lundi 13 juin 2011

Ginny Simms, la glamoureuse chanteuse de charme des GI








Grande vedette de la radio pendant la guerre, Ginny Simms disposait d’une voix nuancée et mélodieuse, idéale pour les ballades sentimentales. Avec son apparence glamour et très sophistiquée, la belle aurait pu devenir une des grandes étoiles de la comédie musicale, et notamment de la MGM, le plus prestigieux des studios d’Hollywood. Mais le sort en a décidé autrement…

Née à San Antonio en 1913, Ginny Simms a d’abord suivi des cours de piano, tout en donnant quelques spectacles dans le théâtre tenu par son père avant de rejoindre un trio vocal féminin. D’abord chanteuse de l’orchestre de Tom Gerun, elle rejoint ensuite Kay Kyser « le prof du swing »et ses « collégiens » , qui est un peu l’équivalent de l’orchestre de Ray Ventura chez nous et qui fait un tabac à la radio.
C’est en effet la grande époque des big bands, et Kay Kyser sous ses airs ahuris, qui rappellent un peu le comique anglais Arthur Askey, sait très bien comment manager son équipe et distraire le public en alternant des morceaux très swing ou des valses tendres (comme la fameuse valse au village qui sera repris e en France par Lys Gauty), des sketchs, et des mélodies sentimentales (réservées à Ginny qui se prénomme encore Virginia). Comme cela est la tradition à l’époque, la belle se contente de refrains chantés alors que l’orchestre se réserve la plus grosse part du gâteau. Mais quelques notes à peine suffisent à la chanteuse pour se faire remarquer tant sa voix enchanteresse à la fois pure, aérienne et sensuelle capte l'attention et l'imagination.
Désireux d’étendre son auditoire, Kay Kyser signe un engagement avec la RKO pour plusieurs films. Un pari gagnant pour le studio car le premier film de la formation (that’s right, you’re wrong -1940) rapporte plus d’un millions de dollars de recettes. Une amusante satyre du monde du cinéma, où la belle Ginny se fait remarquer autant pour son ramage que son plumage. Faut-il préciser que la chanteuse venait de subir plusieurs opérations de chirurgie esthétique (afin de raccourcir son nez et son menton notamment) par le mari de Claudette Colbert, le meilleur spécialiste d’Hollywood ?
La villa des piqués , le film suivant de la formation, réunit 3 idoles du film d’épouvante, aux mines patibulaires, qui épouvantent les invités en maniant des effets spéciaux d’une chambre secrète. Si l’histoire est stupide, le film bénéficie de très entraînantes chansons fort bien mises en valeur par l’orchestre et les chanteurs Harry Babbitt et Ginny Simms (dont la voix mélodieuse rappelle celle de Dinah Shore). Certains passages sont franchement rigolos comme celui où les trois méchants veulent faire exploser tout l’orchestre en jetant un bâton de dynamite dans la foule : Les musiciens et jolies invitées se sauvent mais un petit chien qui prend la dynamite pour un os, récupère le bâton et court après eux…hilarant ! Finalement, c’est un divertissement très sympa du genre Abbott et Costello rencontrent Frankenstein qui fait aussi penser à certains épisodes du dessin animé Scoubidoo.
Le troisième film Playmates (1941) est plus froidement accueilli, peut être parce que les critiques sont effondrées de voir le mythique John Barrymore finir sa carrière dans une telle bouffonnerie : en tous les cas, Ginny dont les rôles s’étoffent à chaque film, gagne du terrain. Alors que sa liaison avec la chef d’orchestre se termine, la chanteuse poursuit seule son chemin, au cinéma comme à la radio (la plupart des chanteuses des big bands comme Dinah Shore, June Christy ou encore Doris Day vont gagner elles aussi leur indépendance).

Le cinéma l’a rendue très populaire et elle figure en tête d’un sondage des chanteuses favorites des collégiens. Elle anime ses propres shows à la radio et enregistre en solo pour la firme Columbia .
Pendant la guerre, l’artiste interprète de nombreuses chansons mélancoliques destinées aux soldats (you’d be so nice to come home to, wherever you are,…qui sont un peu les pendants de « j’attendrai » aux USA) qui vont vraiment marquer leur temps. Elle s’adresse à eux et leur transmet des messages dans des émissions de radio, on le devine, très suivies. Infatigable, elle se dépense sans compter pour visiter les camps militaires de son Texas natal : un engagement exemplaire qui lui vaudra d’être reçue à déjeuner par les Rossevelt à la Maison blanche.

Coté cinéma, Ginny n’a d’abord qu’un petit rôle dans seven days leave (1942) dont la vedette est Lucille Ball mais sa chanson (can’t get out of this mood) est absolument divine, et sera reprise par d’innombrables artistes de jazz..
Deux nigauds dans la glace (1943) est un film les plus drôles du tandem Abbott et Costello, une comédie parfois hilarante, dans laquelle Ginny chante une délicieuse romance.
Sans doute intéressé par la popularité de la chanteuse à la radio, et son coté glamour, le patron de la MGM , engage alors Ginny Simms pour remplacer Eleanor Powell dans un musical en technicolor à grand spectacle, avec la ferme intention d’en faire une star de cinéma. En fait, il tombe fou amoureux d’elle et se livre alors à une cour assidue et peu discrète, qui provoquera bien des sarcasmes car Louis b Mayer , marié et père de famille, s’est toujours présenté comme un modèle de vertu. Il est pourtant fortement probable qu’il ait eu auparavant des liaisons avec d’autres grandes stars de son studio, mais son emballement pour Ginny Simms est tel, qu’on évoque un possible divorce. Certaines sources avancent que la chanteuse gênée par ce harcèlement aurait quitté la MGM après de tournage de Broadway Rythmn (1944), d’autres, plus crédibles, que la vedette aurait eu une courte liaison avec le producteur mais que ce dernier aurait été contraint de se ressaisir pour ne pas nuire à son image et à celle de son studio. En tout état de cause, Ginny était superbe et la quintessence du glamour en technicolor (notamment quand elle fredonne Amor, Amor ; le visage voilé de dentelles) dans cette fantaisie musicale, qui bénéficie du luxe opulent de la MGM.
En 1945, l’actrice joue dans Nuit et jour, la biographie complètement édulcorée du compositeur Cole Porter. Une pièce montée musicale qui déçoit quelque peu car si Ginny excelle dans les douces romances, elle n’est peut être pas assez versatile ou charismatique pour reprendre autant de chansons différentes du grand Cole, créées par des pointures comme Ethel Merman ou Mary Martin. On peut en effet lui reprocher de tout interpréter de façon assez similaire. Elle paraît également dans un drame « Shady lady » qui vaut surtout pour le numéro d’acteur de Charles Coburn.
La même année, elle épouse le richissime propriétaire de la chaîne d’hôtel Hyatt et se découvre un intérêt pour la décoration d’intérieur.
Si elle figure encore en 3ème position des chanteuses les plus appréciées des adolescentes (derrière Dinah Shore et Jo Stafford), Ginny qui animé encore un show à la radio, sponsorisé par Coca cola disparaît petit à petit du monde du spectacle. Elle s’essaie certes à la télévision, le nouveau média à la mode, mais n’y obtient pas le même engouement (et c’est un euphémisme) que sa fameuse concurrente Dinah Shore . Groucho Marx la désignera même comme la « Dinah Shore du pauvre ».
Mais Ginny est désormais loin de tout ça et surtout de toute préoccupation matérielle. Mariée en secondes noces à un millionnaire du pétrole, puis enfin à noces à un avocat très fortuné, il semble qu’elle n’est pas très heureuse, mais l’argent fait il le bonheur ? Au moins, la chanteuse se consacre avec toujours autant de plaisir à la décoration des chambres d’hôtes et de restaurants (elle sera même primée pour cela en 1961) . Sa tentative de come back dans les cabarets de Las Vegas se solde par un échec, son style étant jugé fort démodé.
En 1961, pour saluer son vieux copain Kay Kyser, elle accepte d’enregistrer avec les membres initiaux de la formation un 33T un peu nostalgique.
Après, la chanteuse n’a plus fait parler d’elle et est sombrée dans un oubli presque total et immérité. Elle est décédée en 1994 d’une crise cardiaque.

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