dimanche 28 juin 2009

Marujita Diaz, madame scandaleuse





Si le nom de la pétulante chanteuse des années 50 Marujita Diaz est toujours très populaire en Espagne, ce n'est plus à cause de ses disques ou de ses comédies musicales mais des frasques de l'excentrique vedette qui alimentent régulièrement les nombreux journaux à cancan qui pullulent dans ce pays.
En multipliant les scandales, cette mangeuse d'hommes est parvenue à rester constamment sous les feux de l'actualité, sans que son activité artistique y soit pour quelque chose.

Née en 1932, Marujita Diaz a entamé toute petite une carrière artistique au théâtre avant d'obtenir de petits rôles au cinéma. On l'aperçoit notamment dans Andalousie (1950), populaire adaptation d'une opérette de Francis Lopez et l'un des plus gros succès du duo Luis Mariano / Carmen Sevilla.
Sa vivacité et son sens de la fantaisie, ainsi que sa voix perçante (un peu trop vibrante à mon goût) la distinguent des nombreuses autres chanteuses du moment. Elle donne deux fois la réplique au merveilleux chanteur Antonio Molina (le père d'Angéla), probablement une des voix les plus extraordinaires de par le monde. De fil en aiguille, Marujita gagne le statut de vedette à une époque où le cinéma musical espagnol triomphe et s'exporte , grâce au petit Josélito et à la troublante Sara Montiel dont la notoriété dépasse de loin les frontières espagnoles. C'est la grande vogue du films de " couplets ", romances sentimentales rétro parsemées de vieilles rengaines de la belle époque et situés invariablement au début du 20ème siècle ou "au temps du charleston" pour reprendre le titre français d'un de ses rares films exploités chez nous. L'apanage nostalgique et suranné d'un cinéma corseté par le franquisme.
Comme Sara Montiel, Silvia Pinal et Lilian de Celis, Marujita Diaz se fond sans se faire prier dans ces films musicaux à l'eau de rose, d'intérêt fort limité, il faut bien l'avouer.
Cependant, on aurait tort de réduire Marujita à un clone de la belle Sara tant leurs personnalités sont différentes.
Petite et bouillonnante, Marujita est un vrai tourbillon de fantaisie et d'espièglerie par rapport à la placide diva Sara Montiel, juchée sur son pied d'Estale et abonnée aux amours impossibles ;
Dans son film le plus connu ¨Pelusa (1960), elle incarne une jeune artiste de cirque amoureuse d'un trapéziste (Espartaco Santoni).
Jusqu'au happy end, un véritable assemblage de clichés entre rire et larme dans lequel figure aussi la star française Vivianne Romance dans le rôle de la maman cachée de Pelusa. Au passage Marujita nous gratifie de la petite tonkinoise, de mon homme et d'autres succès du passé ainsi que du soldato espagnol, qui sera son plus gros succès discographique.
Le mariage de la jeune actrice avec son partenaire à l'écran, Espartaco Santoni fera la une des journaux. Place qu'elle continuera longtemps à occuper compte tenu d'une vie sentimentale très agitée car leur union sera de très courte durée. Véritable bourreau des cœurs, Santoni enchaînera les liaisons avec des personnalités aussi connues qu'Ursula Andress ou Caroline de Monaco. De son coté, Marujita épousera le fabuleux danseur de flamenco Antonio Gades (dont on a pu admirer le talent dans Carmen de Carlos Saura). Leur histoire d'amour durera 20 mois pas un de plus (par la suite Gades épousera Marisol , l'ex enfant star d'Andalousie)
Toujours dans la veine nostalgique, l'énième adaptation de la Chaste Suzanne, réalisée par Luis Cesar Amadori, metteur en scène argentin très populaire sous l'ère Peron. Dans cette opérette très colorée, production franco-espagnol, Marujita donne la réplique à Noël Roquevert et danse le cancan (elle est visiblement doublée pour les acrobaties) parmi une nuée de danseuses très expérimentées. Dans la version française, elle est doublée pour le chant par la voix haut perchée et assez différente de Mathé Althéry. En 1965, la trépidante artiste trouve un rôle à la hauteur de sa fantaisie dans un musical argentin à grand spectacle " la pergola de las flores ", avec Antonio Prieto, chanteur chilien fort populaire en son temps. Spectacle à gros budget, bien troussé avec des ballets de qualité, il s'agit probablement du meilleur film de la star.
Le déclin du film musical ne va pas vraiment nuire à la carrière de la chanteuse, qui a toujours poursuivi parallèlement sa carrière au théâtre, au petit écran et sur disque. De la revue à la zarzuela (opérette typique espagnole) en passant par la variété et le passo doble, il est peu de genres que Marujita n'ait pas abordés.
En 1972, on la retrouve en guest star pour les passages musicaux d'une affligeante comédie la Bourse ou la vie. Telle une Mireille Matthieu ibérique, elle y détaille de sa voix très tremblée, une série d'airs célèbres espagnols dans des décors de carton pâte.
Si le répertoire et les films de Marujita Diaz font désormais partis du passé et sont liés à l'époque franquiste (on remarquera qu'elle a interprété un grand nombre de chansons patriotiques qui ont marqué cette période de dictature), l'artiste n'a jamais voulu se résoudre à l'oubli et à l'anonymat.

Ses amours tapageuses et ses excentricités n'ont jamais lassé un certain public avide de potins plus ou moins trash. Toujours très fortunée, la star espagnole ne paraît pas du tout ses 77 ans et fréquente assidument la jet set internationale. Après sa liaison avec un acteur de porno (Dinio Garcia) qui aurait pu largement être son petit fils et qui grâce à son soutien a pu enregister un disque à succès, l'extravagante star septuagénaire aurait eu une liaison (bidon) avec Daniel Ducruet, ex mari de Stéphanie de Monaco. Invitée de l'émission de télé Ciné de Barrio, présentée par José Manuel Parrada sorte de Pascal Sevran local, la star s'est si mal comportée (en déshabillant et en papouillant le présentateur, avant de lui verser un verre de champagne dans le caleçon, tout en s'exhibant nue sur son yacht), que le présentateur vedette a été remercié (et remplacé par Carmen Sevilla, l'ex collègue de Marujita). On n'imaginait pas la télé espagnole si puritaine, mais il est vrai qu'il s'agissait à l'origine d'un spectacle destiné à un public très familial.
Gageons que Marujita n'a pas fini de faire parler d'elle et qu'elle a toujours un tour dans son sac poubelle pour relancer l'attention des médias en lançant quelques piques sur ses vieilles concurrentes Sara Montiel et Carmen Sevilla, en s'exhibant sans sous-vêtements ou en donnant des conseils en matière de sexualité.







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