
Piquante et sexy, blonde au regard coquin, la mignonne Aliki Vougiouklaki fut un peu l’équivalent de Brigitte Bardot en Grèce à une époque où le cinéma de ce pays connaissait son apogée et également une fugace ouverture sur l’étranger. Si le public français n’a jamais vraiment accroché (seuls quelques films de la vedette sont sortis en France à la sauvette pendant la vogue du sirtaki), la jolie pin up a recueilli un succès certain en Espagne et encore plus en Turquie et en Israel. Malgré son décès elle conserve encore une certaine aura en Grèce, et la biographie rédigée par son fils et le téléfilm qui en fut tiré très récemment ont fait couler
beaucoup d’encre. Bien plus que ses talents réels de comédienne (pas toujours reconnus à leur juste valeur) et de chanteuse (plus contestables), c’est son image d’une impudente et éclatante jeunesse qui ont fait sa gloire.
Née en 1933, Aliki a connu bien des drames dans son enfance. Après avoir réchappé de peu à une pneumonie alors qu’elle était un nourrisson, elle perd son père assassiné par les nazis pendant l’occupation allemande. Fascinée par Garbo et Mary Pickford, la fillette prend goût pour le théâtre lors des fêtes scolaires. A 19 ans, elle remporte le concours d’entrée de l’école nationale d’art dramatique où elle fait son apprentissage en jouant dans des pièces de Molière. Travailleuse et ultra professionnelle, on raconte qu’il ne lui a fallu que 3 jours pour apprendre les dialogues de Roméo et Juliette et remplacer une collègue malade. Avec une tel bagage, on aurait pu s’attendre à une carrière de comédienne classique , mais le cinéma va changer sa trajectoire. Après un premier film en 1954 (la souris, une adaptation de Pygmalion), l’actrice gagne du galon en quelques années
dans une série de comédies faciles produites par la firme Finos où elle incarne de jeunes filles effrontées comme dans Aliki au collège (1960) où elle campe avec aplomb une collégienne amoureuse de son professeur. Parallèlement, elle triomphe sur scène dans la version grecque de l’opérette my fair lady (1958). En 1960, Aliki remporte le premier prix d’interprétation du festival de Salonique (pour la Mantalena, son premier très grand succès où elle entonne quelques jolies mélodies d’Hadjidakis
, compositeur très réputé , qui fera beaucoup pour l’essor de la musique grecque dans le monde entier).
Mais plus que la reconnaissance des critiques, Aliki savoure la ferveur du public populaire qui l’acclame avec ardeur. Son personnage de fille du peuple, simple mais très sexy fait l’unanimité d’Athènes à Corfou. Le prince héritier Constantin II est également sous le charme, et les journaux évoquent une possible liaison. La raison d’Etat étant la plus forte et la vie n‘étant pas toujours un conte de fée , le prince n’épousera pas la BB grecque mais Anne-Marie du Danemark, fille du roi Frédérick IX. Aliki peut toujours se consoler avec ses succès cinématographiques. La fille de l’amiral (à ne pas confondre avec le musical hollywoodien de Roy Rowland) sorti en 1961 bât tous les records d’entrée en Grèce (590 000 entrées, un chiffre inouï pour l‘époque), et près de 50 ans plus tard demeure le troisième plus gros succès de l’histoire du cinéma grec!
Il s’agit comme la plupart de ses films d’une comédie musicale un peu simplette (pour rejoindre son fiancé engagé dans la marine, une jolie
blonde se déguise en moussaillon ) agrémentée d’airs folkloriques entraînants. La voix d’Aliki n’a rien d’extraordinaire, mais se laisse écouter, et son charme juvénile à mi chemin entre Sandra Dee et Sophie Daumier fait mouche. Si la vedette grecque fait sensation au festival d’Édimbourg, les tentatives des producteurs pour l’imposer au public anglais échouent . Aliki my love (1963), son premier film anglais , réalisé par Rudolph Maté, pour lequel elle a collaboré au scénario et qui la présente sous un jour encore plus sensuel, est un gros flop (en raison notamment des grosses difficultés de la comédienne avec la langue anglaise).
En dansant le sirtaki (1966) vise également un public international, sous le charme des rythmes hellènes depuis le succès du film Zorba le grec. En épouse jalouse d’un peintre en bâtiment, l’artiste tente de faire mûrir son personnage d’éternelle adolescente mais sans grand succès si
l’on en juge par les résultats du film aussi bien en Grèce qu’à l’étranger. Elle y donne une fois de plus la réplique de Dimitris Papamichael, qui deviendra également son mari dans la réalité pour la plus grande joie de ses fans (ils auront un fils en 1969). Elle le retrouve dans Notre amour, adaptation bien peu convaincante d’une étoile est née à la mode grecque. Si le petit film parait presque ridicule à coté des chefs d’œuvre hollywoodiens, Aliki y révèle un vrai talent dramatique et
une forte capacité d’émotion.
Soucieuse de rétablir une carrière un peu déclinante, la comédienne n’hésite pas à reprendre ses rôles d’adolescentes effrontées dont elle n’a plus l’âge. C’est pourtant un film de guerre et une composition dramatique qui vont rétablir son statut d’étoile nationale : Lieutenant Natacha (1972). Elle y incarne avec talent une veuve qui rentre dans la résistance. Capturée et torturée par les nazis, elle devient amnésique et perd l’usage de la parole . C’est un triomphe encore plus grand que la fille de l’amiral. Le film reste à ce jour le plus gros succès du cinéma en Grèce. On la retrouve ensuite dans un remake de Johnny Belinda qui avait valu jadis à un oscar à Jane Wyman. Encore un rôle difficile (de sourde muette victime d’un viol) dont elle se tire remarquablement.
Après son divorce avec Dimitris Papamichael le déclin du cinéma grec, Aliki va essentiellement poursuivre sa carrière sur scène dans des opérettes comme la mélodie du bonheur ou Cabaret, avec beaucoup de
bonheur. De passage à Athènes, Laurence Olivier subjugué par son interprétation du musical Évita déclaré qu’il n’avait jamais vu une meilleure incarnation du personnage. On peut lui faire confiance !
Décédée à l’âge de 63 ans d’un cancer au pancréas, celle qui avait si bien incarné l’insouciance et la jeunesse eut droit à des funérailles nationale. Elle continue de déchaîner les passions dans son pays si l’on en juge par les réactions lors de la sortie de la biographie que son fils lui a consacré ou du téléfilm qui en fut tiré, jugé indigne de sa personne.
Pour les cinéphiles qui souhaiteraient la découvrir, rappelons que la firme Finos ressort son catalogue sous forme de coffrets, avec des sous-titres anglais.

Née en 1933, Aliki a connu bien des drames dans son enfance. Après avoir réchappé de peu à une pneumonie alors qu’elle était un nourrisson, elle perd son père assassiné par les nazis pendant l’occupation allemande. Fascinée par Garbo et Mary Pickford, la fillette prend goût pour le théâtre lors des fêtes scolaires. A 19 ans, elle remporte le concours d’entrée de l’école nationale d’art dramatique où elle fait son apprentissage en jouant dans des pièces de Molière. Travailleuse et ultra professionnelle, on raconte qu’il ne lui a fallu que 3 jours pour apprendre les dialogues de Roméo et Juliette et remplacer une collègue malade. Avec une tel bagage, on aurait pu s’attendre à une carrière de comédienne classique , mais le cinéma va changer sa trajectoire. Après un premier film en 1954 (la souris, une adaptation de Pygmalion), l’actrice gagne du galon en quelques années


Mais plus que la reconnaissance des critiques, Aliki savoure la ferveur du public populaire qui l’acclame avec ardeur. Son personnage de fille du peuple, simple mais très sexy fait l’unanimité d’Athènes à Corfou. Le prince héritier Constantin II est également sous le charme, et les journaux évoquent une possible liaison. La raison d’Etat étant la plus forte et la vie n‘étant pas toujours un conte de fée , le prince n’épousera pas la BB grecque mais Anne-Marie du Danemark, fille du roi Frédérick IX. Aliki peut toujours se consoler avec ses succès cinématographiques. La fille de l’amiral (à ne pas confondre avec le musical hollywoodien de Roy Rowland) sorti en 1961 bât tous les records d’entrée en Grèce (590 000 entrées, un chiffre inouï pour l‘époque), et près de 50 ans plus tard demeure le troisième plus gros succès de l’histoire du cinéma grec!
Il s’agit comme la plupart de ses films d’une comédie musicale un peu simplette (pour rejoindre son fiancé engagé dans la marine, une jolie

En dansant le sirtaki (1966) vise également un public international, sous le charme des rythmes hellènes depuis le succès du film Zorba le grec. En épouse jalouse d’un peintre en bâtiment, l’artiste tente de faire mûrir son personnage d’éternelle adolescente mais sans grand succès si


Soucieuse de rétablir une carrière un peu déclinante, la comédienne n’hésite pas à reprendre ses rôles d’adolescentes effrontées dont elle n’a plus l’âge. C’est pourtant un film de guerre et une composition dramatique qui vont rétablir son statut d’étoile nationale : Lieutenant Natacha (1972). Elle y incarne avec talent une veuve qui rentre dans la résistance. Capturée et torturée par les nazis, elle devient amnésique et perd l’usage de la parole . C’est un triomphe encore plus grand que la fille de l’amiral. Le film reste à ce jour le plus gros succès du cinéma en Grèce. On la retrouve ensuite dans un remake de Johnny Belinda qui avait valu jadis à un oscar à Jane Wyman. Encore un rôle difficile (de sourde muette victime d’un viol) dont elle se tire remarquablement.
Après son divorce avec Dimitris Papamichael le déclin du cinéma grec, Aliki va essentiellement poursuivre sa carrière sur scène dans des opérettes comme la mélodie du bonheur ou Cabaret, avec beaucoup de

Décédée à l’âge de 63 ans d’un cancer au pancréas, celle qui avait si bien incarné l’insouciance et la jeunesse eut droit à des funérailles nationale. Elle continue de déchaîner les passions dans son pays si l’on en juge par les réactions lors de la sortie de la biographie que son fils lui a consacré ou du téléfilm qui en fut tiré, jugé indigne de sa personne.
Pour les cinéphiles qui souhaiteraient la découvrir, rappelons que la firme Finos ressort son catalogue sous forme de coffrets, avec des sous-titres anglais.