samedi 12 mai 2012

Carmen Sevilla, le plus beau sourire d'Espagne

Superbe brune à la silhouette élancée et au visage magnifique, Carmen Sevilla demeure l’une des plus grandes vedettes qu’ait connu le cinéma espagnol. De renommée internationale, elle a formé à l’écran avec le chanteur d’opérette Luis Mariano un couple légendaire qui a fait rêver toute une génération. Même si sa longue filmographie compte peu de films marquants, la belle andalouse aux grands yeux noirs a su faire preuve de beaucoup d’éclectisme et d’opportunisme en faisant évoluer son personnage de la timide vendeuse de violettes de la période franquiste à la star sensuelle et sexy des années 70. Née en 1930 à Séville, la jolie Carmen est la fille de José Garcia Padillo, auteur de chansons et éditeur d’une revue satirique. Grâce aux encouragements de sa grand-mère et d’une amie, fille du directeur d’une académie de danse, elle suit très jeune des cours de chant et de danse au conservatoire. Elle est remarquée par Estrellita Castro, star de cinéma et chanteuse très populaire pour lequel le père de Carmen a déjà écrit quelques airs connus. La célèbre artiste l’engage comme danseuse de flamenco dans sa compagnie théâtrale.
Après avoir figuré brièvement dans un documentaire de 1944, Carmen débute à l’écran en 1947 dans Sérénade espagnole, en adoptant le pseudonyme de Sevilla, le nom de sa ville natale. Il s’agit d’un biopic sur le compositeur Albeniz. Dans son second film, Carmen partage l’affiche du célèbre chanteur Jorge Negrete, superstar au Mexique. Son triomphe fait de la jeune beauté une vedette du jour au lendemain. En 1952, elle est choisie pour donner la réplique à Georges Guétary, dans un film musical français « Plume au vent ». Une belle opportunité étant donné que le chanteur d’opérette est alors au sommet de succès, auréolé par sa participation à un Américain à Paris.
Pourtant c’est son association avec un autre ténor à la voix d’or, le concurrent direct de Guétary, qui fera la gloire de Carmen. Le couple formé à l’écran dans Violettes impériales par Luis Mariano et la timide jeune fille (que la presse rajeunit de quelques années) est touchant et fait fondre le cœur de bien des midinettes d’autant plus que les journaux brodent sur une éventuelle romance trop belle pour être vraie : Luis serait tombé fou amoureux de la belle en plein tournage et l’aurait demandé en fiançailles…des fadaises destinées à couvrir les rumeurs d’homosexualité planant autour du grand chanteur. Violettes impériales (1952) est le remake d’un film muet dans lequel Raquel Meller avait brillé autrefois.
Pour une fois, le scénario est assez solide et les chansons composées par Lopez marqueront durablement les esprits (dont l’amour est un bouquet de violettes que Carmen gravera sur disque Phillips que bien plus tard). Le film sera d’ailleurs un des plus grands succès commercial des années 50. Le couple brille ensuite à l’écran dans deux adaptations à l’écran de ses opérettes à succès (Andalousie et la belle de Cadix), de qualité plus discutable, tournées parallèlement en version espagnole et française ; Carmen y exécute quelques gracieux pas de flamenco, en faisant tournoyer ses jolis jupons pendant que Luis envoie de la voix. Extrêmement populaire des deux côtés des Pyrénées, ainsi qu’au Mexique (on remarquera d’ailleurs que sur les affiches espagnoles et mexicaines, le nom de Carmen figure au dessus de celui du ténor basque), « la fiancée de l’Espagne » tourne film sur film. Parmi ces nombreuses productions, on retiendra Cuentas de la Alhambra (1950) et le remake de la Hermana de San Sulpicio qui fut dans les années 30 un des plus gros succès d’Imperio Argentina, la star des années 30, une version plutôt sympathique en Eastmancolor de la mégère apprivoisée avec l’actrice française Claudine Dupuis (l’action a été déplacée dans l’Espagne du 16ème siècle)
ou encore l’ennuyeux Don Juan avec Fernandel en Sganarelle et un John Berry, exilé pour cause de chasse aux sorcières, derrière la caméra. La vengeance (1956) de JA Bardem avec Raf Vallone, le plus doué des réalisateurs de cette époque, sera même nominé pour l’oscar du meilleur film étranger et couronné aux festivals de Cannes et de Venise. Boudé par la critique française qui n’y voit qu’un mélodrame paysan, c’est pourtant un film engagé sur la souffrance de pauvres moissonneurs sous la dictature franquiste et un des rôles les plus forts de Carmen. Le film sera d’ailleurs interdit en Espagne. Pain, amour et Andalousie (1959) est la dernière partie de la célèbre série de pimpantes et truculentes comédies italiennes avec Gina Lollobrigida. Si certains journalistes sont sous son charme et ventent les mérites d’une « comédienne fine et sensible, danseuse typique au style éblouissant possédant grâce, paeu de velours et fraîcheur fruitée, un des plus jolis sourires du monde…. » d’autres sont plus sceptiques sur son talent et son artisterie. D’aucuns n’hésiteront pas à qualifier son film Flamenco (une co-production hispano-américaine de 1957 avec l’américain Richard Kiley) d’ordure scintillante.
En effet, les films sont jolis, souvent colorés, voire trop, mais le plus souvent totalement inoffensifs, archi-conventionnels et corsetés par le régime franquiste. Doit-on préciser que le général Franco est lui-même un fan de la vedette ? En 1961, Carmen est choisie par Nicolas Ray pour incarner Marie-Madeleine dans le Roi des Rois, superproduction hollywoodienne de la vie du Christ, d’assez bonne facture même si elle sera fort décriée par la critique. La même année, elle épouse le compositeur espagnol Augusto Alguero, qui est l’auteur de quelques énormes tubes de la variété des années 60-70 chantés notamment par Nino Bravo, Connie Francis ou Marisol mais aussi les chansons du film ‘la mégère apprivoisée’.
Tout naturellement, Carmen gravera sur disques certains de ses titres les plus fameux comme Gracias ou la gente qu’elle entonne fort joliment dans le film Crucero de verano (1963). Dans une femme de cabaret (1975), elle reprendra de façon très émouvante et convaincante le « te quiero » que son mari avait écrit à l’origine pour Nino Bravo. En 1962, Carmen rejoint ses deux collègues Paquita Rico et Lola Flores dans le balcon de la lune : une affiche réunissant les 3 vedettes féminines les plus populaires du moment. Au cours des années 60, l’actrice paraît toujours dans de sympathiques comédies musicales un brin folklorique, où elle est plus belle que jamais. En 1971, elle joue face à Charlton Heston dans une fresque historique à gros budget sur Antoine et Cléopatre. Le cinéma hollywoodien cherche un second souffle tandis que le cinéma espagnol se dégage progressivement de son carcan : les films se font beaucoup plus sexy, les actrices se dénudent, même si la qualité globale ne subit pas de nette amélioration. Les cheveux éclaircis et dégagés, le décolleté plongeant, l’ex ingénue des opérettes à l’eau de rose des années 50 n’hésite pas à aborder désormais les giallos un peu corsés (le toit de cristal en 1971) ou les comédies coquines.
Qu’il s’agisse de « Strip tease à l’anglaise », « thérapie par le nu », « il n’est pas bon de laisser un homme tout seul » ou encore « sexe ou pas sexe », ça ne vole pas bien haut, comme on peut le deviner. Parfois certaines furtives scènes de nu seront coupées et réservées pour l’exportation. En 1973, elle reprend sur disque le « paroles paroles » popularisé par Dalida avec le grand comédien Francisco Rabal. A la fin des années 70, la carrière de la vedette espagnole commence à marquer le pas, engloutie par la movida et une nouvelle génération de comédiennes. En 1985, Carmen se remarie avec Vincente Patuel, un exploitant de salles de cinéma, et quitte le monde du spectacle pour s’installer dans une ferme de l’Estrémadure, où elle s’ennuie. Aussi au début des années 90, quand une chaine privée lui propose de mener des interviews sur son antenne, elle accepte à cœur joie :, sa beauté étrangement conservée (merci la chirurgie esthétique !) mais surtout sa classe, son humour et son naturel vont lui valoir un succès immédiat : pendant 20 ans, l’ancienne star va ainsi animer des talkshows et notamment
l’émission Cinéma de quartier, sur la première chaîne espagnole, où elle reçoit des collègues d’autrefois pour discuter et chanter en toute convivialité. Depuis 2010, la star octogénaire a cessé toute activité professionnelle : elle souffrirait de la maladie d’Alzheimer, qui a déjà emporté sa mère, et vit avec ses trois chiens et deux aides-soignants dans un appartement de Madrid. Nous, on ne l’oubliera pas.

jeudi 3 mai 2012

Jenny Hu, le glamour made in Hong-Kong

A Hong Kong, à partir du milieu des années 60, le studio de cinéma des Shaw brothers avait acquis une puissance et une suprématie qui faisait jeu égal avec les usines à rêve d’Hollywood : des immenses entrepôts, des écoles d’acteurs, d’innombrables techniciens et des décors gigantesques où l’on élaborait des films diffusés dans toute la Chine et notamment des films de karaté. Cependant, on y concevait également beaucoup de mélo et de comédies musicales : l’une des plus populaires et des plus jolies vedettes du genre étant certainement Jenny Hu, dont la grâce et le raffinement lui ont souvent valu de flatteuses comparaisons avec Audrey Hepburn. Née en 1945 en Chine, d’un papa chinois pharmacien et d’une maman allemande, la jolie Jenny passé son enfance à Taïwan avant de partir vivre en Allemagne après le décès de son père. Elle a toujours avoué avoir été passionnée par l’univers magique du cinéma dès sa plus tendre enfance. Tout en achevant ses études, elle prend des cours de photo et de danse. Par l’intermédiaire d’une amie, elle fait la connaissance du metteur en scène Kim Chum, qui est tellement emballé par sa beauté, qu’il l’engage immédiatement pour son nouveau film « jusqu’à la fin des temps »,
un mélodrame ultra sentimental, basé musicalement sur une polonaise de Chopin dont une chanson à succès avait été tirée jadis pour le crooner Perry Como. Pour aider son mari musicien malheureux et atteint de cécité, la belle va chanter dans les night clubs. Comme on peut le deviner, son époux (Peter Chen Ho, le Cary Grant chinois) souffre de la situation, mais tout s’arrange à la fin. Si je n’ai pas du tout été touché par ce film très lacrymal en dépit des efforts déployés par le cinéaste, grand spécialiste des films pleurnichards, le public a aimé et applaudi la nouvelle vedette. Pendant les années suivantes, la Shaw Brothers va faire fructifier son investissement en employant la jolie jenny dans une série de drames sentimentaux ou comédies musicales au style glamour, jolis écrins pour la délicate comédienne. Compte tenu de son apparence eurasienne, l’actrice n’est en revanche jamais utilisée dans les drames historiques ni les fameux films de karaté qui vont faire la renommée internationale du studio. Parmi la longue liste de films tournés par la versatile Jenny on retiendra le faucon noir (1967),
un pastiche de James Bond, Madam Slender Plum, une comédie policière hitchcockienne réalisée par Lo Wei futur découvreur de Bruce Lee et Jackie Chan (un des films favoris des fans de l’actrice) ou encore Jeunes amoureux (1970) une comédie un peu simplette sur la jeunesse mise en scène par la japonais Umetsugu. Dans un genre beaucoup plus lacrymal, on évoquera les Rivières de larmes (quel titre !), un mélo mis en scène par son mentor Kim Chum où elle incarne une chanteuse qu’un ancien amant vient faire chanter, avant que son beau-père ne l’expulse du foyer. Le réalisateur, toujours axé sur les histoires dramatiques, se suicidera avant la sortie du film sur les écrans. Si Devinez qui a tué mes 12 amants (1969), malgré son titre son titre intriguant et une Jenny Hu plus sexy que d’habitude, ne tient pas ses promesses, Amour sans fin (1970) est souvent retenu par les spécialistes parmi sa meilleure prestation : le portrait d’une provinciale naïve qui va brûler ses ailes et ses illusions dans la grand ville.
Le remake d’Ecrit sur du vent de Sirk, les torrents de désir (1969) est en revanche bien décevant. Il s’enlise rapidement comme un médiocre soap opéra, interprété de façon ridicule. Notamment Angela Yu, futur star chinoise du film érotique (elle a d’ailleurs quelques scènes topless osées pour l’époque) est catastrophique dans le personnage de sœur débauchée si brillamment joué par Dorothy Malone dans la version d’origine. Ici, les personnages n’ont aucune profondeur (on ne comprend pas bien pourquoi le jeune marié bascule dans la folie et sombre dans l’alcool) et un happy end vient rajouter un coté roman photo à 4 sous. Heureusement Jenny Hu est fort joliment doublée par une soprano qui interprète entre autre un air classique du folklore napolitain en chinois et plusieurs ballades. En effet, dans ces différents films, tristes ou gais, Jenny Hu nous gratifie de quelques charmantes chansonnettes souvent doublées par la délicieuse voix de Jin Ting. Heureusement, contrairement aux scénarii souvent bien pleurnichards de ses films, la vie de la ravissante actrice est loin d’être aussi dramatique !
En 1967, Jenny Hu tombe amoureuse de l’acteur Wei Kang lors d’un tournage : la Shaw brothers est très embarrassée par cette idylle, craignant une éventuelle désaffection du public pour la jolie célibataire qui doit rester un cœur à prendre. Pour tenter de séparer les tourtereaux, le studio les envoie sur des lieux de tournage différents. Mais l’amour est le plus fort et le couple secret parvient à se marier malgré le désaccord de leur employeur. Sans doute lasse des imitions du studio dans sa vie privée, Jenny Hu quitte la Shaw brothers en 1970 pour désormais continuer sa carrière en free-lance. Si Sister Maria (1971) engrange 700 000 dollars au box-office, les films suivants n’auront pas le même succès. Les rôles étant plus difficiles à dénicher dans un cinéma envahi par les films d’arts martiaux, Jenny prête son concours à ce genre de productions, exploitées chez nous dans des cinémas de quartier ou en vidéo. Elle joue ainsi dans Hong-Kong appelle dragon noir (alias Ninja dragon tiger) , le gang des kung fu et dans l’implacable karatéka, que la revue Ecran qualifiera laconiquement de « soja-karaté ».
Aussi en 1975, après la naissance de son second fils, l’actrice ralentit sa carrière pour se consacrer avant tout à ses proches. En 1983, elle part aux USA, à Los Angeles où son mari tient désormais une compagnie d’assurance. Il lui arrive très sporadiquement d’accepter un rôle en guest-star pour le plaisir et pour revoir Son second fils Terence Yin qui s’est lancé à son tour dans le cinéma asiatique. Après s’être essayé dans la chanson sans trop de succès en participant à un boys band, on l’a notamment vu dans le film Lara Croft le tombeau de la vie avec Angélina Jolie en 2003. Elle sera d’ailleurs nominée en 2004 pour meilleur second rôle de Yesterday once more, une comédie romantique. La très belle star des années 60, grâce aux nombreuses rééditions des DVDs de la Shaw brothers, garde encore aujourd’hui beaucoup d’admirateurs en Chine. Cette diva d’une autre époque symbolise plus que toute autre l’époque dorée et le glamour du star system à l’asiatique.

mardi 1 mai 2012

Christine Haydar, l'étoile française d'Istambul


L’histoire de Christine Haydar, c’est un conte de fée un peu insolite : comment une très jolie danseuse française issue d’une famille très humble est devenue star, non pas dans son pays mais en Turquie ! Si la chance a souvent failli lui sourire, lui réservant des rencontres incroyables avec les plus prestigieuses figures du monde du cinéma depuis sa plus tendre enfance, Christine n’a pas toujours eu l’opportunité de les saisir, et comme nul n’est prophète en son pays, c’est finalement en Turquie que la jolie blonde a rencontré la gloire. Née en 1947 à Besançon, Marie-Christine Auféril a vécu sa petite enfance à Pigalle, dans la plus grande promiscuité partageant un minuscule appartement, avec son père musicien, sa mère et ses frères et sœurs. L’acteur Daniel Cauchy, un voisin, informe la famille que Luis Bunuel recherche une gamine pour jouer dans son chef d’œuvre Cela s’appelle l’aurore (1956) : Marie-Christine gagne le petit rôle et avec le virus du spectacle. Malgré les gros soucis financiers de ses parents, elle suit des cours de danse.
Doublure lumière de Françoise Hardy dans Châteaux en Suède de Sagan, elle côtoie les plus grandes stars et entend bien s’accrocher à son rêve d’enfant, mais ne décroche que quelques rôles dans des dramatiques télévisées et pose nue pour des peintres afin d’arrondir ses fins de mois. Une activité qui va la conduire à son premier film sur grand écran : Comme au premier jour(1967), un court métrage commandé par la Fédération Française de Naturisme et tourné partiellement sur l’île du Levant, où la belle se dénude entièrement en vantant les mérites de la vie au grand air. Après deux années à roder son métier de comédienne au théâtre aux cotés de génies comiques comme Poiret et Serrault, la jeune vedette est engagée par Alain Bernardin pour danser dans son fameux cabaret, le Crazy Horse, déjà réputé pour l’ingénieuse mise en scène de ses strip teases et le raffinement de ses éclairages. Christine y danse, nue, en ombre chinoise. On la retrouve au cinéma dans deux films de Claude Pierson comme A propos de la femme (1969) et une fille libre (1971), sous son nouveau pseudo de Christine Davray).
Dans le premier, elle a fort à faire avec un mari tenté par l’adultère et dans le second, elle incarne aux cotés de Roger Hanin et Alain Doutey une jeune libertine qui finit par s'assagir et devenir une parfaite épouse ; Des comédies de mœurs coquines, dans la mouvance de mai 68, qui seront aussi exploitées à l’étranger. Christine participe aussi à un film italien, Zénabel, une fresque picaresque et déshabillée sur la fille cachée d’un noble espagnol, qui entend bien réclamer ses droits, à coup d’épées : du cinéma bis qui ne doit pas manquer de charme. Le mariage de Christine avec le photographe Jean-Yves Haydar (elle aura auparavant une courte liaison avec Alain Delon) et la naissance de son fils en 1972 vont un peu ralentir la suite de sa carrière française qui n’a rien de très prestigieux il faut bien l’avouer. Si le vieux producteur Jack Warner, rencontré chez Eddie Barclay, lui propose un contrat pour son célébrissime studio, la belle Christine, méfiante, refuse de le suivre. Dans les années 70, tout en jouant au théâtre avec Jean-Louis Barrault, la belle va poser à plusieurs reprises pour des magazines de charme dans des poses assez osées.
En 1979, le mari de Christine, qui est aussi le petit fils d’un fameux pacha (dont la famille avait jadis était chassée par Atatürk le victorieux, fondateur et le premier président de la République turque) se rend avec elle en Turquie. Contrairement à ses craintes, le couple est accueilli avec un enthousiasme délirant et tout particulièrement Christine, qui fait la une de la presse people. Auréolée d’une douce odeur de scandale en raison de ses photos sexy, l’épouse du petit fils du pacha fait le buzz : on la somme de chanter : elle part en tournée avec Zeki Müren, le chanteur N°1 du pays, on lui propose un rôle avec Cuneyt Arkin, l’Alain Delon turc. Soyons francs : la blonde dangereuse(1980) est très mauvais film : Une stupide histoire de meurtres dans la grande villa d’une star interrompue par deux numéros de catch (dont l’un dans une piscine) et deux numéros chantés par la belle, qui tourna auparavant. Si son numéro de cabaret sur la chanson pétrole (reprise langoureuse d’un succès d’ Adja Pekkan, grande star de la chanson turc depuis très longtemps) met bien en valeur sa plantureuse personne (avec une robe fendue sur le côté jusqu’en haut de la hanche), son interprétation de felicita en mini bikini sur la plage est limite ridicule.
Comme une bonne partie du film d’ailleurs (sans parler du héros qui surgit des flots pour récupérer la belle que les méchants voulaient noyer dans un sac de pommes de terre) qui de toute manière n’a pas d’autres prétentions que d’amuser : on sent une bonne part d’auto dérision (ce qui rend certains passages plutôt sympas) et surtout de négligence absolue ! En fond sonore, pendant les bains de soleil de la belle Christine on entend Julio Iglesias, ce qui rajoute au côté kitschouille de ce nanar turc. Comme l’explique la belle Christine Haydar, le film a été tourné en 15 jours, et les acteurs n’ont pas appris leurs répliques mais répètent celles qu’on leur souffle sur le plateau : ça se sent ! Christine a ensuite mené des revues dans des cabarets, se produisant tantôt devant un public exclusivement masculin, tantôt devant des salles réservées aux femmes ! Elle grave un 33 tours avec des reprises de satndards de la chanson française comme Sous le ciel de Paris. En 1983, elle joue dans la Rançon(Bedel) avec Kadir Inanir et Ekrem Bora , deux autres grandes stars turques. Le film est meilleur que le précédent, avec la belle Christine en froide tentatrice, semblant sortir tout droit d’un polar hollywoodien. Pourtant, le phénomène Haydar ne perdurera pas sur les écrans turcs : doit-on incriminer le régime militaire conservateur et autoritaire installé depuis le coup d’Etat de 1980 qui a mis un frein brutal sur tout ce qui était un peu trop sexy à l’écran ?
En France, elle tient un mini rôle dans Edith et Marcel de Lelouch en 1983. Depuis le décès de son époux en 1996, Christine Haydar se consacre à l’écriture. Publié en 1999, son roman Simone, grand prix Lafayette, a même été adapté sous forme de spectacle musical et représenté dans plusieurs théâtres parisiens. L’an dernier, la française la plus connue de Turquie a joué à Istambul dans une pièce dramatique, et il est très possible qu’on la retrouve sur une scène parisienne. En attendant, je vous invité à parcourir son blog où elle fait part de ses rencontres et expériences avec le talent d’auteur qu’on lui connaît : http://mes1000etunevies.canalblog.com/