mercredi 25 février 2009

Asmahane, princesse et espionne











Il ne faut pas obligatoirement avoir interprété de nombreux films pour devenir un véritable mythe et rentrer dans la légende. Ainsi, James Dean n’a tenu la vedette que dans 3 films. La très belle chanteuse syrienne Asmahane n’a quant à elle interprété que 2 films (sauf erreur de ma part, car il n’est pas toujours facile de lister les films égyptiens de cette époque) et n’a enregistré que 33 chansons : pourtant, 60 ans après sa mort, elle demeure une des plus grandes légendes du moyen orient. La beauté irréelle de son visage, l’étrangeté de sa voix et surtout son fabuleux parcours font d’elle une héroïne de roman. Plongeons donc quelques instants dans son incroyable destinée.
De son vrai nom, Amal El Atrash , la chanteuse syrienne Asmahan est une authentique princesse druze née en 1918. La Syrie qui faisait partie de l’empire ottoman depuis plusieurs siècles devient un mandat français en 1920.Peu après le décès de son père en 1924, la petite Amal et sa famille est contrainte de s’enfuir en Egypte suite au coup d’état raté contre les autorités françaises tenté par son oncle SultanSans le sou, sa mère est obligée de chanter dans les cabarets pour gagner sa vie et nourrir ses enfants. Il est certain que ce brusque passage d’une enfance dorée à des conditions plus précaires a probablement perturbé les enfants. Dans la bruyante atmosphère des cabarets, les enfants s’éveillent à la musique.
Alors que Farid devient un joueur de oud hors pair, Asmahane se fait remarquer par sa voix et son immense beauté. Un visage d’une grande finesse illuminée par des yeux émeraude. Mariée très jeune à un cousin, la jeune femme ne peut se satisfaire des joies de la vie de famille. Malgré la naissance d’une petite fille, elle quitte le foyer conjugal. Encouragée par ses professeurs de chant, elle commence à se produire dans divers cabarets d’Egypte, où elle fait sensation. Sa voix superbe et prenante enjôle. On la compare vite à Oum Kalsoum, la vedette n°1 de la chanson orientale. Elle possède en outre un je ne sais quoi d’occidental dans la façon de chanter ses mélopées qui leur donne beaucoup d’originalité et de modernité. Farid, qui lui aussi se révèle un chanteur de talent, se charge également de lui bâtir un répertoire de qualité. Les rumeurs iront bon train concernant la façon de vivre de la jeune chanteuse, extrêmement libre (on lui prête des liaisons avec le tuteur du roi Farouk, voire avec le roi Farouk lui-même et bien d’autres personnalités). On prétend qu’elle est alcoolique, dépravée. Il est certain que sa façon de vivre détonnait fortement avec celle de la plupart des femmes du moyen orient de cette époque et qu’on ne lui pardonnait pas son attitude de femme indépendante.
En 1941, Asmahane paraît pour la première fois à l’écran aux cotés de son frère. Victoire de la jeunesse est un film rudimentaire, mais un must pour les amateurs de musique oriental. Telle une Greta Garbo orientale, Asmahane se révèle fascinante à l’écran. Son regard magnifique semble scintiller sur l’image en noir et blanc, sa façon de se déplacer avec langueur, de tirer calmement sur une cigarette lui confère un rare charisme. Sa présence est étourdissante. Il est probable également que les cinéastes égyptiens avaient déjà tirés beaucoup de leçon du star system et de la manière dont Garbo et Dietrich étaient mises en valeur dans les films hollywoodiens.Asmahane chante aussi divinement les compositions de son frère.Pendant la seconde guerre mondiale, il semble que la jeune chanteuse, qui fréquentait beaucoup de hauts personnages, et avait conservé pas mal de connaissances en Syrie se soit lancée dans l’espionnage au profit des gouvernements britanniques et français. Sur une photo de 1941, on la voit d’ailleurs arborer une broche représentant la croix de Lorraine, symbole de la France libre.
En oeuvrant ainsi avec les alliés, contre l’équivalent du gouvernement de Vichy en Syrie, la star de cinéma pensait sans doute pouvoir ainsi participer à l’indépendance de son pays natal (ou aussi renflouer son compte en banque, car elle était très dépensiaire).Bien évidemment rien n’est clair sur les activités d’espionnage de la chanteuse. Si on en croit la biographie romancée de Marie Seurat, elle n’espionnait pas seulement pour les britanniques, mais aussi pour l’Egypte et la Turquie…et ne faisait pas preuve de beaucoup de discrétion dans ses manigances.
En 1944, Asmahane est la vedette d’un mélo aux cotés de Youssef Wahbi « Amour et vengeance » (ressorti en DVD, très bien restauré). Il s’agit d’un assez bon mélodrame nous racontant les déboires d’un homme devenu fou suite à la disparition de sa bien aimée. Très bien mise en valeur, Asmahane resplendit dans les scènes de chant et se révèle plus fascinante que jamais. Hélas, ce sera son dernier film, et elle ne le verra jamais à l’écran. Victime d’un accident de voiture, elle périt noyée dans le Nil. Les producteurs seront dés lors obligés de changer la fin du film (en faisant mourir l’héroïne d’un accident de la route) pour pouvoir le terminer.Comme on peut l’imaginer, les hypothèses les plus diverses, voire les plus fantaisistes et un mystère entier entourent les circonstances exactes de son décès. Parmi les plus rumeurs les plus saugrenues, on murmura qu’une de ses rivales chanteuses, peut être Oum Kalsoum l’aurait fait supprimer parce qu’elle lui faisait de l’ombre). Plus vraisemblablement, les activités opaques d’Asmahane dans l’espionnage ont fort probablement mis sa vie en péril. Un chauffeur à la solde d’on ne sait qui a précipité la voiture de la vedette dans le fleuve, juste avant de s’extraire du véhicule. Evidemment, on ne saura jamais la vérité, ce qui nimbe d’un halo de mystère la fin tragique de la diva. Son frère Farid (qui sera souvent comparé à Tino Rossi), à la présence nettement moins magnétique à mon goût, continuera une carrière extrêmement prestigieuse au cinéma et sur scène, jusqu’à son décès en 1975. Bien évidemment, la vie d’Asmahane a inspiré plusieurs romanciers dans plusieurs pays, ainsi que des téléfilms. En tous les cas, la magie opère toujours dans le peu de documents filmés qui subsistent de l’artiste syrienne.

4 commentaires:

  1. On ne peut pas vraiment savoir ce qui s'est passé a cette prestigieuse chanteuse mais certe elle a assumé ses choix.

    RépondreSupprimer
  2. Mon grand père Sami mqadmi pasha connaissait assmahan et l a laissé des lettres qui prouvent qu'Assmahane a été tué pour des raisons plutot personnelles que politiques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis un passionné de tout ce qui touche à la vie d’Asmahan. Pouvez-vous m’envoyer une ou plusieurs des lettres que vous mentionnez ? Ce qui m’intéresse est de savoir si elle est morte d’un réel accident ou bien assassinée.




      Abdelkader SELLAL,
      scientist, geodesist and translator,
      106, rue Parnet, Hussein-Dey, Alger, Algeria.
      Tel : 00 213 (0) 21 77 94 04
      Mobile: 00 213 (0) 5 60 42 50 22
      E mail: abdsellal@yahoo.com and iagsellal@yahoo.com

      http://www.linkedin.com/profile/view?id=75543915&trk=tab_pro
      dz.linkedin.com/pub/abdelkader-sellal/21/371/663/
      http://www.translatorscafe.com/cafe/member140506.htm
      http://www.proz.com/translator/1376060
      http://www.translationdirectory.com/translators/french_english/abdelkader_sellal.php
      http://www.translationdirectory.com/translators/english_french/abdelkader_sellal.php
      http://www.translationdirectory.com/translators/german_french/abdelkader_sellal.php
      http://www.translationdirectory.com/translators/german_english/abdelkader_sellal.php

      Supprimer
  3. voir le livre qui vient de sortir du chercheur mr elfarri

    RépondreSupprimer