jeudi 4 juin 2009

Mitzi Gaynor, une fille en or







Mutine et sexy, fraiche et enjouée, danseuse talentueuse, Mitzi Gaynor restera dans les souvenirs des cinéphiles pour ses prestations dans une poignée de films de la fin des années 50, pures pépites issues d'un âge d'or où le film musical hollywoodien brillait intensément de ses derniers feux.
Née en 1931, d'un père chef d'orchestre et d'une mère danseuse, la jolie Mitzi danse à l'opéra depuis son plus jeune âge. Elle prend des cours auprès de sa maman, rêvant d’une carrière dans le monde du spectacle. Pendant la guerre, elle participe à des shows pour les soldats où elle se livre des imitations de Carmen Miranda.Après de petits rôles dans diverses opérettes comme la fugue de Mariette avec Susanna Foster, la jolie danseuse est remarquée par George Jessel lors d’une représentation théâtrale de « the great waltz » : il la pistonne pour un screen test à la Fox. Mitzi rejoint ainsi l’écurie de Darryl Zanuck, dont la reine est la blonde Betty Grable.
En 1950, elle débute à l'écran dans « MY BLUE HEAVEN » dont Betty Grable et Dan Dailey sont les vedettes. Considéré comme le plus faible des films tournés par le duo de comédiens, il n'est pas désagréable pour autant. Mitzi y incarne une jeune fille vive et impertinente qui essaie de piquer le mari de Betty Grable. Le numéro de danse "love hard, work hard" qu'elle partage avec Dan Dailey est le meilleur moment du film . On raconte que Betty Grable aurait suggéré au réalisateur de laisser à Mitzi l’exclusivité du numéro de danse et celle-ci en a bien profité car elle récolta les seules bonnes critiques du film.Encouragée par les réactions positives, la Fox lui confie le premier rôle d’une fille en Or, avec un personnage déluré à la Betty Hutton, dans un far west de fantaisie (ce film restera d‘ailleurs son meilleur souvenir). On la retrouve ensuite dans Gosse des bas fonds, un petit musical plutôt quelconque sauvé par quelques numéros très sexy de la pimpante actrice (sortie en DVD l’an dernier). La folle aventure(1953), biographie inconsistante de la chanteuse Eva Tangay, mal reçue par le public, fatigué de ce genre de sucreries conventionnelles. Si l’on se fie aux critiques désastreuses, le désir sous les palmes(1953) était pire encore, à tel point que Zanuck aurait alors perdu confiance sur le potentiel de la vedette. Après avoir été rétrogradée dans un western de série B, l’actrice figure en 6ème position sur l’affiche de la joyeuse parade (1954) éblouissante saga familiale , boostée par les immortelles mélodies d’Irving Berlin. Elle y est délicieuse et pétillante (son visage semble avoir un peu changé depuis MY BLUE HEAVEN ) et à mon avis supporte largement la comparaison avec sa partenaire Marilyn Monroe. Cette dernière est devenue en quelques mois le numéro un de la Fox, et un des plus grands mythes de l’écran. Evidemment, la trajectoire de Mitzi fait un peu pâle figure à coté, et Zanuck décide de ne pas renouveler son contrat.
Au creux de la vague, l’actrice ne demande qu’à rebondir. Après une liaison avec l'érotomane Howard Hugues (qui plus ou moins simultanément sortait avec Jean Simmons et Debra Paget) elle épouse Jack Bean, attaché de presse qui entreprend de relancer sa carrière déclinante, en lui trouvant un look plus sexy, multipliant les photos en maillot de bain. Après quelques déconvenues (on lui refuse un rôle dans Oklahoma), Mitzi est engagée dans quadrille d’amour (1956) avec Bing Crosby : un musical réussi où sexy en diable, elle brille en interprétant « anything goes » et dans ses duos avec Donald o'Connor.
Les girls de George Cukor, merveilleux musical est peut être son meilleur film. Le scénario est particulièrement original, l'interprétation particulièrement enlevée (surtout Kay Kendall) et le duo de danse que Mitzi forme avec Gene Kelly sur une parodie de l'Equipée sauvage, génial. En 1958, Mitzi décroche le rôle féminin principal si convoité dans l'adaptation au cinéma de l'opérette South Pacific, qui a fait un malheur à Broadway. Elle est préférée à la créatrice à la scène Mary Martin, à Doris Day et Judy Garland. Ce gros succès commercial (aux USA) est souvent décrié par la critique, et l'utilisation de filtres colorés par le réalisateur Joshua Logan jugée abusive. Et bien moi, j'ai adoré cette opérette et certains passages (la romance de John Kerr avec une jeune polynésienne sur l'île de Bali Hai) sont magnifiques. Dans le rôle peu sympathique d'une femme raciste outrée de constater que l'homme qu'elle aime a eu des enfants avec une polynésienne, Mitzi se sort bien et forme un couple romantique avec Rossano Brazzi. Sans avoir la jolie voix de Mary Martin, elle chantonne de façon très convenable (j'ai lu d'ailleurs que les ventes -énormes- de la BO du film ont rapporté à Mitzi plus d'argent que tous ses films réunis!) les magnifiques mélodies de Rodgers et Hammerstein. Après ce coup d'éclat, hélas, la carrière de Mitzi subit de plein fouet le déclin du film musical. On la retrouve dans quelques comédies aux cotés d'acteurs prestigieux (Yul Brynner, David Niven). par la suite, Mitzi n’a pas d’autres choix que de se tourner vers les cabarets de Las Vegas (elle devient même propriétaire d’une partie du Flamingo hôtel) et les spectacles à la TV: En 1964, elle partage avec les Beatles la vedette d’un Ed Sullivan show où ses tenues trop sexy et ses danses suggestives font jaser et fait sensation lors d'une remise des oscars en 1967, dans un numéro très applaudi. Le travail et l’obstination ont finis par payer : ses one woman shows où elle reprend des passages de ses films les plus connus et notamment South Pacific sont désormais acclamés autant pour leurs chorégraphies que les qualités de chanteuse et de comédienne de la blonde vedette.
Pour admirer les talents de cette danseuse particulièrement craquante, outre quelques films en DVD, on peut désormais se tourner vers une compil de ses shows télé tout à fait enthousiasmante.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire