnifique interprétation de la seconde chanson dans une taverne devant quelques vieillards misérables, qui semblent revivre en écoutant la chanteuse.Pendant la guerre, Lys Gauty va beaucoup chanter, y compris (Comme Chevalier, Fréhel, Piaf et beaucoup d’autres) pour les prisonniers en Allemagne, ce qui lui sera beaucoup reproché à la libération.En 1946, elle enregistre « la chanson du bonheur » du dessin animé de Disney « les 3 caballeros ». Elle se retire dans les années 50, s’installe à Monte Carlo et se reconvertie dans l’immobilier. Lys Gauty est décédée en 1994. La quasi totalité de son répertoire et de ses enregistrements de 1926 à 1951 ont été repris en CD. Une grande dame à redécouvrir dont beaucoup ont du s'inspirer (je pense notamment à Barbara).









3 commentaires:

  1. Merci pour votre hommage.

    Oui, hélas, son film "La Goualeuse" est bien décevant. Quand je pense que Fernand Rivers dirigeait des films depuis 1915 ! Qu'avait-il appris ? "Trop gratter cuit" ou "Le mariage de Plouf" sont-ils meilleurs ?

    Ce que j'admire le plus chez Lys Gauty, en dehors de la voix et de la diction parfaite, c'est la diversité de son répertoire. Chansons réalistes, rengaines, chansons "d'auteurs", de marins... elle domine tous les registres.

    Son oubli (relatif) est bien injuste.

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  2. Merci Fabrice : c'est vrai, elle savait passer de la rengaine la plus simple à des créations plus subtiles, avec la même émotion dans la voix. Une grande dame qui garde une place de choix dans le coeur de tous les amateurs de la chanson d'avant-guerre.

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  3. En premier place, je dois dire mon nom, mêmem qui la postage soit "anonyme". Je m'appele Rodrigo Moreira Sanga et je suis du Brézil. Quelle joie pouvoir voir cette belle hommage à cette grande chanteuse, une des mes preferèes... Émouvant. Il faut bien faire de la justice à cette artiste qui a, encore aujourd'hui le talent pour nous laisser enchantés et grisés de sa voix belle et profonfe. LYS GAUTY, UNE DES PLUS BELLES CHANTEUSES DU MONDE. Merci, mille fois, merci!

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