dimanche 28 juin 2009

Nour el Hoda, la voix d'or du Liban




Le joli prénom arabe Nour El Hoda signifie " la lumière qui guide " : un pseudonyme tout à fait approprié à cette grande chanteuse libanaise qui éclaira de sa présence et de sa voix quelques mélos musicaux des années 40 à l'époque où les studios de cinéma du Caire étaient l'équivalent d'Hollywood et où le public arabe adulait comme des divinités les chanteurs protagonistes des films musicaux.

Née en 1924 à Beyrouth, Nour El Hoda a très vite été remarquée par son entourage pour ses talents vocaux. A l'âge de 18 ans, la jeune femme se rend en Egypte pour une audition qui lui vaut d'être immédiatement embauchée dans un cabaret. Youssef Wahbi, acteur et metteur en scène très influent en Egypte (sa riche carrière s'étendra jusqu'en 1978, avec Alexandrie pourquoi de Youssef Chahine) est impressionné par la voix d'or de la jeune artiste : il lui propose de jouer à ses cotés dans Gawhara (1943). Elle y incarne une jeune et belle chanteuse qui rencontre dans une soirée un homme très riche. Une histoire d'amour naît entre eux. et ils espèrent se marier, mais les conditions sociales les en empêchent. En somme, un scénario des plus classiques pour une production d'un grand conformisme.

Le succès remporté par le film va faire de Nour El Hoda une des principales vedettes du cinéma égyptien pendant une dizaine d'années. Tout en enregistrant un grand nombre de 78 tours, celle que l'on surnomme déjà la voix d'or, joue à l'écran aux coté des plus grands artistes du moment.

Dans gloire et larme, elle joue aux coté de Mohammed Fawzi, chanteur très populaire, surnommé le Casanova du Nil en raison de sa vie sentimentale très agitée et de ses nombreux mariages avec des comédiennes. Néanmoins, il est peu probable qu’il soit parvenu à séduire la jolie libanaise tant celle-ci passait pour un modèle de vertu. D’ailleurs, elle refusait toujours de porter des tenues sexy ou d’embrasser ses partenaires à l’écran, ce qui lui valait d’être respectée par les conservateurs (l’actrice sera décorée au cours de sa carrière par les gouvernements libanais et syriens mais aussi par l’église orthodoxe).
Néanmoins cette attitude rigide n’induit pas que la chanteuse à la voix d’or n’acceptait d’interpréter que des filles timides et farouches. Au contraire, on est surpris de constater que dans ses comédies les plus connues, elle campait des filles un peu délurées et manipulatrices prête à tout pour épouser l’homme qu’elles s’étaient choisies.

Dans Ne le dites à personne (51),(grand classique de la comédie musicale égyptienne et son seul film disponible en DVD), elle est éprise d’un chanteur adulé (Farid El Atrache) et fait croire à toutes ses amies qu’il est très amoureux d’elle alors qu’il est fiancé à une danseuse (la grande Samia Gamal). Elle lui tend un piège pour l’obliger à l’épouser. Nour El Hoda est pour beaucoup dans la réussite du film tant son entrain, sa fantaisie et sa vivacité font mouche aussi bien dans les scènes de comédie que dans les chansons qu'elle interprète avec beaucoup de punch.


Nour retrouve le célèbre Farid El Atrache dans je veux me marier (52) : là aussi, elle veut à tout prix l’épouser Farid el Atrache, alors qu’il est déjà convoité par une autre (cette fois Leila El Djezzeria qui a remplacé Samia dans le cœur de Farid). Le film est réalisé de façon rudimentaire avec des décors d’une rare pauvreté : à coup sûr, il n’a pas du coûter bien cher.Le spectacle ne vaut le détour que pour ses passages musicaux : Nour el Hoda y chante avec beaucoup de talent l’entraînant hal hila al juchée sur une lune de carton pâte. Ses duos avec le fameux chanteur fonctionnent très bien.

En 1953, Nour El Hoda clôt sa carrière avec un égyptien au Liban : elle y incarne une jeune femme amoureuse d’un jeune homme riche et oisif (Kamal el Chenaoui) qui vient d’être éconduit par une danseuse cairote. La similitude ses scénarii a t’elle fini par lasser la chanteuse ou le public? Nour El Hoda a-t-elle pâti de la célébrité toujours grandissante de l’autre chanteuse libanaise en vogue Sabah (qui a d’ailleurs reconnu s’être beaucoup inspirée d’elle)? En tous les cas, en 1953, la star quitte l’Égypte et le cinéma pour son Liban natal où elle chantera encore à la télévision jusque dans les années 60 avant de disparaître de la vie publique.
L’actrice qui vivait en recluse à Beyrouth (sa maison a été bombardée pendant la guerre civile) est décédée en 1998 à l’âge de 74 ans.




2 commentaires:

  1. Asmahan. Nour hoda. Chadoa


    On 'ne. Detrone. Pas. Les. Vraies. Renes. Fe. La chanson. Impossible

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  2. La voix de Nour al Houda est bien plus belle que celle de Sabah, elle égale la grande Fayrouz et Oum Kalthoum. Dans le film "Jawhara", elle est très émouvante en jeune fille pauvre et humble, qui sauve un grand compositeur du suicide. Celui-ci jouera les Pygmalion et en fera une magnifique cantatrice. C'était "My fair Lady" avant l'heure, avec une touche de Gelsomina de "La strada" !

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