dimanche 25 octobre 2009

Kirsten Heiberg, femme fatale du cinéma nazi









Demi-sourire énigmatique à la Mona Lisa, regard troublant, jambes parfaitement galbées, la norvégienne Kirsten Heiberg avait tous les atouts pour remplacer Marlène Dietrich (qui avait toujours refusé farouchement les propositions d’Hitler) dans le monde dangereux du cinéma nazi. Seulement la place était déjà prise par la suédoise Zarah Leander, façonnée par Goebbels et les studios UFA pour incarner à l’écran les personnages de grandes amoureuses qui avaient fait la gloire de Garbo et Dietrich. Malgré tout, la très belle Kirsten réussira à s’imposer dans une quinzaine de films, des opérettes, des drames ou des films d’espionnage anti-britanniques et anti-soviétiques. Elle connaîtra les mêmes déboires que sa célèbre rivale à la fin de la guerre, et ne parviendra jamais à rebondir et à retrouver sa notoriété initiale. Très oubliée, y compris dans son pays natal, l’ex-star du III ème Reich a néanmoins fait l’objet cette année d’un spectacle en Norvège intitulé «du glamour pour Goebbels»
Née en 1907 à Oslo dans une famille d’artistes très aisée (le compositeur Edvard Grieg était un ami des parents), Kirstein a d’abord suivi des cours de théâtre au collège avant de poursuivre ses études à Lausanne, à Paris puis à Oxford afin d’y perfectionner les langues étrangères. Au début des années 30, elle fait ses premières armes avec sa sœur au théâtre à Bergen puis à Oslo avant de débuter au cinéma dans Sangen om rondane, un film romantique très réussi et Pêcheurs dans le soleil d’été, adaptation d’un roman norvégien à succès
On la retrouve ensuite dans 3 films suédois : si les studios de Stockholm avait déjà perdu beaucoup de leur réputation mondiale depuis le muet, ce virage représente pourtant un progrès dans la carrière de la jeune actrice, qui pousse également la chansonnette. Un répertoire de diseuse et une voix un peu rauque qui rappelle fort les premiers enregistrements de celle qui va bientôt se retrouver sur sa route : Zarah Leander. En 1937, la chanteuse tente sa chance à Vienne, tremplin de choix pour une carrière internationale. Si sa candidature n’est pas retenue pour l’opérette «Axel aux portes du paradis» qui fera le triomphe de Zarah Leander, Kirsten se fait remarquer dans la revue Pam pam. Le succès est tel que la revue française Pour vous s'en fait même l'écho en décembre 1937 et prévoit pour la nouvelle vedette une carrière à Paris puis Hollywood! Kirsten rencontre le compositeur Franz Grothe, auteur de nombreuses chansons pour le cinéma, Pola Negri , et l’orchestre de Dajos Bela qui devient son mari et la conduit à Berlin. Alors que Grothe discute d’un projet de film (C’est la faute à Napoléon) avec l’humoriste Curt Goetz, ce dernier lance avec regret «dommage que ta femme ne joue pas, elle ferait une parfaite Joséphine de Beauharnais …», le compositeur lui apprend que son épouse a déjà plusieurs films à son actif. Elle est donc lancée en Allemagne en 1938 dans cette comédie très réussie (récemment restaurée et disponible en DVD). Les jambes gainées de soie, une touffe de plumes à la main, la nouvelle Dietrich fait son petit effet. D’autant plus que sa silhouette irréprochable la démarque de la replète Zarah. L’actrice est très remarquée : Hitler demande à compulser son dossier tandis que Gœbbels, grand amateur de jolies femmes, note dans son journal qu’il s’agit d’une découverte aux multiples talents.
En 1939, Kirsten est la vedette de femmes pour Golden Hill, un curieux western allemand. Clope au bec, en négligé révélateur, elle chante «je sors avec les hommes mais n’appartient à aucun» tout en jouant les vamps amorales dans un village de réfugiés venus chercher fortune en Australie. La presse ne manque pas de remarquer à quel point la vedette rappelle, y compris vocalement, la Zarah Leander de Paramatta. Pourtant il serait réducteur de voir uniquement en Heiberg un clone de Zarah. La diva suédoise , à la voix infiniment plus puissante et musicale avait davantage un talent de star dramatique dont le sens du pathos brille dans des mélos comme le Chemin de la liberté où elle affronte bravement mille périls, alors que Kirsten était finalement plus proche du personnage de Dietrich, en vamp énigmatique et sexy, dangereuse prédatrice.
En 1940, Kirsten donne la réplique au fameux chanteur d’opéra Benjamino Gigli dans les versions allemandes et italiennes de Légitime défense avant de se compromettre dans un film de propagande «Attention l’ennemi écoute », qui sera interdit après guerre. Ici, l’ennemi est anglais, et Kirsten une dangereuse espionne. Même on peut reprocher à l’actrice , qui a pris la citoyenneté allemande en épousant Grothe, d’avoir accepté ce genre de films, on notera quand même qu’elle a refusé d’entrer au parti nazi et exprimé sa colère face à l’occupation de la Norvège.
Elle sera d’ailleurs lourdement sanctionnée par le régime et interdite de films pendant deux ans. Certaines chansons que son mari a composé pour elle, seront finalement confiées à Marika Rökk ou d’autres artistes. Le projet d’une adaptation de l’opérette Axel aux portes du paradis (rôle qu’elle avait failli tenir à Vienne) prévu pour 1941 sera dès lors ajourné et ne gagnera les écrans qu’en 1943 sous le titre Liebespremiere. Il reste d’ailleurs fort peu de choses de l’amusante satyre du star système hollywoodien, dans ce film où même les chansons ont été changées. Sur ce point, on n’y perd pas forcément car les nouvelles compositions de Grothe figurent parmi les plus jolies du répertoire de Kirsten. Si le film passe pour être le plus coûteux film musical de l’ère nazie, les passages musicaux sont bien décevants car mal filmés et finalement bien inférieurs aux fastueux films que Jacoby a réalisé pour Marika Rökk. En revanche, Kirsten est délicieuse, notamment quand elle danse avec son smoking et chapeau haut de forme.
En 1943, Kirsten figure parmi les têtes d’affiche de Titanic, film catastrophe anti-britannique qui insiste sur le fait que le naufrage serait la résultante de la cupidité de la ploutocratie juive. Le réalisateur Herbert Selpin finira pendu dans les geôles de la gestapo, après voir fait des remarques sur le scénario du film. Les scènes du naufrage, fort réalistes (elle seront d‘ailleurs empruntées pour le remake américain de 1953), seront jugées si déprimantes par Goebbels que le film ne sortira pas en Allemagne, pour ne pas saper le moral des allemands et sa diffusion sera réservée aux pays occupés comme la France. Si le portrait de Kirsten figure en prééminence sur l’affiche française, son rôle est bien discret par rapport à celui de la vamp Sybille Schmitz qui joue à fond la carte du kitsch et éclipse de loin sa partenaire. On la remarque bien davantage dans l’Araignée d’or, en espionne russe parachutée en Allemagne pour récupérer des informations secrètes. Force est de reconnaître que le film est très habile, et vaut les films d’espionnage anti-allemands tournés à Hollywood à la même époque. Seuls les ennemis sont différents. On peut d’ailleurs être surpris de constater qu’un régime aussi abject concevait en fait des films assez similaires aux studios américains. En tous les cas, la vue de Kirsten, en perruque blonde et robe dorée, devant la toile d’araignée de son cabaret vaut le coup d’œil.
Jusqu’à la fin de la guerre, Kirsten comme bien d’autres va enchaîner des films dans les studios blindés et ouatés de Babelsberg à l’abri des réalités quotidiennes et de la déconfiture allemande. Certains seront post synchronisés après guerre et diffusés à Berlin est, et d’autres perdus à jamais.
En 1945, la star sera retrouvée par l’armée soviétique dans la cave d’un hôtel où elle se cachait.
Avec les nombreux films de propagande qui ternissent sa filmographie, on peut imaginer les ennuis que Kirsten Heiberg rencontra après la guerre, notamment dans son pays natal où elle est considérée comme une collaboratrice. Divorcée de Franz Grothe, l’actrice a bien du mal à retrouver des rôles. Après avoir mené une revue à Hambourg, elle parvient néanmoins à tourner dans une poignée de films à la fin des années 40 (Hafenmelodie, Amico), sans renouer avec le succès . De retour en Norvège, où on ne lui pardonne pas sa carrière allemande, l’actrice trouve quelques rôles au théâtre dans des registres très disparates et dirige une école dramatique. Elle fait sa dernière apparition sur les écrans allemands dans Près de toi chérie, bio pic sur la vie de Théo Mackeben. Elle y campe une chanteuse désabusée que le compositeur retrouve en plein désarroi et chante un succès que Mackeben avait jadis composé pour Lida Baarova dans le film Patriotes. On ne sait pourquoi la star avait fait stipuler dans son contrat que le film ne serait pas projeté en Norvège (pour éviter encore une levée de boucliers dans les journaux?), en tous les cas l’engagement ne fut pas respecté.
En 1966, Kirsten trouve un minuscule rôle de femme déchue dans broder Gabrielsen dans un film intéressant sur le fanatisme religieux qui suscitera une vive controverse dans son pays. Elle meurt d’un cancer en 1976, totalement oubliée.
Un spectacle musical «du glamour pour Goebbels» vient pourtant de la mettre à nouveau en lumière dans son pays.
Pour redécouvrir cette fascinante star d’une bien triste période, on peut visionner sur youtube des extraits de ses films d’une grande rareté, qu’un fan a eu la gentillesse de mettre en partage.







dimanche 18 octobre 2009

Sheree North, la blonde fantôme









Lancée à la fin des années 50 par la 20th Century Fox pour remplacer la capricieuse Marilyn Monroe, Sheree North était bien plus qu’une copie carbone aux cheveux peroxydés. Cette excellente danseuse n’a pas vraiment eu l’occasion de faire valoir son talent dans les comédies frivoles qu’on lui a proposé et que Marilyn, pas folle, avait refusé. Parallèlement, le musical hollywoodien brillait alors de ses derniers feux, et la vedette n’a pas eu le temps de s’imposer sur grand écran.

Née en 1933 à Hollywood, Sheree North a passé son enfance à deux pas des grands studios de cinéma. Orpheline de père, elle travaille très tôt dans différentes troupes de danse après avoir falsifié son âge. Mariée à 15 ans, mère à 16, divorcée à 17, ses débuts sont difficiles. Après avoir dansé dans des cabarets mal famés, la jeune femme est contrainte de tourner dans des courts métrages sexy, diffusés dans les peep shows, pour arrondir les fins de mois., dans lesquelles elle se livre à des danses lascives en petite tenue. Entre deux spectacles de night club, la danseuse parvient à s’infiltrer dans les studios de cinéma, comme doublure pour des scènes de danse ou de la simple figuration. Grace au soutien du chorégraphe Robert Alton, son nom apparaît enfin au générique de Il y aura toujours des femmes, amusante farce sur Jack l’éventreur avec Bob Hope et Rosemary Clooney, où la plupart de ses scènes seront coupées. Finalement engagée à Broadway, pour une adaptation musicale de la joyeuse suicidée (une screwball comédie ), la jeune actrice décolorée en blond platine comme Carole Lombard, la star du film d’origine est remarquée pour sa prestation très sexy. Fini le temps des vaches maigres : la coqueluche de Broadway qu’on compare déjà à Marilyn, se voit logiquement proposer un rôle dans l’adaptation filmée du spectacle « C’est pas une vie Jerry » avec Jerry Lewis. Son numéro complètement survolté de charleston avec un Lewis délirant (et très à l’aise) est très remarqué. Alors qu’à la même époque, on surnommait en France Gilbert Bécaud Monsieur 100 000 volts, cette appellation n’aurait pas été usurpée par la belle Sheree! Après l’avoir vu danser de façon effréné un rock dans un show TV(jugé trop torride par le sponsor du show ) , Daryl Zanuck, le patron de la Fox, emballé, lui signe un contrat, avec une curieuse idée derrière le crâne. La vedette principale du studio, Marilyn Monroe s’averrant de plus en plus difficile à gérer , Zanuck menace de confier tous les rôles qu’elle refuse à Sheree ( il avait fait la même chose autrefois en intimidant Alice Faye avec Betty Grable, puis Grable avec June Haver, puis Haver avec Mitzi Gaynor). Chose facile car elles ont les mêmes mensurations et peuvent donc échanger leurs costumes! L‘agent de Sheree claironne déjà que sa protégée va jouer dans la joyeuse parade, quand finalement Monroe, inquiète se ravise et finit par accepter un rôle qu‘elle jugeait trop court à l‘origine. De même, la presse est largement conviée à suivre les séances photos de Sheree pour une comédie refusée par Marilyn qui finalement ne verra jamais vu le jour. La blonde fantôme, autre projet rejeté par Marilyn, se concrétisera en revanche sur grand écran avec Sheree : le médiocre résultat , du à un scénario stupide, montre que Marilyn avait du discernement.
Sherree tire néanmoins son épingle du jeu avec un rock endiablé dont elle a le secret (le premier rock de l‘écran américain si on en croit les journaux de l‘époque) et éclipse sans mal une Betty Grable en fin de course (ce sera son dernier film). Alors que le film disparaît vite des écrans, la jeune vedette est rattrapée par les films coquins qu’elle avait tourné en période de disette (comme Marilyn l’avait été avec son calendrier). Finalement, le mini scandale lancé par des journalistes mal intentionnés ne lui sera pas nuisible et ne fera qu’asseoir l‘image de vamp exagérément sexy que la Fox lui façonnait . Alors que le magazine Life titre imprudemment « Sheree North supplante Marilyn Monroe », la jolie blonde joue avec Tom Ewell dans Chéri, ne fais pas le zouave de Frank Tashlin, une comédie dans la lignée de 7 ans de réflexion, en beaucoup moins réussi. Dommage,car l’actrice y fait preuve de beaucoup de naturel et de chaleur humaine, loin de l’image de sex symbol que la Fox tentait d’imposer de façon insistante. Dans le musical « les rois du jazz », biopic très hollywoodien, avec Gordon MacRae, la comédienne donne encore une prestation explosive dans le meilleur numéro du film : un charleston rappelant un peu la prestation d’Ann Miller dans au fond de mon cœur, mais auquel elle apporte sa sensualité et son effervescence avec brio. Loyale, elle avouera avoir été doublée pour le chant. Alors que l’imposante Jayne Mansfield s’impose comme la nouvelle concurrente de Marilyn, Sheree, contente d’échapper à cette compétition tourne dans un western puis un film de gangster à petit budget, où les critiques distinguent sa prestation, tout comme pour les sensuels un drame psychologique
de Martin Ritt. Néanmoins, la Fox toujours en quête de nouveaux sex symbols, n’a plus envie de miser sur elle, et la congédie après Mardi gras, un musical pâlichon avec le gentil Pat Boone, rocker de bonne famille. On peut d’ailleurs se demander si son agent Henry Wilson, connu pour avoir promu la carrière de jeunes éphèbes comme Rock Hudson, Tab Hunter ou Troy Donahue était vraiment l’homme de la situation pour mener la carrière de la nouvelle Marilyn. Meurtrie par cette mise à l’index, l’étoile filante consulte un psy qui devient son troisième mari. Après une longue période d’inactivité, elle part en tournée avec les spectacles Can Can ou Irma la Douce. Finalement, elle fait son come-back à l’écran dans un ridicule nanar de science fiction avec un vilain monstre marin en caoutchouc, à bord d’un objet flottant non identifié. Heureusement, l’actrice a enfin la possibilité de faire preuve d’un réel talent de comédienne dans des films plus prestigieux comme Terreur sur la ville (Madigan), un polar nerveux de Don Siegel ou les parachutistes arrivent de Frankenheimer (1969) dont elle se tire avec les honneurs. Son numéro de danseuse topless, très osé pour l’époque et la plupart des scènes de l’actrice seront d’ailleurs coupés dans de nombreux état (comme les scènes de nu de Deborah Kerr). On la retrouve ensuite dans un des derniers musicals d’Elvis Presley « filles et show business », où elle danse une dernière fois à l’écran.
Dans les années 70 et 80, on a beaucoup vu Sheree North dans des séries télé comme Kojak, Magnum ou Dr Malcus Welby et d’autres encore qui n’ont jamais été diffusées en France . Beauté fanée et moue désabusée, la vamp lumineuse des années 50 avait laissé la place à une comédienne au talent affirmé. Pourtant, encore en 1983, l’actrice avouait qu’elle demeurait pour les producteurs la blonde qui a failli remplacer Marilyn Monroe (et j’imagine que c‘était aussi le cas pour un grand nombre de spectateurs), et qu’on lui refusait encore de nombreux rôles dramatiques.
Sheree North est décédée d’un cancer, durant une intervention chirurgicale, en 2005. Bien plus qu’un clone de Marilyn , on retiendra l’image d’une comédienne de talent et d’une danseuse à l’énergie incroyable dont on aurait aimé davantage pouvoir apprécier la virtuosité.






dimanche 11 octobre 2009

Amalia Aguilar, la bombe des tropiques








Dans un tourbillon de musiques explosives, au son des rythmes tropicaux à la mode, qu’il s’agissse de cha cha ou de mambo, l’éblouissante danseuse cubaine Amalia Aguilar a illuminé les salles obscures du Mexique des années 50 de son dynamisme insolent et sa joie communicative. Loin des sombres mélodrames un peu sordide où évoluaient les «pecheresses» «femmes perdues», «filles du rien» , et autres victimes des hommes ,enchaînées à leur tragique destinée, pour reprendre les titres évocateurs de classiques de l’époque, la pétillante danseuse s’est surtout illustrée dans d’insouciantes comédies destinées à distraire des spectateurs venus chercher un peu d’oubli et se saouler de musique (une bonne part de la population était alors dans la misère la plus noire). Celle qui fut surnommé la bombe atomique et dont les films sont fréquemment rediffusés au Mexique, où elle vit désormais, est peu connue en France. Pourquoi ne pas se laisser emporter par son entrain et la suivre dans la danse?
 
Dans les nombreuses interviews que la star d’autrefois accorde encore aux journalistes, Amalia Aguilar se rappelle avec tendresse ses années d’enfance «les meilleures de sa vie» et de son papa qui l’a inscrite très tôt dans des écoles de danse et a monté des petits spectacles avec ses filles pour distraire les gosses du voisinage. Avec sa sœur, la jeune femme a ensuite gagné ses premiers cachets dans des bars mal famés à la clientèle composée essentiellement de marins, sans se livrer à la prostitution comme d’autres danseuses de l’endroit. Après le mariage de sa sœur, la danseuse est parvenue enfin à se faire remarquer du grand danseur Julio Richard (qui l’avait pourtant éconduite sans ménagement lors d’une précédente audition) qui lui a promis de faire d’elle la plus grande étoile du Mexique. Après l’avoir imposée au cabaret Sans souci, le vieil homme décède hélas : néanmoins, en quelques mois, il a eu le temps d’établir la jeune artiste qui n’a pas de mal à trouver des engagements dans les dancings et au cinéma : elle fait sa première apparition dans le mélo la perverse (1947) qui conte en musique les malheurs d’une pauvre jeune femme qui sombre dans la prostitution pour pouvoir élever sa fille (thème récurrent des films mexicains de cette époque). Amalia se contente de danser sur les musiques d‘Agustin Lara, mais sa prestation est très remarquée : on lui propose une tournée aux USA avec les Lecuona cuban boys et on parle même d’un bio pic où elle jouerait le rôle de la volcanique Lupe Velez, récemment disparue : en fait, elle devra se contenter d’un caméo dans un musical à petit budget A night in the follies (1947)et de deux courts métrages réservés aux circuits spécialisés où elle se trémousse frénétiquement. La légende prétend qu'il auraient été mis en boite par Russ Meyer débutant. De retour au Mexique, la danseuse est propulsée vedette principale d’une série de comédies musicales situées dans les cabarets avec des comiques populaires comme l’irresistible Tin Tan ou Resortes. Grimpant sur les tables, virevoltant comme un tourbillon dans le dancing, la nouvelle star y affiche une sensualité débridée et un talent sûr pour la danse. Contrairement à ses concurrentes Meche Barba, Ninon Sevilla et Maria Antonieta Pons qui se complaisent dans des mélos musicaux rocambolesques et misérabilistes, toujours situés dans des cabarets louches, Amalia se consacre surtout aux comédies musicales. A l’occasion, elle rejoint l’univers sordide (mais souvent fascinant) de ses collègues de rumberas pour « un amour dans chaque port » où elle incarne une femme fatale, le grand champion (1949) où elle fait tourner la tête d’un boxeur et enfin le lamentable Amor perdido (1951) où défigurée par un accident, elle préfère quitter le gangster qui partage sa vie pour ne pas lui faire de peine : il finira par la tuer, croyant qu‘elle le trompe!
A ces mélos ridicules (mais sauvés par les trépidantes danses de la star), on préfèrera une farce amusante comme la vida en bruma (1949), où Amalia tente de rendre jaloux son compagnon Georges Ulmer (le fameux chanteur français dont on fredonne encore l’inoubliable Pigalle ).
Le principal intérêt de ses films repose sur les scènes de danse de la vedette qui n’échappe à aucun rythme à la mode : congas, rumbas , cha cha cha et surtout le mambo (popularisé par Perez Prado) n’ont pas de secret pour elle. Au son du mambo (1951), sorte de gigantesque de revue avec le minimum d’intrigue et le maximum de rythme et un délirant Resortes, bondissant comme un ressort, nous offre un bon condensé des capacités de Miss Aguilar. La danseuse est alors au sommet de sa gloire : reçue par le président Aleman, elle a même l’honneur de danser avec lui!
.Dans les années 50 vont fleurir sur les écrans mexicains, des comédies mettant en vedette et en valeur des femmes indépendantes et ambitieuses, menant les hommes par le bout du nez . Directement inspirées des gold diggers des comédies américaines de la Fox et de la Werner, ces portraits de femmes ont l’intérêt de se démarquer des éternelles victimes des circonstances et du destin que l’on trouvait dans les rumbéras, même s’ils ne reflétaient en rien la situation de la femme dans la société mexicaine!
Amalia forme un savoureux trio avec Lilia Prado et Lilia del Vale dans les 3 allègres comadres (1951) et les suites données à ce gros succès commercial. Le premier film de la série, qui passe en revue les aventures de 3 copines débrouillardes qui recherchent un mari riche, avec un joli souci du détail est à mon y le plus réussi, même si le deuxième volet possède peut être de meilleurs passages musicaux ;
Coiffée d’un chapeau haut de forme, descendant un grand escalier, Amalia évoque très furtivement Vera Ellen. Cependant, la comparaison s’arrête là, car la sensualité brute et incandescente des danseuses cubaines est à 1000 lieux du charme distingué et polissé des films hollywoodiens de la grande époque. Portée par le succès de ces comédies «féministes», Amalia est sur tous les fronts, en tournée dans toute l’Amérique du sud et aux USA. A New York, elle reçoit le prix de la meilleure danseuse tropicale. En 1955, elle apparaît en guest star dans Musique de nuit (avec d’autres grands noms de la danse comme Carmen Amaya ou Katherine Dunham) et l’irrésistible Soucoupes volantes, une farce délirante où Resortes se fait passer pour un martien. Amalia qui fut surnommée à ses débuts la bombe atomique apparaît dans une explosion, à la sortie d’une fusée pour une danse frénétique, entourée de martiens! Un coup d’éclat qui marque la fin de la carrière de la star : en 1956, Amalia épouse un avocat rencontré au Pérou lors de sa tournée dont elle aura trois fils. Décidée à réussir sa vie privée, l’artiste quitte le cinéma. Après le décès de son mari (en 1962, dans un accident d’avion), l’ancienne vedette a ouvert deux salons de beauté. Finalement, devant l’insistance de ses fans, la danseuse a accepté de refaire de la revue dans les années 80. A présent retirée du music hall, la star toujours très respectée au Mexique donne encore des interviews et se rend régulièrement aux premières des spectacles en vogue.

dimanche 4 octobre 2009

Annie Cordy, clown de la chanson









Véritable clown de la chanson française, dont la carrière au music hall, au théâtre, au cinéma ou sur disques, n'a jamais connu d'interruption en 60 ans, Annie Cordy n'est peut être pas reconnue à sa juste valeur, en dépit d'une côte d'amour indiscutable auprès du grand public. Toujours désireuse de plaire à celui-ci, l'artiste qui a pourtant révélé à l'écran l'étendue de son talent et des qualités réelles de comédienne dans des films dramatiques d'excellente facture, s'est un peu noyée dans une variété de qualité plus que douteuse, en s'enfermant dans un personnage déjanté de fofolle survoltée qui a fait sa gloire. Toujours aussi incroyablement dynamique et active à plus de 80 ans, elle demeure en tous les cas une vraie leçon d'optimisme et d'énergie pour show business français.

Née en 1928, Annie Cordy suit des cours de danse et de piano. Après avoir remporté un concours de chant, elle devient meneuse de revue à Bruxelles. Son entrain et sa gouaille sont remarqués par le directeur du Lido qui la signe pour sa revue parisienne. Henri Bruneau, célèbre agent la prend alors sous son aile : celui qui deviendra son Pygmalion puis son mari met tout en œuvre pour lancer la carrière de sa protégée : il lui trouve un rôle dans l’opérette la route fleurie avec Georges Guétary (un très gros succès) et la lance dans la chanson en lui bâtissant un répertoire fantaisiste souvent emprunté à la chanteuse comique Lily Fayol qui fut très populaire à la libération et que Miss Cordy va rapidement supplanter. Dès 1953, Annie parait au cinéma dans Boum sur Paris pour claironner bonbons, caramels, un de ses tout premier tube, et l’un des airs les plus mémorables de ce film où se succèdent les plus grandes stars de la chanson de Piaf à Mouloudji. Après un caméo dans Si Versailles m’était compté de Sacha Guitry, la vedette belge obtient un grand succès dans la version filmée du plus gros succès de Luis Mariano « le chanteur de Mexico », très agréable comédie sans aucune prétention où elle campe bien son personnage cocasse et touchant de jeune fille amoureuse (et chante avec émotion ça m’fait quelque chose) . Si la chanteuse cumule les succès sur disque (Léon, fleur de papillon, la ballade de Davy Crockett…) et parait fréquemment à la télévision dans les émissions de Jean Nohain d’aucuns soulignent déjà une tendance à en faire trop (Dans la revue des 2 mondes de 1955, un journaliste se demande pourquoi Annie Cordy truffe son interprétation de clins d’œil à se retourner les paupières, de trémoussements à se faire sauter les clavicules, et qu‘avec tant de dons, elle soit passée à coté de l‘efficacité)? Choisie pour égayer les festivités du mariage du prince Rainier et de Grâce Kelly, la chanteuse est engagée pour une série de tour de chant au Plaza de New York où Piaf vient l’applaudir. Devant la réticence de son mari Bruneau, elle renonce à paraître dans une comédie musicale qu’on lui propose à Broadway. En 1957, elle joue en Allemagne dans un très honnête remake de Victor Victoria (avec Johannes Heesters), qui ne vaut tout de même pas la version que tournera Blake Edwards en 1981.
Alors que sa version de la chanson du film « le pont de la rivière kwai » est sur toutes les lèvres, la chanteuse figure dans un musical filmé bâti sur la célèbre chanson « cigarettes, whisky et petites pépées « dont elle a fait le succès avec Eddie Constantine, mis en scène par Maurice Régamey (décédé en août dernier): c’est un honnête divertissement de second ordre, comme on en faisait beaucoup à l’époque.
Tabarin (1958) est vraiment nullissime et montre à quel point la France n’était pas douée pour la comédie musicale. Dans le rôle d’une meneuse de revue (comme à ses débuts), Annie gigote et se démène dans une intrigue inintéressante où figure aussi Michel Piccoli et le météorique symbole sexuel Sylvia Lopez. Sporadiquement, elle figure en tant que comédienne dans des séries B « qui n’ont pas marqué l’histoire « comme le reconnaît humblement la chanteuse, même si elle s‘est bien amusée en ly participant. Saisissant au vol toutes les modes (le hulula hop, le rock) et les chansons les plus remuantes et rarement les plus subtiles, Annie Cordy figure parmi les plus grosses vendeuses du disque. Avec l’arrivée des yéyés et d’une nouvelle génération d’artistes qui change le visage du music-hall français, la chanteuse se tourne davantage vers l’opérette aux cotés de Luis Mariano, Francis Linel, Bourvil ou encore Darry Cowl, un genre où son énergie peut être un peu trop débordante n’a aucun mal à remplir les salles.
A la fin des années 60, Annie fait son retour au cinéma. Seulement il est fini le temps des comédies musicales aux couleurs faiblardes et au scénarios téléphonés (d‘ailleurs, totalement passées de mode), la chanteuse décide d’aborder le registre dramatique dans une série de films initié par l’étonnant Passager de la pluie de René Clément (où elle joue la mère de Marlène Jobert) où son interprétation juste et sobre « loin de ses pitreries musicales » est saluée par la critique. Et dire qu’Annie n’a pu obtenir le rôle qu’avec l’appui de l’épouse et de la mère du réalisateur les producteurs et Sébastien Japrisot ne voulant absolument pas d’elle pour le film!
Le Chat (1974) de Granier Deferre ( autre film archi rediffusé à la télévision) donne à l’occasion à Annie d’affronter le duo électrique composé par Jean Gabin et Simone Signoret , en pleine crise conjugale (elle tient le rôle d’une prostituée un peu fanée qui couche avec Gabin).
A coté de ces films particulièrement marquant, elle figure au générique de nombreuses comédies aussi stupides que la dernière bourrée à Paris (1974). Coté variété, près avoir joué dans l’dapatation française du musical Hello Dolly, Annie Cordy fait un véritable retour en fanfare avec l’énorme succès de la bonne du curé, qui va faire d’elle une des chanteuses préférées des enfants. Surfant sur ce succès facile, la chanteuse dont le seul but est de faire sourire, ne va hésiter à se galvauder avec joie dans un répertoire de plus en plus débile il faut bien l’avouer.
Comme elle l’a souvent remarqué, le public la préfère ainsi que dans ses chansons tristes (sa chanson hommage à Bessie Smith qui lui avait valu un grand prix du disque) ou dans le personnage tragique et poignant de vieille folle qu’elle tient dans Rue haute (1976) d’André Ernotte, un drame très émouvant sur l’holocauste qui n’aura hélas aucun succès. Aussi, Annie va désormais revenir à ses oripeaux de clown, aux tresses de Frida Oum papa, à la tasse bouillante de cho ka kao et à tous les accessoires clinquant qui accompagnent ses prestations télévisuelles. Les journalistes et humoristes ne manquent pas de fustiger « ce personnage détestable de fofolle » et ses chansons « bonnes pour un asile d‘aliénés« , Mais après tout pourquoi pas? Est-il déshonorant de distraire et de faire rire, avec ou sans gros nez rouge, quitte à en faire des tonnes? Faut il regretter comme l’académicien Paul Guth, inconditionnel d’Annie Cordy qu’elle n’ait pas été américaine et que le public français et belge qui adore coller des étiquettes l’ait cantonné à son personnage de boute-en-train.

Dans les années 80, l’interprète de Tata Yoyo et de cot cot coin coin fait des incursions de plus en plus fréquentes dans des téléfilms et souvent avec plus de talent que sa vieille collègue Line Renaud.
En 1989, elle s’essaie à nouveau au drame dans un film belge réalisé de façon trop conventionnelle « Impasse de la vignette » qui là aussi ne rencontrera pas son public malgré son portrait haut en couleurs de la vie d’une femme de mineur que l’on suit sur trois décennies.
Toujours très active, l’infatigable Annie poursuit sa carrière au cinéma (des rôles secondaires dans des comédies populaires plutôt douteuses comme Disco avec Frank Dubost) et sur les planches. Anoblie en 2004 par le roi des belges Albert II, la baronne Annie Cordy a pour devise « la passion fait la force ». Ceci explique peut être l’énergie incroyable qui l’habite encore et dont elle a fait preuve lors la quatrième tournée « âge tendre et tête de bois » (dont elle en fut d’ailleurs l’artiste la plus applaudie).







jeudi 1 octobre 2009

Nahed Sherif, la star la plus sexy du monde arabe





















La censure a toujours sévi sur le cinéma égyptien afin que le pouvoir puisse exercer un contrôle total sur l’industrie cinématographique dans le but d’éviter tout sujet pouvant susciter l’agitation ou déchaîner les esprits. A l’exception notable des scènes de cabaret (à condition qu’ils soient propres!), les ordonnances de 1947 qui ont longtemps fixé les lois de la censure en Égypte interdisaient les scènes de sexe et de nudité, pour protéger les mœurs. Pourtant, à la fin des années 60, on a constaté un bref fléchissement de ce strict contrôle avec l’apparition à l’écran de quelques vedettes hyper sexy comme la belle Nahed Shérif qui malgré son destin tragique et sa courte existence (elle est morte à 39 ans), a illuminé de sa présence une centaine de films.

Née en 1942 à Alexandrie, Nahed Shérif a été découverte par le réalisateur Hussein El Mohandess qui la lance au cinéma au tout début des années 60, dans Tempête d’amour (1961) dans lequel elle partage la vedette avec Nadia el Guindi , débutante elle aussi ,qui deviendra sa principale concurrente dans les années 70 . Si ces toutes premières apparitions laissent un peu sceptiques les critiques, ceux-ci vont très vite souligner les progrès réalisés par la jeune actrice, quant au public, il est immédiatement séduit par sa beauté et la finesse de ses traits.

En 1963, la comédienne tombe amoureuse de Kamel el Chenawi, jeune premier fort populaire dans les années 50 (il fut le partenaire de Naima Akef dans fleur de henné) qui va devenir son second mari. Tentant pour la première fois sa chance derrière la caméra, il impose sa bien-aimée dans le rôle principal. Le résultat (a bride for one day) est maladroit et Nahed exaspérante en mijaurée qui bégaye dès qu’elle fait une bêtise ou s’éprend d’un garçon. Elle est bien meilleure dans la fille du port (1963), qui met en scène l’affrontement de deux bandes rivales.

Les films que Nahed enchaîne à cette époque (c’est probablement une des actrices les plus prolifiques du moment) sont de qualité souvent médiocre, voire franchement très mauvaise comme un bon pan de la production égyptienne il faut bien le reconnaître. Notamment, l’aspect technique ne semble pas toujours très bien maîtrisé : un innocent à la potence (1971) sera ainsi comparé aux premiers balbutiements du cinéma sonore! La plupart relatent des situations abracadabrantes et dramatiques, ponctuées de sermons faciles, comme dans les années 40 (l’argent et l’amour de H el Imane). Nahed Sharif y incarne le plus souvent la fille amorale et aguicheuse, souvent punie à la fin pour ses forfaits : dans une femme et un homme, un mélo assez réussi sur l’adultère, elle est étranglée à la fin.

En 1970, on la retrouve dans Duel à Alamein, un bon polar avec Rushdy Abaza où elle apporte une touche sensuelle et juvénile dans une histoire de contrebande dans le désert de Lybie. Un critique ne manque pas de remarquer que son rôle est tout à fait semblable à celui des vedettes italiennes qui se contentent de se balader avec deux morceaux de chiffon pour cacher ce que la censure interdit de montrer. En écrivant ces quelques lignes, le journaliste se doutait-il que l’actrice allait bientôt se passer des « morceaux de chiffon ». En effet, alors que l’évolution des mœurs et la libération sexuelle en occident laissent de plus en plus la part belle à la nudité au cinéma et qu’en France des actrices comme Mireille Darc ou Marlène Jobert ne laissent
























rien ignorer de leurs charmes, Nahed Sharif accepte probablement les scènes les plus osées de toute l’histoire du cinéma égyptien dans « les loups ne mangent pas de viande « (ou Koweït connection)-1972, un thriller érotique assez maladroit et décousu qui s’inspire de bullit et french connection, et qui a vraiment les allures d’un OVNI dans l’univers du cinéma arabe. Nahed Sherif y figure totalement nue, et partage une curieuse scène de lit avec Ezzat El Ayalli (en slip kangourou) où les deux amants caressent de blanches colombes (l‘acteur regrettera publiquement des années plus tard d‘avoir participé à ces scènes licencieuses).

Il va sans dire que les scènes les plus gênantes seront souvent coupées et le film du cinéaste libanais carrément interdit dans plusieurs pays arabes : en effet la même année, une circulaire du Président de la république Anwar el Sadat donne ordre de purger de toutes scènes de sexe les films afin qu’ils puissent être vus aussi bien par des mineurs que par les adultes!

Très active, Nahed Sherif poursuit son activité dans de nombreuses comédies de mœurs assez lourdes, comme l‘amant d‘un autre avec Nadia Lotfi (1976). Elle est également la partenaire du très populaire Adel Imam, dans quelques bouffonneries. En France, ses films ne sont pas exportés hormis certains réservés à des salles parisiennes et marseillaises destinées au public d’origine maghrébine. Seule la belle bergère (1971) , film syrien d’Atef Salem, avec Nour el shérif semble avoir fait l’objet d’une sortie chez nous.
Parmi ses innombrables films, on notera question d’amour du vieux routier de la comédie musicale Henry Barakat (1975) avec Mahmoud Yassine et surtout un monstre fait homme (1981), adaptation de Thérèse Raquin de Zola où Nahed fournit une de ses meilleures (et hélas dernière prestation).

Si l’actrice la plus sexy et la plus belle du cinéma arabe des années 70 (je lui trouve une ressemblance avec Michèle Mercier) a été rapidement contrainte de se rhabiller à l’écran (surtout après le décret de 1976 qui va marquer une radicalisation de la censure : la nudité est dorénavant interdite, quand elle outrepasse les coutumes et l’habitude de la société, mais aussi les tenues moulantes, mettant « en relief avec obscénité les diverses parties du corps » de même que (mais c‘est un autre débat) l‘exposition de problèmes sociaux qui mèneraient au désespoir et échaufferait les esprits;. Autrement dit, la belle Nahed n’a pu briller dans toute sa sensualité que quelques années , néanmoins, aucune loi n’interdisant la danse du ventre, la belle a pu encore se livrer à quelques sensuelles ondulations au rythme de la musique orientale. Car, Nahed danse dans la plupart de ses films et souvent fort bien, même si le plus souvent elle est entourée de pro du genre comme Nagwa Fouad ou Nelly auxquelles on confie les grands numéros dansés.

En 1981, Nahed Shérif est emportée par un cancer du sein, vraisemblablement du aux injections de silicone auxquelles la star avait eu recours pour gonfler sa poitrine (à l’époque, les techniques n’étaient pas très au point et au lieu d’implanter des prothèses mammaires, les chirurgiens opéraient des injections directes dans la chair , particulièrement nocives pour la santé : la star mexicaine Elvira Quintana serait décédée pour les mêmes raisons)

Que serait devenue Nahed Shérif si la mort ne l’avait pas emportée en 1981 (à 39 ans seulement). Compte tenu des qualités de comédienne qu’elle a révélé à chaque fois qu’elle était bien dirigée , il est possible qu’elle ait pu briller dans des mélodrames sociaux comme sa collègue Mervat Amin. En tous les cas, elle laissera le souvenir d’une des plus jolies comédiennes d’Hollywood sur Nil.