mardi 28 juin 2011

Zizi Jeanmaire, toute la gouaille et l'éclat de Paris









Ballerine à l’opéra, meneuse de revue, chanteuse réaliste, comédienne : la palette des talents de Zizi Jeanmaire est particulièrement étendue : avec de telles cordes à son arc, on comprend sans mal la renommée mondiale de ce titi parisien dont l’abattage et la gouaille furent souvent comparés à Arletty. Plus de cinquante ans de succès de Paris à Broadway en passant par Hollywood, qu’elle proclame sa joie de vivre à coups de talons aiguilles o sur les pointes, avec un éclat de rire tonitruant. Une personnage qui avec l’aide de son mari Roland Petit s’est forgée une image très forte, qui a marqué durablement le show business et le monde des arts.

Née en 1924 à Paris, Renée Jeanmaire a fait ses premières pointes à l’Opéra de Paris en tant que petit rat à l’âge de 9 ans. A 16 ans, elle est engagée dans le corps de ballet. En 1944, la jeune danseuse dont le talent est déjà fort remarqué (ce qui lui vaut même d’obtenir la couverture d’un magazine de cinéma pendant l’occupation), décide de voler de ses propres ailes et de rejoindre le danseur et chorégraphe Roland Petit qui vient de créer les ballets des Champs Elysées.
Ensemble, ils triomphent à Londres puis à Paris dans Carmen (1949), un ballet moderne d’une grande audace et d’une infinie sensualité qui bouscule les standards du ballet français : si le spectacle, basé sur l’opéra de Bizet, fait scandale et est interdit au Canada (Le pas de deux entre Zizi et Roland Petit est en effet très suggestif et provocateur), la presse applaudit le talent de la danseuse et l’intensité de sa création. Elle devient mondialement célèbre en quelques jours.
Avec un tel succès, toutes les portes s’ouvrent devant la ballerine et son mentor : Renée rebaptisée Zizi Jeanmaire (un surnom qui lui vient de son enfance) s’essaye d’abord à la comédie musicale, dans un souci louable d’élargir sa cible à un public plus populaire. Pour la première fois, elle se met à chanter et révèle une voix très gouailleuse aux accents faubouriens qui rappelle beaucoup celle de l’immense Arletty, que Roland Petit a toujours beaucoup admiré. Les ballets sont également très sensuels et audacieux pour l’époque. Incontestablement, la brune aux cheveux très courts et au regard audacieux marque des points.
Captivé par le nouveau phénomène lors de son passage à Hollywood, le fameux producteur Howard Hugues tombe sous le charme : il veut porter à l’écran le ballet Carmen et faire de Zizi Jeanmaire une star de cinéma. Pour cela, il n’hésite pas à retenir en Amérique Zizi et toute sa troupe de danseur, en leur payant un cachet considérable (au total plus de 8 millions de dollars)…en pure perte et au risque de ruiner la RKO, car finalement aucun film ne sera mis en chantier !
En 1952, Samuel Goldwynn emprunte à Howard Hughes sa ballerine adorée pour remplacer Moira Shearer enceinte sur le tournage d’« Hans Christian Andersen et la danseuse » : c'est un film familial charmant, avec de jolis ballets et un adorable Danny Kaye où Zizi Jeanmaire a du mal à trouver ses marques dans un rôle très éloigné de sa personnalité scénique.
En 1953, on la retrouve à Broadway dans un musical de S Romberg, la fille aux collants roses, qui lui valent des critiques extatiques de la presse artistique qui la compare à Audrey Hepburn, et encense aussi bien ses qualités de danseuse, chanteuse et comédienne. Elle reçoit le prix de la meilleure prestation scénique de l'année.
La nouvelle star de New York retrouve alors son vieux compagnon Roland Petit, qui a été engagé à Hollywood pour réaliser la chorégraphie de plusieurs comédies musicales avec Leslie Caron. Ils se marient et travaillent ensemble sur Quadrille d’amour (1956), un musical fastueux et énergique avec Bing Crosby où Zizi reprend le fameux air de Cole Porter I get a kick out of you avec beaucoup de goût et de sex-appeal. Le grand ballet de la danseuse, assez prétentieux, est en revanche bien décevant.
Auréolée par sa gloire américaine, Zizi fait son retour en France. Désormais jeune maman, elle tourne quelques films qui confirment à quel point le cinéma français n’est guère brillant en matière de comédie musicale et ne sait pas exploiter ses plus prestigieux artistes. Dans Folies Bergere (1956), une comédie dramatique située dans le fameux music hall, elle nous offre un bel extrait de son ballet de la Croqueuse de diamants, où elle déploie toute sa verve et sa sensualité. Quel dommage en revanche de lui avoir associé Eddie Constantine, impassible vedette des films de gangsters, particulièrement mal à l’aise ici.
Charmants garçons avec Daniel Gélin (1957) est une comédie particulièrement inconsistante, où Zizi parvient quand même à capter l’attention, par sa présence et son personnage pittoresque : on retiendra aussi la jolie java « la gambille »composée par Guy Béart (à la même époque, la vedette enregistrera « qu’on est bien » du même auteur dont elle fera un tube).
De même, Guinguette (1958) est un produit de série, tout juste rehaussé par les dialogues d’Henri Janson, où Zizi campe encore la parigotte par excellence, sorte de réincarnation d’Arletty (je me demande d’ailleurs ce que pensait d’elle la grande comédienne et de cette émulation : était-elle flattée ou vexée ?).
En 1959, on la retrouve dans Patron une opérette co-signée par Marcel Aymé et Guy Béart dont est tirée la chanson la chabraque, mais le succès n’est pas au rendez-vous.
En 1961, Terence Young filme en France « les collants noirs » , réunissant quatre ballets de Roland Petit , dont deux sont dansés par Zizi (une reprise de ses deux plus grands triomphes : Carmen-dans de sompteux décor à la Dali- et la croqueuse de diamants) et les autres par Cyd Charisse et Moira Shearer. Si le film demeure un beau témoignage sur les talents de chorégraphe et la créativité de Roland Petit, on peut tout de même regretter que les ballets ne soient pas filmés avec plus d’imagination.
Si le film, destiné à un public d’initié, ne remporte pas le succès escompté , Zizi n’en a cure car elle triomphe dans la revue de l’Alhambra en chantant » mon truc en plumes » de Bernard Dimey et Jean Constantin, une samba qu’elle s’approprie avec un talent évident, et qui va devenir pour toujours sa signature et sa marque de fabrique : pour tous les français, Zizi sera désormais cette brune aux cheveux coupés à la garçonne, et aux jambes d’acier, emmitouflée dans des boas roses.
Mini robe noire et talons aiguilles, elle a réussi à se forger un personnage très fort, gouailleur et léger, très parisien, cent fois imité, qui fascine dans le monde entier. Aragon lui même proclame « sans elle, Paris ne serait pas Paris ».
A son répertoire, toujours choisi avec grand soin, Zizi a l’intelligence d’inclure plusieurs chansons de Gainsbourg, qui sera toujours fasciné par son personnage. On se souvient notamment de son interprétation d’Elisa, dans le plus pur style réaliste, lors d’un show télévisé des Carpentier. Pendant des décennies, la star va courir le monde entier, se partageant entre les revues, les ballets, les plateaux télé (notamment un sensuel pas de deux avec Noureev en 1965). En 2000, elle se produisait encore sur la scène de l’Opéra Bastille, interprétant des chansons de Gainsbourg, Lama ou Béart, prouvant qu’elle ses interminables jambes n’avaient pas subi l’outrage des années.
Depuis, l’artiste souffrant de graves problèmes d’audition et d’équilibre a été contrainte de prendre une retraite bien méritée. Mais elle laisse derrière elle une trace indélébile dans l’histoire du show business français, dont le cinéma n’a pas vraiment su capter l’escence.

lundi 13 juin 2011

Ginny Simms, la glamoureuse chanteuse de charme des GI








Grande vedette de la radio pendant la guerre, Ginny Simms disposait d’une voix nuancée et mélodieuse, idéale pour les ballades sentimentales. Avec son apparence glamour et très sophistiquée, la belle aurait pu devenir une des grandes étoiles de la comédie musicale, et notamment de la MGM, le plus prestigieux des studios d’Hollywood. Mais le sort en a décidé autrement…

Née à San Antonio en 1913, Ginny Simms a d’abord suivi des cours de piano, tout en donnant quelques spectacles dans le théâtre tenu par son père avant de rejoindre un trio vocal féminin. D’abord chanteuse de l’orchestre de Tom Gerun, elle rejoint ensuite Kay Kyser « le prof du swing »et ses « collégiens » , qui est un peu l’équivalent de l’orchestre de Ray Ventura chez nous et qui fait un tabac à la radio.
C’est en effet la grande époque des big bands, et Kay Kyser sous ses airs ahuris, qui rappellent un peu le comique anglais Arthur Askey, sait très bien comment manager son équipe et distraire le public en alternant des morceaux très swing ou des valses tendres (comme la fameuse valse au village qui sera repris e en France par Lys Gauty), des sketchs, et des mélodies sentimentales (réservées à Ginny qui se prénomme encore Virginia). Comme cela est la tradition à l’époque, la belle se contente de refrains chantés alors que l’orchestre se réserve la plus grosse part du gâteau. Mais quelques notes à peine suffisent à la chanteuse pour se faire remarquer tant sa voix enchanteresse à la fois pure, aérienne et sensuelle capte l'attention et l'imagination.
Désireux d’étendre son auditoire, Kay Kyser signe un engagement avec la RKO pour plusieurs films. Un pari gagnant pour le studio car le premier film de la formation (that’s right, you’re wrong -1940) rapporte plus d’un millions de dollars de recettes. Une amusante satyre du monde du cinéma, où la belle Ginny se fait remarquer autant pour son ramage que son plumage. Faut-il préciser que la chanteuse venait de subir plusieurs opérations de chirurgie esthétique (afin de raccourcir son nez et son menton notamment) par le mari de Claudette Colbert, le meilleur spécialiste d’Hollywood ?
La villa des piqués , le film suivant de la formation, réunit 3 idoles du film d’épouvante, aux mines patibulaires, qui épouvantent les invités en maniant des effets spéciaux d’une chambre secrète. Si l’histoire est stupide, le film bénéficie de très entraînantes chansons fort bien mises en valeur par l’orchestre et les chanteurs Harry Babbitt et Ginny Simms (dont la voix mélodieuse rappelle celle de Dinah Shore). Certains passages sont franchement rigolos comme celui où les trois méchants veulent faire exploser tout l’orchestre en jetant un bâton de dynamite dans la foule : Les musiciens et jolies invitées se sauvent mais un petit chien qui prend la dynamite pour un os, récupère le bâton et court après eux…hilarant ! Finalement, c’est un divertissement très sympa du genre Abbott et Costello rencontrent Frankenstein qui fait aussi penser à certains épisodes du dessin animé Scoubidoo.
Le troisième film Playmates (1941) est plus froidement accueilli, peut être parce que les critiques sont effondrées de voir le mythique John Barrymore finir sa carrière dans une telle bouffonnerie : en tous les cas, Ginny dont les rôles s’étoffent à chaque film, gagne du terrain. Alors que sa liaison avec la chef d’orchestre se termine, la chanteuse poursuit seule son chemin, au cinéma comme à la radio (la plupart des chanteuses des big bands comme Dinah Shore, June Christy ou encore Doris Day vont gagner elles aussi leur indépendance).

Le cinéma l’a rendue très populaire et elle figure en tête d’un sondage des chanteuses favorites des collégiens. Elle anime ses propres shows à la radio et enregistre en solo pour la firme Columbia .
Pendant la guerre, l’artiste interprète de nombreuses chansons mélancoliques destinées aux soldats (you’d be so nice to come home to, wherever you are,…qui sont un peu les pendants de « j’attendrai » aux USA) qui vont vraiment marquer leur temps. Elle s’adresse à eux et leur transmet des messages dans des émissions de radio, on le devine, très suivies. Infatigable, elle se dépense sans compter pour visiter les camps militaires de son Texas natal : un engagement exemplaire qui lui vaudra d’être reçue à déjeuner par les Rossevelt à la Maison blanche.

Coté cinéma, Ginny n’a d’abord qu’un petit rôle dans seven days leave (1942) dont la vedette est Lucille Ball mais sa chanson (can’t get out of this mood) est absolument divine, et sera reprise par d’innombrables artistes de jazz..
Deux nigauds dans la glace (1943) est un film les plus drôles du tandem Abbott et Costello, une comédie parfois hilarante, dans laquelle Ginny chante une délicieuse romance.
Sans doute intéressé par la popularité de la chanteuse à la radio, et son coté glamour, le patron de la MGM , engage alors Ginny Simms pour remplacer Eleanor Powell dans un musical en technicolor à grand spectacle, avec la ferme intention d’en faire une star de cinéma. En fait, il tombe fou amoureux d’elle et se livre alors à une cour assidue et peu discrète, qui provoquera bien des sarcasmes car Louis b Mayer , marié et père de famille, s’est toujours présenté comme un modèle de vertu. Il est pourtant fortement probable qu’il ait eu auparavant des liaisons avec d’autres grandes stars de son studio, mais son emballement pour Ginny Simms est tel, qu’on évoque un possible divorce. Certaines sources avancent que la chanteuse gênée par ce harcèlement aurait quitté la MGM après de tournage de Broadway Rythmn (1944), d’autres, plus crédibles, que la vedette aurait eu une courte liaison avec le producteur mais que ce dernier aurait été contraint de se ressaisir pour ne pas nuire à son image et à celle de son studio. En tout état de cause, Ginny était superbe et la quintessence du glamour en technicolor (notamment quand elle fredonne Amor, Amor ; le visage voilé de dentelles) dans cette fantaisie musicale, qui bénéficie du luxe opulent de la MGM.
En 1945, l’actrice joue dans Nuit et jour, la biographie complètement édulcorée du compositeur Cole Porter. Une pièce montée musicale qui déçoit quelque peu car si Ginny excelle dans les douces romances, elle n’est peut être pas assez versatile ou charismatique pour reprendre autant de chansons différentes du grand Cole, créées par des pointures comme Ethel Merman ou Mary Martin. On peut en effet lui reprocher de tout interpréter de façon assez similaire. Elle paraît également dans un drame « Shady lady » qui vaut surtout pour le numéro d’acteur de Charles Coburn.
La même année, elle épouse le richissime propriétaire de la chaîne d’hôtel Hyatt et se découvre un intérêt pour la décoration d’intérieur.
Si elle figure encore en 3ème position des chanteuses les plus appréciées des adolescentes (derrière Dinah Shore et Jo Stafford), Ginny qui animé encore un show à la radio, sponsorisé par Coca cola disparaît petit à petit du monde du spectacle. Elle s’essaie certes à la télévision, le nouveau média à la mode, mais n’y obtient pas le même engouement (et c’est un euphémisme) que sa fameuse concurrente Dinah Shore . Groucho Marx la désignera même comme la « Dinah Shore du pauvre ».
Mais Ginny est désormais loin de tout ça et surtout de toute préoccupation matérielle. Mariée en secondes noces à un millionnaire du pétrole, puis enfin à noces à un avocat très fortuné, il semble qu’elle n’est pas très heureuse, mais l’argent fait il le bonheur ? Au moins, la chanteuse se consacre avec toujours autant de plaisir à la décoration des chambres d’hôtes et de restaurants (elle sera même primée pour cela en 1961) . Sa tentative de come back dans les cabarets de Las Vegas se solde par un échec, son style étant jugé fort démodé.
En 1961, pour saluer son vieux copain Kay Kyser, elle accepte d’enregistrer avec les membres initiaux de la formation un 33T un peu nostalgique.
Après, la chanteuse n’a plus fait parler d’elle et est sombrée dans un oubli presque total et immérité. Elle est décédée en 1994 d’une crise cardiaque.

jeudi 2 juin 2011

Jeannette Batti, espiègle trottin





Pétulante et vive, la blonde et pulpeuse Jeannette Batti disposait d’un abattage certain et d'un joli sens de la répartie qui auraient pu faire d’elle une seconde Arletty. Hélas, la qualité souvent indigente des farces plus ou moins musicales dans lesquelles elle s’est galvaudée à l’écran seule ou avec son mari le chanteur Henri Genès, l’ont empêchée de faire beaucoup d’étincelles. L’actrice qui admirait tant Jean Arthur, s’est donc contentée de jouer les Martha Raye hexagonales, avec sa jovialité coutumière. Ce qui ne fut pas suffisant pour laisser une trace durable dans l’histoire du cinéma !

Née en 1921 à Marseille, Jeannette Batti a d’abord paru comme simple figurante dans de nombreux films à partir de 1939. Mais c’est sur scène que les planches, que l’actrice va se faire remarquer
En 1948, elle remporte un très gros succès à Bobino (11 représentations par semaine !) dans une opérette de Francis Lopez « 4 jours à Paris » (d’où est tirée la samba brésilienne) aux cotés d’Andrex et d’Henri Génès. Ce dernier, comédien jovial à la faconde toute marseillaise, va devenir son mari, et également son comparse dans de nombreuses comédies de boulevard, opérettes et films de qualité très discutable.
Avec sa voix acide, ses formes rondelettes et ses jolies jambes (les plus belles de Paris selon certains), Jeannette Batti se remarque dans les films où elle paraît même si ces rôles sont souvent secondaires : prostituée dans Macadam, ou bonne copine dans l’Eternel conflit, c’est la parigote par excellence (malgré ses origines provençales !), effrontée et dynamique. Au théâtre, elle est abonnée aux rôles de bonne un peu vulgaire (Pantoufle au théâtre des Capucines).
On raconte que cette actrice de tempérament regrettait de ne pas trouver de vrai rôle intéressant. Il faut dire que la pauvre n’a pas été gâtée, en tournant avec les réalisateurs les plus nuls du moment dans des farces stupides et creuses, difficiles à défendre. Notamment ce Voyage à trois (1950) assez racoleur, qui ressemble plus à un prétexte pour exhiber une cohorte de jolies filles nues (et un sein de Jeannette itou) ou encore la petite chocolatière (1950), un breuvage qui sent le réchauffé selon l’Ecran français.
On préfèrera de loin Nous irons à Monte Carlo, bien sympathique musical de l’orchestre de Ray Ventura, où Miss Jeannette se retrouve avec un bébé encombrant sur les bras (celui de la débutante Audrey Hepburn) qui va vite être adopté par les différents membres de la formation. Un bon divertissement sans prétention, où elle se chamaille gentiment avec son cher Henri Génès ; on retrouve le couple dans une série de comédies musicales à très petit budget comme Soirs de Paris, destinée à mettre en valeur des spectacles de cabaret et de revue, et de fort jolies figurantes. Des films souvent creux et réalisés sans la moindre once de talent, qui reflètent une certaine idée de Paris, et qui sont davantage destinés à l’exploitation dans les villages et à l’étranger. Pas grand-chose non plus à sauver dans les remakes d’opérettes marseillaises comme trois de la canebière, ou trois de la marine, car les chansons si connues sont souvent réduites en fond sonore et les ballets bien mal filmés ; quant à l’auberge fleurie (1954) destinée à mettre en valeur le ténor Rudy Hirigoyen : malgré la glorieuse voix du chanteur, c’est une adresse à fuir !
Miraculeusement, parmi tous ces nanards, des « carottes sont cuites » au « coup dur chez les mous » ce situe un classique du cinéma la Traversée de Paris de Claude Autant Lara, où elle tient le rôle de l’épouse de Bourvil et donne la réplique à Gabin : un attaque corrosive sur le marché noir pendant l’occupation et de loin le film le plus prestigieux de sa carrière.

Alors qu’Henri Génès connaît quelques gros succès dans le monde de la variété et du disque (la tantina de Burgos 1956, le facteur de Santa Cruz 1957), Jeannette enregistre aussi quelques titres (dont une chanson d’Aznavour) mais avec bien moins de succès. Elle grave aussi sur la cire quelques airs gouailleurs de l’opérette Coquin de printemps (1958) qu’elle joue au théâtre avec son mari puis Fernand Sardou.
Au cours des années 60 et 70, tout en poursuivant les opérettes avec son mari , des spectacles d’une qualité toujours décroissante de Francis Lopez, Jeannette parait à l’occasion dans un médiocre western allemand , une sorte de copie des gendarmes de St-Tropez avec Sim (Henri Génès ne s’est il pas compromis dans le facteur de St Tropez- dont l’affiche précisait que « le gendarme est son meilleur copain » ?) ou encoure Touche pas à mon biniou : Tout est dans le titre.
Elle figure aussi dans la version télévisée de l’opérette A la Jamaïque (1980) avec José Villamor et Maria Candido.
En 1981, on reconnaît brièvement Jeannette Batti lors du banquet donné dans la comédie culte le Père Noël est une ordure. C’est donc sur l’un des plus gros succès du cinéma comique français de ces trente dernières années, que l’actrice a tiré sa petite révérence. Elle vient de nous quitter début 2011 dans une totale discrétion six ans à peine après le décès de son cher Henri Génès.