mercredi 8 juillet 2009

Bipasha Basu, une bombe à retardement



Portrait réalisé par Jordan White, spécialiste de Bollywood




Née le 7 janvier 1979 à Delhi, Bipasha Basu est aujourd'hui une star connue en Inde et en Angleterre mais pas du tout en France. Elle a deux soeurs et a grandi dans une famille hindi originaire du Bengale et de Calcutta. Elle parle couramment l'anglais, l'hindi et le bengali, ce qui contrairement aux apparences fait d'elle une tête, pas le genre à se la raconter au contraire. Celle qui se considérait comme laide dans son enfance et adolescence est aujourd'hui une des plus belles de la planète. Pas de celles qui le savent et en jouent pertinemment, mais de celles qui ont la beauté humble. S'il est facile de critiquer sa filmographie au vu de certains navets, elle a su en revanche démontrer depuis quelques années une envie de s'aventurer dans des terrains peu balisés afin de donner une autre image que la star glamour glacée, laquelle lui a trop souvent par le passé coller à la peau. Sa carrière débute par le mannequinnat. Comme un certain nombre de modèles de sa génération qui se sont ensuite laissées bercées par les sirènes de Bollywood sans renouveler leur palette de jeu en s'enfermant dans les mêmes cases. Sauf que Bipasha au lieu de se fourvoyer dans les rôles de potiches (bien qu'elle a aussi été servie de ce point de vue), a laissé un visage nouveau se dessiner, celui de l'actrice qui a plus de dix mots à aligner. On ne peut pas en dire autant de certains seconds rôles de composition qui se sont englués dans la médiocrité avec pourtant le même background. Elle pose pour l'Agence Ford, pour Vogue, fait des pubs télé. Ca fonctionne bien mais pour celle qui adolescente se rêvait médecin (elle changera d'avis en découpant le cadavre d'un animal en cours de sciences naturelles), il y a quelque chose à faire et à surtout faire valoir. Les mannequins sont attendus au tournant quand elles se lancent dans le ciné, puisque à priori oblige, on se dit parfois qu'elles doivent être de piètres comédiennes, et on s'imagine sans mal que si elles savent se placer devant une caméra et mettre en avant leur plastique (sans tomber dans la vulgarité ou la pose), qu'en est-il de leur registre comique ou dramatique ? Bipasha ne va rien révolutionner à ses débuts en 2001. Son regard profond, son corps de rêve et ses yeux de biche passent bien à l'image, mais ne transcendent pas. Elle ne peut pas se contenter que de cela. Il lui faut un vrai rôle. Elle tourne surtout dans des polars érotiques avec des rôles dénudés, aux images soyeuses, dans un style soft-porn qui convient alors aux producteurs mais pas aux spectateurs qui ne peuvent se rassasier de simples déhanchés suggestifs. Elle mérite mieux. Mais enchaîne pourtant les films médiocres. En 2002 avec Raaz elle fait une incursion dans le triller "psychologique". Son charisme crève l'écran. Mais sa prestation se perd dans les limbes de la critique. Trop puérile, pas assez mûre. Pas talentueuse. Elle change alors de registre avec encore une fois peu de retour. C'est pour Mere Yaar Ki Shaadi Hai, encore une fois un navet. Produit par Yash Chopra, le film fait un flop. Et elle joue avec Uday Chopra qui n'a jamais brillé pour ses qualités d'acteur. Elle rencontre John Abraham lui aussi mannequin qui deviendra un de ses amis proches (et qui lui aussi a eu des choses à prouver et l'a fait avec de la maturité au fur et à mesure). C'est pour le thriller Jism, qui une fois de plus fait un bide. La beauté sculpturale et la fascination que peuvent exercer l'actrice ne bouchent pas les trous béants des scénarios qu'elle accepte et qui font plus pour desservir son image que renforcer sa cote de popularité. Que manque-t-il à cette femme superbe qui apparaît davantage sur les couvertures people qu'aux cérémonies de récompenses pour le brio de son jeu ? Un vrai rôle. Certainement pas avec No Entry, qui la caricature outrageusement en potiche ultime. Un rôle de gonzesse qui ne lui va pas dans une "comédie" partant à vaux-l'eau dans le nawak et la misogynie. Pourtant, le film qui a Salman Khan en tête d'affiche et Anil Kapoor cartonne. Bipasha se fait un nom, pas forcément pour les bonnes raisons mais en tout cas on parle d'elle. A l'époque elle est partout, dans Filmfare Magazine, dans Stardust, sur Internet. On s'intéresse de plus en plus à elle, non pas pour son rôle mais pour ses apparitions tumultueuses dans le film. J'entends aussi pour la première fois en 2005 parler de Celina Jaitley, la brune incendiaire au regard trafiqué et surtout de Lara Dutta. En un film tous les mannequins provocateurs sont donc réunis et dessinées comme des prédactrice sexuelles. No Entry est tout cas la comédie traumatisme, celle dont on ne se remet pas. Connue et reconnue par la critique après ce rôle (!) Bipasha choisit un virage à 180 degrés avec l'étouffant Apaharan, sa première collaboration avec Ajay Devgan. Succès d'estime. Shikar réalisé par John Maddan est la prémisce à la future claque que va constituer son film suivant. Dans ce Shikkar elle apparaît dans un rôle de femme fatale dont la vie trop idéalisée va se retourner contre elle au fil des évènements. On joue encore dans le registre du sexy, du sex-appeal, de l'attraction sexuelle. Mais ce n'est rien face au choc qu'elle constitue en interprétant le premier grand, très grand rôle de sa carrière dans Corporate de Madhur Bhandarkar. Métamorphosée, belle à couper le souffle, mais surtout, et enfin, dirigée pour la première fois, elle se réinvente et créee la surprise. Bipasha assiste à sa propre naissance en tant qu'actrice après tant d'essais infructueux et de rôles réduisant ses capacités dramatiques à peau de chagrin. Jamais une actrice (dans le registre) n'avait aussi bien portée le tailleur et s'était permise de passer aussi facilement du registre léger au tragique. Epoustouflante, elle gagne son premier award ultra mérité. Elle remerciera avec la plus grande humilité imaginable le réal pour ce coup de pouce magistral à sa carrière alors balbutiante. Elle reste tout de même attachée à la comédie dont Akshaye Kumar s'est fait une spécialité dans le domaine de la lourdeur et des vannes assaisonnées (opposition occident/orient, banane par terre pour tomber et provoquer des chutes faciles à tendance infantilisante, en particulier dans le recours au t-shirt évocateur etc.). Elle tourne ainsi dans Phir Hera Pheri. Mais plus ne compte plus désormais pour elle que d'essayer de dévoiler une nouvelle facette, de tenter de le faire. Les petits rôles secondaires se poursuivent, dont un particulièrement remarqué dans Omkara, où elle chante (en playback) Beedi, interprété par Sunidhi Chauhan et enfin Dhoom 2 dans ses rôles les plus récents, en agente spéciale, diablement sexy et dans un autre rôle qu'il faut découvrir par soi-même. Bref une carrière en dents de scie, avec des éclats et des états de béatitude effrénés, des rôles ingrats et d'autres extrêmement valorisants et porteurs. Je devine un potentiel prêt à exploser, et puis au naturel, que ce soit pour les shoot photo, les promos, ou encore les apparitions public elle ne me semble garder les pieds sur terre. Fonce Bipasha !


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