samedi 3 avril 2010

Jacqueline Francell, jolie divette des films chantés d'avant guerre






Au début des années 30, à l’arrivée du cinéma parlant, on chantait à tue tête dans les films français : des comédies fort populaires à l’époque, parfois tournées en partenariat avec les studios américains ou allemands, mieux équipés sur un plan technique. Parmi les vedettes de ces opérettes filmées si prisées du public, et si injustement rejetées et oubliées de nos jours figuraient la jolie soprano Jacqueline Francell, qui avait fait ses classes à l’opéra comique.

Jacqueline Francell est la fille de Fernand Francell un célèbre ténor de l’opéra de Paris qu’on a vu par la suite au cinéma dans les trois mousquetaires de Diamant-Berger (il incarnait Louis XIII) et au cotés de sa fille dans l’appel du silence. Après avoir suivi des cours de chant et de gymnastique acrobatique, la brune jeune fille débute à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, dans « La Flûte enchantée » avant de chanter « Les Noces de Figaro » à l’opéra comique. Elle bifurque ensuite vers des spectacles plus faciles en se consacrant à l’opérette, style très en vogue à la fin des années 20. L’opérette Flossie (1929) est pour elle un triomphe personnel, et même la romancière Colette fait part de son enthousiasme. Dans le spectacle figure aussi un dénommé Jean Gabin dans un rôle mineur. Sa courte liaison avec Jacqueline brisera le ménage qu’il formait avec Gaby Basset.
Le couple se retrouve dans Arsène Lupin banquier, musical adapté des romans de Maurice Leblanc. L’exquise Jacqueline est à nouveau fort remarquée dans l’opérette coquine d’Honegger le roi Pausole, qui narre les péripéties d’un royaume de débauchés dont le roi change de femme tous les jours. Devenue l’une des jeunes premières les plus en vue de Paris, la jolie comédienne a beaucoup de goût : Emile Ruhlmann, illustre décorateur, conçoit à son attention , lors du Salon des artistes décorateurs de 1930, une paire de meubles en bois de violette, un chiffonnier et un secrétaire enrichis de détails de bronze argenté. De véritables bijoux d’art nouveau qui ont été adjugés 305 000 euros lors d’une récente vente aux enchères.

Avec l’avènement du cinéma parlant, les studios de cinéma recherchent avidement les jeunes comédiennes sachant chanter et jouer pour leurs prochaines productions. En 1932, Jacqueline Francell est engagée pour Mirages de Paris du metteur en scène russe Fedor Ozep qui raconte la montée à Paris d'une petite provinciale naïve qui perd peu à peu ses illusions dans la grande ville. Un succès international aussi bien public que critique (qu’on aimerait bien découvrir en DVD un jour!). La même année, Jacqueline joue aux cotés du grand Raimu dans la petite chocolatière de Marc Allégret (donc quelques gags sont signés Jacques Prévert). Elle grave aussi plusieurs 78 tours avec des airs d’opérettes comme Florestan Ier de Sacha Guitry.
Logiquement, Jacqueline reprend à l’écran les rôles qui ont fait son succès sur scène (enlevez-moi, le roi Pausole…). Décolorée en blonde, comme les stars américaines, toutes les portes s’ouvrent devant elle, même celles des studios d’Hollywood . En 1933 elle donne la réplique à Maurice Chevalier pour la version française de The way to love (l’amour guide). Malheureusement, le résultat n’est pas très probant, les dialogues très mauvais et « Jacqueline semble s’y ennuyer » pour reprendre la presse de l’époque.
De retour à Paris, Jacqueline joue avec Henry Garat, le chouchou des dames, dans de sympathiques films chantés, mais qui ont pris un vilain coup de vieux. Dans les studios berlinois, elle participe à la version française de l’opérette le baron tzigane (1935) avec Anton Walbrook. En 1936, elle tient l’un des rôles principaux d’une grande opérette à l’américaine d'Yves Mirande secondé par Siodmak: le grand refrain, qui se déroule dans les milieux du music-hall , avec Fernand Gravey en jeune musicien pauvre mais talentueux, qui fait fortune en composant une opérette. En dépit d’une musique de Richard Heyman(le chemin du paradis), et de quelques passages oniriques à la Berkeley, le film pèche par excès de sentimentalisme.
Jacqueline rêve toujours de donner un tournant international à sa carrière , mais l’opérette de Kurt Weil qu’elle inaugure à Londres est un échec retentissant. En revanche, l’actrice fait triompher le Roi Pausole en Amérique du sud où la pièce choque…mais remplit les salles.

A coté des opérettes, on est étonné de découvrir dans la filmographie de la chanteuse une biographie de Charles de Foucauld , missionnaire en Algerie et au Maroc, assassiné à Tamanrasset par une troupe de rebelles ainsi qu’un film vaguement inspiré par le destin de sainte Thérèse de Lisieux (la rose effeuillée). Des œuvres pleines de bonnes intentions, mais si platement réalisées qu’elles perdent tout intérêt.
Le déclin des films chantés va mettre un terme à la fin de la carrière cinématographique de la blonde divette. Cependant , sa carrière va se poursuivre sur scène dans l’opérette avec notamment balalaïka, avec Reda Caire, un succès de 1938 ou encore une reprise de Ciboulette en 1942.

En 1941, elle épouse Gabriel Bouillon, professeur au Conservatoire national de musique.
Après guerre, la chanteuse « à la voix de mésange » se tourne vers le théâtre. On la retrouvera notamment dans plume au vent de Jean Nohain ou Patate de Marcel Achard.
Jacqueline Francell est décédée en 1962 à Neuilly-sur-Seine, de complications à la suite d’une intervention chirurgicale. Femme au grand cœur et d'une extrême simplicité, elle se dépensait sans compter pour plusieurs œuvres philanthropiques.

1 commentaire:

  1. qui peut me donner des informations sur Lise Palais qu'on classait comme divette d'opérette (avant et apres la 2° guerre mondiale

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