samedi 21 février 2009

Jessie Matthews, star des revues d'outre Manche






La plus populaire des vedettes du cinéma musical anglo-saxon fut, sans conteste, Jessie Matthews (1907-1981). Cette londonienne, d’origine particulièrement modeste, gravit progressivement les échelons de la célébrité dans des revues et les pièces de théâtre et les opérettes. Notamment, elle remplace Gertrude Lawrence (dont la vie fera l’objet du film « Star » de Robert Wise) malade sur les planches. Sa célébrité lui vaut vite différents rôles sans importance au cinéma muet puis parlant. En 1933, elle apparaît en vedette dans « The good companions » de Victor Saville, qui conte la vie de différents aspirants au vedettariat remportera un succès considérable. Ce film, a fort mal vieilli et on a du mal à comprendre la ferveur du public de l’époque. Il eut le privilège d’être le premier film parlant anglais montré à la cour d’Angleterre. Hélas, Jessie n’eut pas l’occasion de serrer la main du roi. Il faut dire que sa liaison avec Sonnie Hale, le mari de l’actrice Evelyn Laye faisait alors la une des journaux à scandales. On raconte aussi, qu’un jour elle oublia d’enfiler un justaucorps sous sa robe transparente qu’elle portait dans l’opérette « Evergreen », ce qui fit jaser. L’adaptation de cette œuvre pour le cinéma, fit de Jessie Matthews une star de première grandeur. Elle y incarne, avec talent, une actrice qui fait semblant d’être sa propre mère, une vielle vedette de la scène, qui aurait conservé une jeunesse miraculeuse. Les numéros musicaux sont particulièrement efficaces (surtout celui des femmes chair à canon de la guerre 14), les chansons superbes (dancing on the ceiling de Rodgers et Hart) et la personnalité de l’actrice, très vive mais un peu froide bien mise en valeur. Jessie est évidemment une bonne danseuse (même si on regrette l’absence d’un chorégraphe imaginatif) et une chanteuse à la voix perlée et haut perchée qui rappelle sensiblement celle de Joséphine Baker.
Parmi ses films les plus mémorables, une bio de Stauss par Alfred Hitchock ( !), un remake du film allemand Victor Victoria (à noter le beau numéro dans la cage aux oiseaux à la fin du film) très antérieur à la version de Blake Edwards, et à mon avis son meilleur musical « Jessie vedette »(It’s love again)1936 toujours de Victor Saville. C’est une comédie délicieuse, avec le charmant acteur américain Robert Young, qui raconte avec humour l’histoire d’une femme prête à tout pour se faire un nom. Les numéros musicaux sont de premier ordre et les chansons entraînantes et immédiatement mémorisables.


A cette époque, Hollywood s’intéresse à la jolie vedette et la RKO envisage de lui confier un rôle aux cotés de Fred Astaire, ni plus ni moins ! Pourtant, le rêve ne se réalisera pas. Les problèmes de dépression nerveuse dont la jeune vedette souffre déjà sont ils l’explication ? Elle tourne jusqu’au début de la guerre. L’Angleterre, durement touchée par les bombardements abandonne alors le tournage des grandes revues musicales (Vera Lynn et Anne Shelton, grandes vedettes de la chanson, tourneront pourtant des films musicaux pendant la guerre mais avec un budget minimum, sans aucun grand numéro) et retourne sur les planches pour distraire un public qui en a bien besoin. En 1943, elle participe avec de nombreuses stars anglaises au film patriotique « Forever and a day », puis l’année suivante se vautre dans un film d’horreur musical tellement raté qu’on la reverra plus de sitôt au cinéma.
Jessie enchaîne les opérettes et revues (dans l’une d’elle, elle reprend la chanson française « La seine » d’Anny Gould), puis les échecs et les dépressions nerveuses.
On la retrouve, empatée, en maman dans les Aventures de Tom Pouce de George Pal (1958).
En prêtant sa voix à un feuilleton radiophonique fort populaire, elle a le bonheur de retrouver son public dans les années 60.
Grâce à Ciné Classic, beaucoup de cinéphiles ont pu découvrir cette ravissante vedette du passé, peu connue en France dans les années 30. Une danseuse douée mais surtout une vraie personnalité.

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