dimanche 22 février 2009

Doris Day, charme et optimisme des fifties











Doris Day, qui fut aux Etats-Unis la vedette n°1 du box office américain au début des années 60 a une carrière si vaste et si remplie que je me concentrerais ici uniquement sur ses films musicaux. Née en 1924 (le même jour que Marlon Brando !), de parents d’origine allemande, Doris a toujours rêvé d’une carrière artistique. Elle participe à des concours de danse avec un jeune voisin, mais un très grave accident de voiture, qui va la clouer au lit pendant des mois, l’oblige à arrêter cette activité. Elle se tourne alors vers le chant et dès l’âge de 16 ans, commence à chanter pour différents orchestres dont celui de Les Brown. C’est la grande époque des big bands (Glenn Miller, Tommy Dorsey, etc…) qui siègent les sommets des hits parade. Ces grandes formations engagent toujours des chanteurs, chargés uniquement de chanter les refrains. Doris tombe amoureuse du joueur de trombone Al Jorden et l’épouse à l’âge de 17 ans.
Il s’agit en fait d’un homme extrêmement violent, d’une jalousie maladive. Dans un moment de folie, il menace Doris, enceinte, en lui braquant son pistolet sur le ventre. Les problèmes du couple inspireront le scénario du film « New York New York » de Scorsese.
Bien évidemment, le divorce ne tardera pas. En 1944, Doris triomphe avec l’orchestre de Les Brown en chantant (avec beaucoup de talent) « sentimental journey » (qui sera un succès en France repris par Yvette Giraud). La voix suave et très personnelle de Doris excelle dans ce genre de chansons très jazzy, mais à vrai dire, elle est à l’aise dans tous les genres.
En 1948, la Warner Bros entame le tournage du remake d’un film argentin dans lequel s’est illustrée Libertad Lamarque. Sans vedette musicale sous contrat, le studio est embarrassé : il tente d’emprunter Betty Hutton à la Paramount, mais elle est enceinte. Après avoir envisagé la candidature de Mary Martin, la star de Broadway, la Warner engage Doris et ne le regrettera pas. Même si pour certaines chansons, on remarque que le rôle était taillé sur mesure pour Betty Hutton, Doris resplendit de naturel et de charme. Elle transporte au sommet des charts la chanson it’s magic, qui sera à son tour un énorme succès commercial.

La Warner met en chantier une série de comédies musicales avec Doris et son partenaire (à l’écran comme en privé) Jack Carson pour capitaliser sur ce succès. Ce sont des films sympas, qui ne jouent pas dans la même cour que les films de la MGM, c’est sûr, mais qu’on regarde avec plaisir. Par exemple « il y a de l’amour dans l’air » 1948
où Doris et Jack dansent un numéro rigolo avec Bugs Bunny.
En 1950, Doris joue dans l’adaptation de l’opérette No no Nanette (très populaire en France).
Elle y révèle enfin ses remarquables talents de danseuse, face à un partenaire de choc Gene Nelson, un danseur extrêmement brillant et pas assez reconnu à mon goût. Hélas, en France, le film fut gâché par un doublage reprenant toutes les chansons en français, par de quelconques chanteurs d’opérette, avec une post synchronisation désastreuse. Si la finale d’Escale à Brodway (1951) n’a pas l’originalité et le génie de la lullaby of Broadway des chercheuses d’or 1935, c’est tout de même un beau numéro musical , et une prouesse pour Doris et Gene Nelson qui dansent et virevoltent sur un grand escalier.
Le bal du Printemps (1951), musical familial et nostalgique, très inspiré du chant du Missouri, ne possède pas la magnificence et la beauté plastique du film de Minnelli, mais a néanmoins beaucoup de charme. Après le très raté « Avril à Paris » 1952 avec Claude Dauphin, Doris gravit un échelon de plus sur le sentier de la gloire avec Calamity Jane, la terreur blonde (1953). Clairement inspiré d’Annie reine du cirque (1950), avec le même partenaire masculin (Howard Keel), ce western musical énergique offre à Doris un rôle en or et une superbe chanson (secret love, un succès en France par Léo Marjane).


En 1955, elle révèle encore d’autres possibilités, en incarnant la chanteuse Ruth Eting dans les pièges de la passion (1955), une vraie réussite : aussi bien les numéros musicaux que l’intensité dramatique des scènes entre Doris et James Cagney. Sa performance très remarquée permettra à Doris d’élargir son univers, aussi bien vers le drame que la comédie.
Intelligent virage négocié par son 3ème mari, le producteur Martin Melcher qui comprend bien que le film musical vit ses dernières années de gloire, et qu’il urge de se recycler.
Il suggère à son épouse, fort réticente, d’accepter le rôle que lui propose Hitchcock dans son remake de l’Homme qui en savait trop (1956). C’est un succès mondial. Même chose pour la berceuse chantée par Doris, « Que sera sera ».
Tous les fans de comédie musicale ont un faible pour « Pique nique en pyjama »(1957), superbe musical, dirigé par le grand Stanley Donen. Cette adaptation d’un spectacle de Broadway est fort réussie, et le grand chanteur de Broadway, John Ryatt est excellent lui aussi.
C’est à la fin des années 50 que Doris atteint le pinacle de sa carrière avec les comédies coquines et un peu mécaniques et pas toujours très fines, mais souvent très drôles, qu’elle enchaîne aux cotés de Rock Hudson. Impeccablement coiffée et habillée de façon très sophistiquée par Jean-Louis, Doris y incarne systématiquement la femme indépendante, très méfiante vis-à-vis des hommes et pas facile à séduire. Ce qui fera dire à Oscar Levant, qu’il a connu autrefois Doris Day avant qu’elle ne soit vierge.



Dans ces films comiques, Doris pousse (rarement) la chansonnette, mais certaines de se chansons seront encore de gros succès commerciaux comme «everybody loves a lover »1959 ou « move over darling »(1964), tiré d’un film prévu à l’origine pour Marilyn Monroe.
Le dernier musical de Doris, la plus belle fille du monde (1962) ne remportera pas le succès escompté, déclin du genre oblige. Pourtant c’est un bel hommage au cirque, parfois très drôle, avec de très jolies chansons.
Au fil des années 60, la carrière de Doris périclite. Sa peur panique de changer une formule qui jusqu’à présent s’était avérée gagnante, lui fait refuser dorénavant tout rôle un peu différent : elle refuse de jouer Mrs Robinson dans le Lauréat.
Quand le mari de Doris décède en 1968, elle découvre avec effroi qu’il était criblé de dettes et avait signé à son insu un contrat pour qu’elle joue dans une sitcom à la télé. C’est ainsi que Doris finira sa carrière dans la navrante « Doris comédie », que pourtant je regardais avec délice dans mon enfance (le charme de Doris sans doute).
Déçue par les hommes (elle se remariera et divorcera encore 2 fois), comme Brigitte Bardot, Doris s’est tournée vers les animaux, surtout les chiens qu’elle adore. Elle a animé aux USA une sorte de 30 millions d’amis qui n’a pas marché. Doris Day vit à présent en recluse en Californie, avec ses amis à 4 pattes. Elle a récemment perdu son fils unique, Marty Melcher (né de son mariage avec Al Jorden, puis adopté par Melcher), décédé d’un cancer.
Pour les admirateurs de Doris Day chanteuse, la très perfectionniste firme allemande Bear Family a ressorti l’intégralité de ses enregistrements sur 4 superbes (et coûteux) coffrets de 8 CDs chacun. Pour bien moins cher, on peut s’offrir en DVD son show TV de 1971, où elle reprend avec Perry Como les gros succès de sa carrière, et nous présente ses amis les animaux qui semblent vraiment occuper une très grande place dans son cœur.

3 commentaires:

  1. Muchos carteles españoles de films

    RépondreSupprimer
  2. A noter qu'un de ses rôles Calamity jane de 1953
    ( http://www.dorisday.net/calamity_jane.html ) a été repris sur scène avecun certain succès à Londres en 2005 par l'actrice et chanteuse anglaise Toyah Willcox (qui pourrait inclure le panthéon de ce blog....discrète suggestion :) ) (http://www.toyahwillcox.com/bio.html ). Cette artiste (qui a eu son heure de gloire dans les années 80s) est assez méconnue en France bien qu'elle ait joué dans le Quadrophenia des Who, tourné deux films avec Derek Jarman (dont le film punk Jubilee en 1977) et même donné la réplique à Katherine Hepburn dans un téléfilm réalisé par Georges Cukor "The corn is green" en 1980, puis à Sir Laurence Olivier dans "theebony tower" en 1985 . Toyah est également l'épouse du guitariste de King Crimson Robert Fripp et, tout en continuant sa carrière d'actrice (le plus souvent au théâtre ou dans des pantos), a fondé un excellent nouveau groupe appelé The Humans depuis 2007.

    RépondreSupprimer
  3. je me suis payé les coffrets "bear..." il y a bien une dizaine d'année maintenant: ces cd resteront à jamais dans ma discothèque, incontournables, un "must have" absolu!

    RépondreSupprimer