dimanche 24 avril 2016

Danik Patisson, l'ingénue sexy aux yeux saphir




Avec sa silhouette parfaite et ses yeux infiniment bleus, Danik Patisson figurait à la fin des années 50 parmi les plus prometteuses nouvelles étoiles du cinéma. A la fois tendre et sentimentale comme une douce ingénue, ou provocante et sexy comme Brigitte Bardot, tous les espoirs étaient alors permis à la débutante. Née en 1939 à Senlis, la petite Danielle fut élevée seule par sa mère, dans des conditions fort modestes, et loin des bancs de l’école qu’elle ne fréquenta qu’à titre très occasionnel. Pour lui donner le goût de la discipline son parrain, colonel, l’inscrit à des cours de danse classique au Châtelet qu’elle suit pendant plusieurs années. Après avoir posé très jeune pour des photos de mannequin, illustré de nombreux magazines y compris consacré à la santé, et obtenu le titre de Miss paris à un concours de beauté, la jeune fille de 14 ans, poussée par sa mère, décroche divers petits rôles à l’écran. Malgré l’opposition de son entourage et de la production, le cinéaste d’origine russe Léonide Moguy, connu autant pour des films traitant de sujets de société, que son talent pour découvrir les talents lui propose le premier rôle de son film Le long des trottoirs qui traite de la prostitution, alors que d’autres jeunes comédiennes en herbe assez connues ont été auditionnées. De ce rôle difficile de jeune orpheline, abusée par un infâme
maquereau qui le met sur le trottoir ? Danik se sort avec les honneurs. Un contrat d’exclusivité signé trop hâtivement avec des producteurs peu scrupuleux, va pourtant freiner sa carrière à peine entamée.

Enfin libérée de ce carcan, l’actrice joue
dans un bon polar de Pierre Chenal (Rafles sur la ville) avec Michel Piccoli et parvient à décrocher de petits rôles dans des productions internationales laissant présager un bel avenir. Elle joue aux côtés de Tyrone Power dans Le soleil se lève aussi, de Romy Schneider dans Jeunes filles en uniforme et d’Antonio Vilar dans une production franco-portugaise (le cousin Basile) qui pourtant ne sera pas distribuée chez nous. En 1959, elle figure aux côtés de la pulpeuse Jayne Mansfield dans La blonde et les nuits de Soho, un polar truffé de numéros musicaux et de scènes de strip-tease, dont l’un effectué par Danik. Irrésistiblement belle, elle éclipse largement dans ce passage la trop plantureuse Jayne qui essaiera de couper le plus possible la séquence de sa rivale.

Hormis L’accident un très bon thriller à l’atmosphère étouffante de Gréville, l’actrice se cantonne à des polars de série B sans grande envergure dans lesquels ses apparitions sont de plus en plus brèves et certains de ses projets tombent
à l’eau (une adaptation suédoise de l’Attaque du moulin de Zola où elle est remplacée par Harriet Andresson).
Elle tourne aussi un film avec le chanteur Sacha Distel, avec lequel elle aura une aventure. Le déclin de sa carrière à l’écran l’oriente en 1963 vers le music-hall. Sans jamais enregistrer de 45 tours, elle participe à des tournées à l’étranger aux côtés des Chaussettes noires, où elle reprend la Mamma, Nous les amoureux et d’autres succès du moment, avec sensibilité et talent. Dommage que le cinéma n’est songé à utiliser qu’à de rares occasions son expérience de danseuse ou ses atouts vocaux réels.
En 1964, elle chante dans un polar espagnol dans lequel certaines scènes déshabillées avec une doublure seront rajoutées à son insu sur certains tirages. Mariée, elle donne naissance en 1968 à une petite fille : la future Miss France et animatrice Valérie Pascale. Depuis, Danik est encore apparue occasionnellement à la télévision et surtout au théâtre dont
elle apprécie davantage la proximité avec le public et le don de soi immédiat, sans tricherie ou coupures. Gouailleuse et 100 % nature, la blonde artiste aux yeux toujours magnifiques, était restée une femme chaleureuse, fort drôle et très attachante. Victime d'un cancer contre lequel elle a lutté avec le courage d'une lionne pendant plusieurs années, elle a finalement été terrassée par la maladie en octobre 2016. Ceux qui ont la chance de l'avoir côtoyée ne pourront jamais l'oublier.