samedi 21 mai 2011

Pat Kirkwood, favorite du Prince







Grâce à sa grande beauté, ses superbes jambes (qui seraient la huitième merveille du monde selon un critique de l’époque !) , Pat Kirkwood s’est imposée au tout début de la seconde guerre mondiale comme une des artistes de music hall les plus appréciées du public britannique : un succès sur scène comme à l’écran que la belle n’arrivera pas hélas à imposer à Hollywood . Cependant, c’est surtout en raison de sa possible liaison avec le Prince Philip d’Angleterre que l’actrice, dont peu de films ont été réédités en DVD, est encore évoquée de nos jours.

Née en 1921 à Pendleton dans une famille très modeste, Pat Kirkwood gagne toute jeune un concours de chant qui lui vaut de paraître dans un programme radio pour la jeunesse, sous le sobriquet de « la chanteuse écolière ». Elle se produit dans plusieurs spectacles de pantomime sur les scènes londoniennes avec Stanley Lupino, le père d’Ida, comédien très apprécié à l’époque. Dès l’âge de 17 ans, la brunette fait ses débuts à l’écran dans deux médiocres comédies musicales avec l’acteur écossais Dave Willis. En 1939, elle est la partenaire du très populaire et sympathique George Formby (l’homme au ukulélé) dans un de ses films les plus réussis « Come on George ». La même année, elle accède au vedettariat en reprenant dans la revue Black velvet le fameux titre de Cole porter « my heart belongs to Daddy » créé à Broadway par la talentueuse Mary Martin (et repris plus tard par Marilyn Monroe). La voix à la fois haut perchée et affectée de la jeune artiste n’égale pas à mon avis celle de la mère de JR, mais la chanteuse a de l’abattage, et est surtout belle à couper le souffle : tout Londres lui fait les yeux doux et Cole Porter lui-même est très enthousiaste. Pendant le blitz, la ville est meurtrie par les bombardements allemands et les anglais ont plus que jamais besoin de divertissement, alors le spectacle continue de plus belle alors que la cité s’embrase. En 1940, elle fait un tabac dans l’amusant « Band wagon » avec Arthur Askey, en révélant des jambes superbement galbées : les critiques élogieuses la comparent à la pin up Betty Grable, nouvelle coqueluche de l’écran hollywoodien. Loin des petites divettes aux sages nattes qui sévissent sur les scènes de Londres, Pat représente le modernisme et le dynamisme des stars de Broadway. Le succès est tel que la jeune vedette est invitée à Windsor pour se produire devant la famille royale. La renommée de la jeune artiste parvient jusqu’aux USA : les studios les plus prestigieux comme MGM et la Fox font part de leur intérêt. Finalement, Pat signe avec la MGM et se rend à Hollywood dès que les liaisons sont rétablies avec ce continent.
Hélas, Pas de congés pas d’amour (1945) avec Van Johnson, le jeune premier en vogue, est un échec cuisant et inattendu. Une histoire simplette de marins en goguette, de retour du front, parsemée de numéros musicaux des plus disparates de l’orchestre de Xavier Cugat à la soprano. Marina Koschetz. Il est probable que le public était peut être un peu lassé de ce genre de films patriotiques, vus et revus pendant la guerre. Minée par cet insuccès, l’épouvantable ambiance du tournage et l’absence de soutien du studio qui la tient pour responsable de cet échec, la vedette fait une dépression nerveuse. Elle aurait même tenté de se suicider en se jetant d’un pont.
Convalescente, elle est contrainte de refuser le rôle principal dans la version londonienne de l’opérette Anny get your gun : décidemment la malchance la poursuit.
De retour en Angleterre, l’actrice paraît dans quelques revues et regagne une partie de sa gloire passée en s’illustrant dans une pièce que le grand Noël Coward a spécialement écrite à son intention. Elle connaît aussi quelques succès dans la chanson comme la version anglaise de papaveri e paperi (le tube de Nila Pizzi)
C’est à cette période que l’actrice est mêlée à un énorme scandale : Par l’intermédiaire de son compagnon, photographe de mode, la vedette rencontre le duc d’Edimbourg autrement dit le prince Philip marié depuis peu à la reine Elizabeth qui la salue dans sa loge : la presse de l’époque rapporte, à la grande fureur du Roi George VI, que le soir même, ils auraient dansé ensemble joue contre joue puis partagé un petit déjeuner le lendemain matin. Le prince lui aurait offert une superbe Rolls…
L’actrice a beau avoir cent fois démenti l’existence de cette romance, les rumeurs courent encore des décennies après…Après tout, n’a t’ont pas prêté au Prince une vie sentimentale très tumultueuse et des liaisons avec d’autres très belles artistes comme Merle Oberon…
On raconte que la vedette était particulièrement vexée de découvrir dans les tabloïds des titres désobligeants comme « le prince et la show girl », alors qu’elle était une vedette reconnue depuis près de 10 ans. Après le scandale royal, l’actrice doit faire face à d’autres drames sentimentaux (le décès de son second mari, un richissime armateur grec, à peine 2 ans après leur noces, l’infidélité du troisième…).

Dans les années 50, Pat se tourne vers le petit écran qui lui donne l’opportunité de s’essayer à de grands rôles comme Pygmalion. En 1954, elle chante dans les cabarets de Las Vegas.
On la retrouve sporadiquement au cinéma, dans un mélodrame One a sinner (où elle se révèle très convaincante dans un rôle de garce), stars in my eyes (musical en technicolor et cinémascope avec la brillante chanteuse Dorothy Squires) et enfin un musical bel époque (comme on en faisait à la fox dans les années 40) pour une fois réalisé par un metteur en scène de renom (Compton Bennett) avec un partenaire prestigieux (Lawrence Harvey) : un biopic qui vaut surtout pour les chansons et le charme de la vedette.
Elle triomphe sur scène dans Wonderful Town de Bernstein. En 1976, sa prestation dans une reprise de Pal Joey lui vaut des critiques élogieuses. L’artiste se retire ensuite de la scène pour vivre au Portugal. Elle fait néanmoins une rentrée remarquée dans une revue en 1993. En somme une bien jolie carrière.
Sans aucune prétention, l’actrice regrettait néanmoins, l’absence de toute accolade ou décoration par la cour d’Angleterre (on devine pourquoi !!)
Atteinte de la maladie d’Alzheimer, l’artiste avait perdu tout intérêt dans l’existence et refusait de s’alimenter : elle est décédée en 2007.

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