samedi 26 décembre 2009

Violetta Villas : le destin contrarié de la vamp polanaise aux 4 octaves 1/2





Plus kitsch que le kitsch, plus camp que le camp, la chanteuse polonaise Violetta Villas est un personnage digne d’une bande dessinée, trop extravagant pour être vrai. Avec sa moue renfrognée, son abondante chevelure, sa poitrine hypertrophiée, ses robes à paillette, cette improbable créature dont la voix couvrait 4,7 octaves (du D3 au E7 pour les connaisseurs) , à mi chemin entre Yma Sumac et Mamie van Doren semblait tout droit sortir d’un délire de Russ Meyer. Elle était même en bonne voie pour devenir une star de cinéma internationale quand les autorités polonaises l’ont empêchée de quitter son pays, réduisant en cendres un rêve hollywoodien à deux doigts de se concrétiser. Flash-back sur une vamp au destin contrarié.

Née en 1938 en Belgique, Violette Villas commence à étudier le chant lyrique, avant de se lancer dans la chanson et d’obtenir en 1961 le premier prix du festival de Sopot.
Elle enregistre une série d’albums avec un répertoire essentiellement composé d’airs typiques très semblable à celui de Caterina Valente, chanteuse polyglotte réputée elle aussi pour l’ étendue de son registre vocal. Violetta parvenait à la battre de plusieurs notes. Si aujourd’hui certaines chanteuses font de leur amplitude vocale leur image de marque , quitte à en rajouter un peu (il est techniquement impossible de chanter sur 7 ou 8 octaves!), Violetta parvenait sans trucage à d’étonnantes prouesses vocales même si peu e ses chansons lui permettent de démontrer ses possibilités. Lors de son passage en France en 1965, la presse locale (et notamment l’Humanité) salua sa voix « vraiment incroyable dont on ne soupçonne ni l’ampleur ni la force ».
De passage en France, l’artiste est remarquée par Bruno Coquatrix le patron de l’Olympia , qui lui propose de chanter dans son music hall. Le plus grand organisateur de show à Las Vegas lui signe un contrat pour chanter dans la revue Plaisirs aux cotés de Line Renaud. En quelques jours, elle éclipse la vedette française contrainte de quitter le spectacle. Bob Hope et Glenn Ford viennent applaudir le nouveau phénomène qui reprend my heart belongs to daddy popularisé par mary martin et Marilyn en le ponctuant de soupirs à la Jayne Mansfield, et des airs typiques comme Ave maria no morro ou Granada, morceaux plus propices pour des envolées lyriques. Les affiches la présentent comme une star plus pétillante que du champagne française, la presse américaine comme la voix de l’ère atomique! A Hollywood, Violetta tourne un bout d’essai pour la MGM.
Mais c’est la firme Paramount qui entend signer le nouveau phénomène. Elle lui propose un contrat avec 3 projets de films bien tentant : Paint your wagon, un musical avec Lee Marvin et Clint Eastwood, le western « au paradis, à coups de révolver » avec Glenn Ford, ainsi qu’une comédie avec Bob Hope. Parallèlement, la télévision lui propose une série de shows avec Tom Jones.
Malheureusement le sort va contrecarrer les plans de star. Contrainte de retourner en Pologne, au chevet de sa mère mourante, Violetta Villas se retrouve prise au piège. Les autorités du régime communiste , qui n’ont guère apprécié sa parenthèse américaine et le show très américain qu‘elle vient de donner pour la télé locale (la star, outrageusement décolletée, y minaude parmi des boys torse nus) de même que l’image futile et kitsch de l’artiste en complète opposition avec l’idéologie dominante et les réalités contemporaines, confisquent son passeport, et elle se voit obligée de rester en Pologne, pour un peu plus de dix ans. Il semble qu’on aurait proposé à la vedette de retourner à l’étranger, mais pour y mener des missions d’espionnage qu’elle aurait refusées.
Violetta va etneter contre vents et marées de poursuivre sa carrière, même si la star de Las Vegas a bien du mal à faire vivre son personnage dans un univers hostile, bien éloigné des paillettes d'Hollywood. On la retrouve dans une comédie « le pic vert » en 1970, qui exploite un thème proche de 7 ans de réflexion (on peut consommer le film en tranche sur youtube) où elle délivre une version toute personnelle du classique russe "les yeux noirs" avec petits cris à la Mansfield et rugissements de tigresse.
Sny i marînide (1983), mêlant rêve et réalité, exploite bien la veine comique de ce personnage hors norme et comporte des passages fort drôles (notamment quand la star court dans les bois). Dans cette comédie musicale, la star entonne notamment strangers in the night.
Après l’effondrement du régime communiste, la star va connaître un regain d’activité dans les années 90 et reprendre des tournées aux USA. Celle que l’on surnomme « la reine du kitsch » continue sa carrière avec des hauts et des bas, toujours vêtue de façon extravagante, même si les robes de bal et perruques démesurées ne sont plus du tout adaptées à son âge. Le moins qu'on puisse dire, est que ce n'est pas réussi ni de bon goût, mais c'est une frontière que la chanteuse semble avoir franchi depuis longtemps. Les déboires sentimentaux et les aléas de sa carrière ainsi que les attaques d'une certaine presse ont profondément blessé Violetta Villas. Très dépressive et ruinée, la star a fini par préférer la compagnie des animaux aux être humains comme sa collègue Brigitte Bardot. Néanmoins, sa tentative de fonder un refuge pour ceux qu’elle appelle ses petits frères a fini par tourner au désastre. Dépassée par les proportions de son projet, et incapable de le financer, la star a été poursuivie par des commissions d’hygiène et de sécurité qui ont constaté l’insalubrité de son refuge animalier et le sort dramatique des chiens et chats qui s’y trouvaient (sans nourriture, les animaux avaient fini par se manger entre eux!). Bouleversée par la fermeture du refuge, Violetta, qui souffrait elle-même de malnutrition a été admise à l’hôpital psychiatrique en 2006. Ces épisodes mélodramatiques, ainsi que les conflits l’opposant à son fils ont bien évidemment été copieusement rapportés par la presse polonaise. Le mois dernier, Violetta a sorti une compil de ses plus grands succès avec de nouveaux arrangements, ce qui lui a valu de reparaître à la télévision : souhaitons que le sort sourit enfin à cette artiste hors norme à tous points de vue! Violetta Villas nous a quitté en 2011.

8 commentaires:

  1. Mais où va-t-il donc les dénicher ? Merci Music Man pour ce portrait d'un phénomène, comme tu dis, dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant.

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  2. I love her music, she was talented and nobody wanted to work with her because she had that artistic personality that's hard to get with. She recorded some songs in French.

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  3. Merci beaucoup pour le lien!
    J'aime bien sa version de Non, c'est rien qui fut créé par Jacqueline Danno et a connu un succès mondial par Barbra Streisand.

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  4. Wspaniała i zniszczona przez Polskę międzynarodowa Diva, a szkoda... :( Pokój jej duszy...

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