
Véritable clown de la chanson française, dont la carrière au music hall, au théâtre, au cinéma ou sur disques, n'a jamais connu d'interruption en 60 ans, Annie Cordy n'est peut être pas reconnue à sa juste valeur, en dépit d'une côte d'amour indiscutable auprès du grand public. Toujours désireuse de plaire à celui-ci, l'artiste qui a pourtant révélé à l'écran l'étendue de son talent et des qualités réelles de comédienne dans des films dramatiques d'excellente facture, s'est un peu noyée dans une variété de qualité plus que douteuse, en s'enfermant dans un personnage déjanté de fofolle survoltée qui a fait sa gloire. Toujours aussi incroyablement dynamique et active à plus de 80 ans, elle demeure en tous les cas une vraie leçon d'optimisme et d'énergie pour show business français.
Née en 1928, Annie Cordy suit des cours de danse et de piano. Après avoir remporté


Alors que sa version de la chanson du film « le pont de

Tabarin (1958) est vraiment nullissime et montre à quel point la France n’était pas douée pour la comédie musicale. Dans le rôle d’une meneuse de revue (comme à ses débuts), Annie gigote et se démène dans une intrigue inintéressante où figure aussi Michel Piccoli et le météorique symbole sexuel Sylvia Lopez. Sporadiquement, elle figure en tant que comédienne dans des séries B « qui n’ont pas marqué l’histoire « comme le reconnaît humblement la chanteuse, même si elle s‘est bien amusée en ly participant. Saisissant au vol toutes les modes (le hulula hop, le rock) et les chansons les plus remuantes et rarement les plus subtiles, Annie Cordy figure parmi les plus grosses vendeuses du disque.

A la fin des années 60, Annie fait son retour au cinéma. Seulement il est fini le temps des comédies musicales aux couleurs faiblardes et au scénarios téléphonés (d‘ailleurs, totalement passées de mode), la chanteuse décide d’aborder le registre dramatique dans une série de films initié par l’étonnant Passager de la pluie de René Clément (où elle joue la mère de Marlène Jobert) où son interprétation juste et sobre « loin de ses pitreries musicales » est saluée par la critique. Et dire qu’Annie n’a pu obtenir le rôle qu’avec l’appui de l’épouse et de la mère du réalisateur les producteurs et Sébastien Japrisot ne voulant absolument pas d’elle pour le film!
Le Chat (1974) de Granier Deferre ( autre film archi rediffusé à la télévision) donne

A coté de ces films particulièrement marquant, elle figure au générique de nombreuses comédies aussi stupides que la dernière bourrée à Paris (1974). Coté variété, près avoir joué dans l’dapatation française du musical Hello Dolly, Annie Cordy fait un véritable retour en fanfare avec l’énorme succès de la bonne du curé, qui va faire d’elle une des chanteuses préférées des enfants. Surfant sur ce succès facile, la chanteuse dont le seul but est de faire sourire, ne va hésiter à se galvauder avec joie dans un répertoire de plus en plus débile il faut bien l’avouer.
Comme elle l’a souvent remarqué, le public la préfère ainsi que dans ses chansons tristes (sa chanson hommage à Bessie Smith qui lui avait valu un grand prix du


Dans les années 80, l’interprète de Tata Yoyo et de cot cot coin coin fait des incursions de plus en plus fréquentes dans des téléfilms et souvent avec plus de talent que sa vieille collègue Line Renaud.
En 1989, elle s’essaie à nouveau au drame dans un film belge réalisé de façon trop conventionnelle « Impasse de la vignette » qui là aussi ne rencontrera pas son public malgré son portrait haut en couleurs de la vie d’une femme de mineur que l’on suit sur trois décennies.
Toujours très active, l’infatigable Annie poursuit sa carrière au cinéma (des rôles secondaires dans des comédies populaires plutôt douteuses comme Disco avec Frank Dubost) et sur les planches. Anoblie en 2004 par le roi des belges Albert II, la baronne Annie Cordy a pour devise « la passion fait la force ». Ceci explique peut être l’énergie incroyable qui l’habite encore et dont elle a fait preuve lors la quatrième tournée « âge tendre et tête de bois » (dont elle en fut d’ailleurs l’artiste la plus applaudie).
Merveilleuse Annie, géniale diablesse, talent incommensurable, reine du Music-hall, magique star, voix plastique, regard infini, corps débridé, multicolore, toujours en mouvement, pailleté de soleil... Pas une aujourd'hui pour balayer ta cheville, même avec une jolie voix, un physique ravageur. N'est pas clown qui veut. Et plus encore, cette faculté exceptionnelle à passer d'un rien du burlesque extrême à la gravité du désespoir, à l'image de ton vieil ami, autre génie, notre éternel Bourvil... Avec cette même justesse, ce mime ciselé, ces cordes vocales au diapason... Reçois notre respectueux salut, notre hommage amoureux de ton grand art, de ta science de la scène, cette énergie capable de tout... Même attendrir les bourreaux, aider le peuple à vivre, première mission de l'artiste. Chapeau Madame et merci! Nous vous embrassons de tout cœur et jamais ne vous oublierons.
RépondreSupprimerChristian Souque